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16 août 2015 7 16 /08 /août /2015 10:14

Document établi par Bernard MARTIAL, professeur de lettres-philosophie  en CPGE

(les n°s entre parenthèses renvoient aux numéros de page dans l’édition GF n° 1556)

2e partie (chapitre 45 à 88)

 

XLV. (45) Un revenant à revenu

Pendant les parties de whist chez Mme Marneffe, le valet de chambre annonce l’arrivée d’Henri Montès de Montejanos. Valérie affolée (elle le croyait mort dans un naufrage), veut le faire passer pour un cousin. Description du Brésilien (269) : …  « Le front, busqué comme celui d’un satyre, signe d’entêtement dans la passion ». Cette entrée en scène détermine deux mouvements d’angoisse identiques chez Crevel et le baron comprend pour Crevel : « Ce fut chez tous deux la même expression, le même pressentiment. Aussi la manœuvre inspirée à ces deux passions réelles devint-elle si comique, par la simultanéité de cette gymnastique, qu’elle fit sourire les gens d’assez d’esprit pour y voir une révélation. » Ils veulent avoir une explication avec Valérie. Pendant ce temps, ils perdent aux cartes (270). Valérie est « délicieusement mise » ce soir-là. Le Brésilien lui déclare qu’il lui revient fidèle et deux fois plus riche et destiné à vivre auprès d’elle. Elle insiste à le faire passer pour son cousin (271) à cause de Marneffe : « Marneffe a pris, comme les mourants qui chaussent tous un dernier désir, une passion pour moi ». Il s’étonne de son luxe.

« Elle venait de recevoir deux regards enflammés de jalousie qui l’avaient atteinte au point de l’obliger à regarder les deux âmes en peine. Crevel, qui jouait contre le baron et M. Coquet, avait pour partner M. Marneffe. La partie fut égale à cause des distractions respectives de Crevel et du baron, qui accumulèrent fautes sur fautes. Ces deux vieillards amoureux avouèrent, en un moment, la passion que Valérie avait réussi à leur faire cacher depuis trois ans ; mais elle n’avait pas su non plus éteindre dans ses yeux le bonheur de revoir l’homme qui, le premier, lui avait fait battre le cœur, l’objet de son premier amour. Les droits de ces heureux mortels vivent autant que la femme sur laquelle ils les ont pris.

Entre ces trois passions absolues, l’une appuyée sur l’insolence de l’argent, l’autre sur le droit de possession, la dernière sur la jeunesse, la force, la fortune et la primauté, Mme Marneffe resta calme et l’esprit libre ». (272)

Le Brésilien se pencha vers Mme Marneffe pour causer à voix basse.

XLVI. (46) A quel âge les hommes à bonnes fortunes deviennent jaloux

La jalousie de Hulot qu’il n’avait pas connue avec Josépha : « Les philtres et les vertiges que verse à torrents ce sentiment fou venaient de couler dans son cœur en un instant. ». Sentiments de crainte et de curiosité des habitués du salon. Marneffe craint Hulot autant que Crevel craint Marneffe (273). Marneffe se lève et va dire un mot à sa femme. Valérie passe dans sa chambre à coucher avec le Brésilien et son mari. Crevel et le baron sont curieux de ce cousin. Le baron abandonne le jeu et va s’asseoir. Départ de la plupart des invités (les Coquet, Claude Vignon). Crevel va écouter à la porte de la chambre quand celle-ci s’ouvre d’un seul coup. Le baron veut savoir où est Valérie : elle est montée chez Lisbeth, dit le mari. Lisbeth est soi-disant victime d’une indigestion et Mathurine a demandé du thé. Le cousin… est parti (274). Le baron, soupçonnant des connivences, monte chez Lisbeth. Crevel, lui, reste jouer au piquet avec Marneffe. Le baron trouve la porte fermée. Les deux femmes jouent la comédie de l’indigestion (275). Lisbeth accuse le baron d’être responsable de son état : elle s’occupe des intérêts de Valérie pour que ça lui coûte moins cher mais elle aime aussi Adeline. Or celle-ci n’a pas vu son mari depuis un mois et il la laisse sans argent. Elle parle du dîner payé par le maréchal et le projet de la baronne de travailler. Tout cela l’a rendue malade (276). « Vous voyez, Valérie, dit le baron, jusqu’où me mène mon adoration pour vous !… à commettre des crimes domestiques » dit le baron qui reconnaît qu’il n’a pas donné d’argent à sa femme depuis plus de neuf mois. Valérie est la seule femme qui le rend jaloux. Il a aussi compris que Crevel l’aimait : « C’est que Crevel, ce cube de chair et de bêtise, vous aime, et que vous accueillez ses galanteries assez bien (277) pour que ce niais ait laissé voir sa passion à tout le monde ». Valérie lui pose un ultimatum : « Que M. Crevel m’aime, il est dans son droit d’homme ; que je sois favorable à sa passion, ce serait le fait d’une coquette ou d’une femme à qui vous laisseriez beaucoup de choses à désirer… Eh bien aimez-moi avec mes défauts, ou laissez-moi. » Le baron souffre, il veut qu’elle s’explique. Elle lui demande d’aller l’attendre en bas. Bette reproche au baron de ne pas demander des nouvelles de ses enfants. Les deux femmes lui font la morale. Le Brésilien, caché dans le cabinet de toilette, a tout entendu (278).

 

XLVII. (47) Une première scène de haute comédie féminine

Mme Marneffe joue la comédie des larmes en disant que Montès ne l’aime plus. Le Brésilien lui demande pourquoi elle ne quitte pas tout pour lui. Elle répond qu’elle est mariée et que son mari, simple sous-chef au ministère de la guerre, veut être le chef de bureau. Il lui impose donc Hulot, un vieux odieux de 63 ans (279). Il aura 1.000 écus de plus. Le Brésilien est prêt à tout payer ; ils quitteront ensuite Paris. Mais Valérie ne veut pas quitter Paris. D’après elle, son mari est malade et n’a pas cinq ans à vivre. Il est le seul homme dont elle veut être la femme : « c’est toi que je veux pour mari, toi seul que j’aime, de qui je veuille porter le nom. Et je suis prête à te donner tous les gages d’amour que tu voudras ». (280). Le Brésilien est « vaincu par le bavardage effréné de la passion. » Elle lui demande de jurer de la prendre pour femme au bout de son année de veuvage. Il en fait le serment. En attendant, il doit rester dans la petite pièce et partir le lendemain. Sur le palier, Valérie parle à Lisbeth : cet homme revient trop tôt (281). La vengeance n’est pas encore accomplie.

 

XLVIII. (48) Scène digne des loges

Hulot descend jusqu’à la loge pour interroger Mme Olivier. Il veut savoir si elle connaît l’homme qui est venu ce soir. Elle a bien reconnu Montès qui lui donnait la pièce quand il venait rue du Doyenné (282). Mais, restée fidèle à Mme Marneffe, elle feint d’apprendre que c’est le cousin de Valérie. Il va descendre, dit le baron, mais Mme Olivier qui a tout compris, assure qu’il est déjà parti. Le baron l’interroge ensuite sur Crevel. Mme Olivier l’assure que Mme Marneffe n’aime que le baron et qu’elle a une vie transparente (283). Elle n’a aucun secret pour elle et pour Reine, sa femme de chambre. Le baron, rassuré, remonte chez Valérie. Crevel et Marneffe ont commencé un second piquet et Crevel, préoccupé, s’est fait plumer de 30 F. Le baron s’étonne de ne plus voir personne. Marneffe rappelle que sa femme et le cousin ont des choses à se dire après une séparation de trois ans. L’indisposition de Lisbeth a mis tout en déroute (284). Le baron confirme l’indigestion de Lisbeth. Crevel l’accuse de cynisme. Rage de Marneffe (47 ans) (285) et agressivité de Crevel à son égard Mais au moins, Marneffe prend bien les plaisanteries.

 

XLIX. (49) Deuxième scène de haute comédie féminine

Mme Marneffe entre et voit son mari avec Crevel et le baron. Elle demande à son mari d’aller se coucher (286). Il veut finir sa partie de piquet. Puis elle demande au baron d’aller marcher rue Vanneau. Il finit par sortir (287). Marneffe sort à son tour. Crevel, resté seul avec Valérie, lui parle du Brésilien. Valérie lui avoue que ce n’est pas son cousin mais qu’il n’a pas à s’en mêler. Elle lui rappelle qu’il n’est avec elle que pour se venger de Hulot (288). Elle ne veut pas que Crevel fasse scandale. Il est encore question d’argent. Et le maire explique que s’il a commencé cette relation par calcul, il a fini par l’aimer autant que sa fille (289). Crevel veut renvoyer Hulot et le Brésilien et lui donner encore plus d’argent. L’argent ! ils n’ont que ce mot à la bouche, s’insurge Valérie. Elle réaffirme que Henri et Hulot l’aiment. Marneffe fait une apparition pour voir où ils en sont (290). Elle lui dit de s’en aller. Elle veut que Crevel dise à Hulot qu’il est le seul aimé et qu’il l’emmène rue du Dauphin. Il pourra ainsi se venger complètement de lui. Hulot en mourra peut-être mais il sauvera sa famille. Elle lui demande de le retenir. Crevel sort au comble du bonheur (291). Valérie appelle Mme Olivier et lui demande de mettre les verrous à la grande porte. Mme Olivier raconte la tentative de corruption du baron. Valérie la félicite puis va frapper trois petits coups à la porte de Lisbeth avant de revenir donner ses ordres à Reine « car jamais une femme ne manque l’occasion d’un Montès arrivant du Brésil. »

 

L. (50) Crevel se venge

Crevel compare la classe de Valérie à Josépha (« de la gnognote ! ») (292). Rue de Babylone, il aperçoit Hulot sous la pluie et il lui conseille de rentrer car il ne verra pas les lumières à la croisée. C’est sa Valérie qui lui a dit. C’est de bonne guerre, dit Crevel mais ils peuvent rester amis. Le baron le prend très mal. C’est pour lui une question de vie ou de mort. Crevel lui dit de relativiser (293). Le baron est abattu. Il veut utiliser la clé mais la porte est fermée. Le baron, perdu, se perd en conjectures. En passant sur le pont Royal, il pense à se jeter à l’eau (294).

 

LI. (51) La petite maison du sieur Crevel

Arrivé rue du Dauphin, Crevel s’arrête devant une porte bâtarde qui s’ouvre sur un long corridor : présentation de la maison de Crevel, un petit appartement discret pour rendez-vous galants (295) où une femme peut entrer discrètement. Le baron est étonné du luxe de cet endroit. Crevel lui propose de passer la nuit ici. Le baron veut des preuves : Crevel montre une robe de chambre appartenant à Valérie (296), une lettre, des bonnets et pantoufles, une liasse de mémoires. Crevel a payé les entrepreneurs en décembre 1838 et il a étrenné cette maison dès octobre 1838. Le baron se demande comment elle faisait, il connaissait son emploi du temps heure par heure : elle  venait se promener aux Tuileries de 1h à 4h. Hulot ne doute plus. Crevel a pitié de lui et il lui propose de jouer la troisième manche de ce match nul (297).

 

LII. (52) Deux confrères de la grande confrérie des confrères

Le baron est en plein désarroi. Il a pourtant, lui dit Crevel, la plus belle femme du monde. Le baron répond qu’il mérite son sort en comparant les qualités de sa femme et les défauts de Valérie

 — Comment se faire aimer ?… se demandait Hulot sans écouter Crevel.

— C’est une bêtise, à nous autres, de vouloir être aimés, mon cher, dit Crevel ; nous ne pouvons être que supportés, car Mme Marneffe est cent fois plus rouée que Josépha… (298) 

Les deux hommes méditent sur ce que Valérie leur coûte. S’ils s’étaient entendus, elle leur aurait coûté moins cher mais elle les tromperait toujours. Le baron veut savoir si c’est elle qui a parlé de la lumière à la fenêtre. Oui… elle a son Brésilien. Les deux hommes se déchaînent contre elle : elle qui joue les prudes, c’est la pire des rouées. Crevel conseille à Hulot de retourner à sa femme. Il connaît ses soucis. Lui-même se dit guéri des femmes (299). Ils sont vieux et le Brésilien est jeune et beau. Mais comment renoncer au plaisir des femmes : c’est la seule chose agréable de la vie (300). « Le mensonge vaut souvent mieux que la vérité [… ] Valérie est une fée, cria le baron, elle vous métamorphose un vieillard en jeune homme ». Les deux hommes se couchent, les meilleurs amis du monde. Ils s’endorment en se rappelant de bons souvenirs. Le lendemain, à 9h, le baron va au ministère ; Crevel a affaire à la campagne (301). C’est bien fini !

 

LIII. (53) Deux vrais enragés buveurs

A 10h30, Crevel revient chez Mme Marneffe. Elle déjeune avec le Brésilien et Lisbeth. Il lui demande une audience privée et lui propose de l’épouser, il est plus riche que le Brésilien. Valérie promet de venir rue du Dauphin à 2h. En revenant dans la salle à manger, Valérie aperçoit le baron qui demande audience à son tour. Valérie dit la vérité au baron sur le Brésilien (302). Elle veut que Crevel et lui soient ses amis. Hulot la menace : son mari ne sera pas chef de bureau. Elle lui donne rendez-vous chez Lisbeth. Hulot et Crevel repartent ensemble.

Valérie explique à Lisbeth qu’elle s’est enfin débarrassée d’eux. Henri s’en veut de ne pas lui avoir donné d’argent (303). Il s’en va à son tour, le plus heureux de tout Paris. Vers midi, Valérie et Lisbeth se retrouvent dans la chambre à coucher. Valérie lui raconte les événements. Valérie se demande ce qu’elle doit faire. Le Brésilien est jeune, elle peut attendre de l’épouser. Valérie a peur qu’il ne puisse rien faire en tant qu’étranger. Aujourd’hui, les choses changent (304). Maintenant, Valérie veut voir Wenceslas : « Wenceslas et Henri, voilà mes deux seules passions. L’un, c’est l’amour ; l’autre, c’est la fantaisie. » Lisbeth fait des compliments à Valérie qui lui conseille d’arranger son châle.

 

LIV. (54) Autre vue d’un ménage légitime

Lisbeth va chez Hortense rue Saint-Dominique. Description de l’appartement d’Hortense et Wenceslas (305). Hortense qui vient d’habiller le petit Wenceslas, vient ouvrir à Lisbeth. Wenceslas cause avec Stidmann et Chanor dans le salon. Lisbeth veut parler avec Hortense seule à seule. Hortense est très pâle. La presse critique Wenceslas : le marbre du maréchal est considéré comme mauvais. Stidmann a confirmé que Wenceslas devrait abandonner la grande sculpture (306). Lisbeth fait semblant de la consoler mais l’enfonce un peu plus : ce n’est pas avec des idées qu’on paie ses fournisseurs. S’il se replie sur l’ornement, il devra renoncer à l’Institut, aux grandes créations de l’art, et ils n’auront plus les 300.000 F de travaux que Versailles, la ville de Paris, le ministère, leur tenaient en réserve.

« — Et ce n’est pas là ce que tu rêvais, pauvre petite chatte ! dit Bette en baisant Hortense au front ; tu voulais un gentilhomme dominant l’art, à la tête des sculpteurs… Mais c’est de la poésie, vois-tu… Ce rêve exige cinquante mille francs de rente, et vous n’en avez que deux mille quatre cents, tant que je vivrai ; trois mille après ma mort.

Quelques larmes vinrent dans les yeux d’Hortense, et Bette les lapa du regard comme une chatte boit du lait. » (307)

 

LV. (55) Ce qui fait les grands artistes

Histoire succincte de cette lune de miel. Ce qui doit mériter la gloire dans l’art, c’est le courage. Wenceslas est passé de la conception à l’exécution sans mesurer les abîmes qui séparent les deux hémisphères de l’art. Concevoir une belle œuvre est une occupation délicieuse. Cette faculté, tous les artistes la possèdent mais produire est autre chose (308). Il ne faut pas se rebuter à l’exécution des travaux. Le travail est une lutte lassante que le redoutent les organisations qui s’y  brisent. Si l’artiste se précipite dans son œuvre sans réfléchir (309), elle restera inachevée et périra au fond de l’atelier. La nature paresseuse et nonchalante de Wenceslas : son vrai caractère que seule la nature despotique de Lisbeth avait su bousculer.

 

LVI. (56) Effet de la lune de miel dans les arts

« L’artiste pendant les premiers mois aima sa femme. Hortense et Wenceslas se livrèrent aux adorables enfantillages de la passion légitime, heureuse, insensée. » Hortense, jalouse de la sculpture, est la première à le dispenser de travailler. En 6 ou 7 mois, il désapprend à travailler. Le prince de Wissembourg veut voir la statue (310). Il promet de s’y mettre. En fait de statue, il fait un enfant à Hortense et se trouve toujours des excuses pour ne pas travailler. Le prince de Wissembourg doit se fâcher. Pendant la première année de leur mariage, le ménage jouit d’une certaine aisance. Hortense, folle de son mari, maudit le ministère de la guerre. Elle dit à son mari de prendre son temps. Elle vient à l’atelier et Wenceslas perd du temps avec elle (311) au lieu de travailler. Il met 18 mois à terminer son œuvre. Hortense, le baron, la baronne et même le ministre crient au chef d’œuvre mais bientôt l’avis change. Stidmann essaie d’éclaire son ami : on crie à la jalousie. Puis, on concède qu’il peut y avoir une différence entre le plâtre et la statue à l’avantage de la seconde. « En deux ans et demi, Steinbock fit une statue et un enfant. L’enfant était sublime de beauté, la statue fut détestable. » La pendule et la statue payent les dettes du jeune ménage. Steinbock a l’habitude d’aller dans le monde. Il parle bien mais ne travaille pas (312). L’inspiration s’enfuit à l’aspect de cet enfant malade.

 

LVII. (57) De la sculpture

Considérations sur la sculpture (313). Le travail constant est la loi de l’art (314). Lisbeth a aidé Wenceslas à aborder les chemins de la gloire mais le bonheur d’Hortense l’a rendu à sa paresse. Ces rêveurs paraissent souvent supérieurs aux véritables artistes mais les grands hommes appartiennent à leur œuvre. Hortense s’en aperçoit trop tard (315)  mais elle aime trop Wenceslas pour se faire son bourreau.

 

LVIII. (58) Où l’on voit la puissance de ce grand dissolvant social, la misère

Lisbeth dit à Hortense de ne pas désespérer et lui demande ce dont elle a besoin : 5 à 6.000 F. Lisbeth n’en a que 3.000. Il fait un dessert pour le duc d’Hérouville pour 6.000 F et doit rembourser une dette d’honneur à Léon de Lora et Bridau (316). Le monument du maréchal n’a donné que 16.000 F et ils dépensent 12.000 F par an. Elle voudrait pouvoir sculpter elle-même pour l’aider. Il faut épouser un artiste quand il a fait fortune ! dit ironiquement Lisbeth. On entend Stidmann et Wenceslas qui reconduisent Chanor. L’artiste vient avec Stidmann. Valérie voudrait bien avoir chez elle cet homme qui vient de rompre avec Mme Schontz. C’est la première fois que Lisbeth le voit et elle surprend les regards d’Hortense sur lui. Lui-même n’est pas insensible à Hortense même si elle feint l’indifférence (317). Stidmann s’en va. Hortense parle des diamants. Wenceslas promet, la larme à l’œil, de travailler. Lisbeth promet de leur laisser un joli magot s’ils l’aident à épouser le maréchal. Elle les prendra en pension chez elle. Puis, elle leur conseille de ne pas recourir au mont-de-piété et prie Wenceslas de venir chez Mme Marneffe qui pourra les aider (318). Cette perspective fait horreur à Hortense. « Il faut considérer les gens dans le monde comme des ustensiles dont on se sert, qu’on prend, qu’on laisse selon leur utilité. Servez-vous, mes chers enfants, de Mme Marneffe, et quittez-la plus tard. As-tu peur que Wenceslas, qui t’adore, se prenne de passion pour une femme de quatre ou cinq ans plus âgée que toi, fanée comme une botte de luzerne, et… » Mais Hortense ne veut pas que son mari aille en enfer (319), chez cette femme qui a ruiné son père. Pour Lisbeth, c’est Josépha et non Valérie qui a ruiné le baron. Hortense va au jardin voir son fils. Resté seul avec Lisbeth, Wenceslas explique que leur situation est grave. Qu’il emprunte donc à Mme Marneffe sans laisser son âme en gage (320). « Ecoutez, Wenceslas, je vous aime trop tous les deux pour ne pas vous prévenir du danger. Si vous venez-là, tenez votre cœur à deux mains, car cette femme est un démon ; tous ceux qui la voient l’adorent ; elle est si vicieuse, si affriolante !… Elle fascine comme un chef-d’œuvre. Empruntez-lui son argent, et ne laissez pas votre âme en gage. Je ne me consolerais pas si ma cousine devait être trahie… La voici ! s’écria Lisbeth ; ne disons plus rien, j’arrangerai votre affaire. » Wenceslas promet de travailler : il a beaucoup d’idées. Il convient avec Lisbeth de venir le lendemain.

 

LIX. (59) Considérations sur les mouches

Valérie, instruite le soir même de ce triomphe, exige du baron Hulot qu’il invite à dîner Stidmann, Claude Vignon et Steinbock. Le lendemain, Valérie se prépare à mettre tous ses avantages en avant (321). Les trois mouches, les cheveux cendrés (322). Lisbeth est allée à la Halle et Mathurine a préparé un dîner fin.

 

LX. (60) Une belle entrée

Stidmann, Claude Vignon et le comte Steinbock arrivent vers 6h. Valérie, pourtant prête depuis 5h, attend dans sa chambre et se fait désirer. Les différents objets qui révèlent la femme et « que commande aux fabricants la passion dans son premier délire ou pour son dernier raccommodement. » (323). L’ivresse du succès de Valérie. Elle a promis à Crevel de l’épouser à la mort de son mari et Crevel lui a transféré 10.000 F de rente. Elle possède 32.000 F et  « dans le paroxysme de passion où sa duchesse l’avait plongé de deux heures à quatre (il donnait ce surnom à Mme de Marneffe pour compléter ses illusions) » il lui a promis un hôtel rue Barbette. Valérie se réjouit de la situation auprès de Lisbeth et fait son entrée dans le salon. Claude Vignon la salue et Lisbeth lui présente Wenceslas (324). Valérie feint l’indifférence et remercie Stidmann de sa présence. Puis on annonce Crevel, le baron Hulot, et un député nommé Beauvisage (du même parti que Giraud et Victorin qui se fait un point d’honneur de ne pas venir chez Valérie). Beauvisage a pris Crevel pour mentor (325). Au milieu de cette cour, Valérie paraît à Wenceslas comme une femme supérieure. Compliment appuyé de Vignon : « être aimé d’elle, c’est un triomphe qui peut suffire à l’orgueil d’un homme et en remplir la vie ». Valérie, en apparence froide et insouciante pour son ancien voisin, en attaque la vanité.

 

LXI. (61) Des Polonais en général et de Steinbock en particulier

Considérations sur le caractère des Polonais : un côté enfant chez les Slaves et les peuples nouvellement civilisés. Enfantillage des Polonais, courage, esprit, force mais inconsistance (326), goût des magnificences, sublime de la douleur. Ce que la Pologne aurait dû faire pour triompher.

Wenceslas se fait un point d’honneur à être remarqué par Mme Marneffe (327). Il compare à Valérie à Hortense : il trouve plus d’esprit et de piquant à la première. Le dévouement absolu d’Hortense lui semble un dû. Le dédain et le mépris de Valérie excitent sa curiosité. Beaucoup d’hommes veulent avoir une femme et une maîtresse (infériorité de ne pas savoir faire de la première la seconde). Lisbeth demande à Wenceslas comment il trouve Valérie : « Trop charmante ! ». S’il avait voulu rester avec elle, dit Lisbeth, il aurait pu être son amant puis l’épouser et avoir 40.000 livres de rente (328). Lisbeth a éperonné la vanité de Wenceslas qui va se jeter dans le précipice.

 

LXII. (62) Commentaires sur l’histoire de Dalila

Hulot est content de voir son gendre et satisfait de s’être réconcilié avec Valérie. Amabilité du baron et de Stidmann. Mots d’esprits de Steinbock. Valérie lui sourit. Wenceslas s’enfonce dans le bourbier du plaisir. Il s’étend sur le divan et Mme Marneffe vient s’asseoir à côté de lui (329). Il reviendra pour causer affaire. Il pense qu’il aurait du écouter Lisbeth quand Lisbeth lui disait que Valérie l’aimait. Réaction de femme vertueuse qui excite encore plus Wenceslas : « Ce mouvement de femme vertueuse, réprimant une passion gardée au fond du cœur, était plus éloquent mille fois que la déclaration la plus passionnée ». Valérie se comporte comme une femme applaudie. Lisbeth fait semblant de lui reprocher de réagir comme tous les autres hommes (330). Les artistes ne devraient pas se marier, leurs enfants, ce sont leurs œuvres. Steinbock veut paraître familier et prend Valérie par la main. Il pense qu’il n’aurait pas dû se marier précipitamment. Valérie lui promet ses 10.000 F… sans intérêts. En échange, elle veut un groupe en bronze représentant Dalila coupant les cheveux de Samson (331) : « Il s’agit d’exprimer la puissance de la femme. Samson n’est rien, là. C’est le cadavre de la force. Dalila, c’est la passion qui ruine tout. » Discussion sur les époques de composition de la Bible (332). Les hommes admirent Valérie et discutent de ce projet de sculpture. Valérie explique la façon dont elle conçoit cette statue : une Dalila qui regrette son geste au pied du lit (333). Crevel propose de faire de Dalila un portrait de Valérie. Il est prêt à aider le sculpteur.

 

LXIII. (63) Jeune, artiste et Polonais que vouliez-vous qu’il fît ?

Valérie apporte elle-même une tasse de thé à Steinbock (334) : ce geste a un sens. « Valérie fut plus qu’une femme, elle fut le serpent fait femme, elle acheva son œuvre diabolique en marchant jusqu’à Steinbock, une tasse de thé à la main. » Wenceslas dit à Valérie que Crevel est prêt à lui acheter un groupe 1.000 écus si elle veut bien poser en Dalila (335). Valérie triomphe. Elle dit à l’oreille de Lisbeth que sa vengeance est en train de s’accomplir. Tant qu’elle ne sera pas la maréchale, Lisbeth n’aura rien fait. Les Hulot jeunes ont racheté les lettres de change du baron à Vauvinet et ont souscrit une obligation de 72.000 F à 5% d’intérêt. Les voilà dans la gêne pour 3 ans. Le baron est sans ressources même s’il doit rentrer dans son traitement en septembre et s’il a renouvelé sa police d’assurance. Valérie est bien décidée à l’achever. Lisbeth conseille à Wenceslas de se reprendre car il est en train de compromettre sa réputation (336). Il prétend que Valérie lui a demandé de rester le dernier pour régler leurs affaires. Non, Lisbeth va lui remettre les 10.000 F car son mari la surveille. Demain, à 9h, il apportera la lettre de change en passant d’abord chez Lisbeth. Elle constate qu’il est libertin.

 

LXIV. (64) Retour au logis

Wenceslas revient chez lui vers 1h du matin ; Hortense l’attendait depuis environ 9h30 ; il lui a dit qu’il allait dîner chez Chanor et Florent en prenant soin de son apparence (337). Au fur et à mesure de l’avancement de la soirée, son inquiétude n’a cessé d’augmenter. La force des femmes qui aiment : « La passion fait arriver les forces nerveuses de la femme à cet état extatique où le pressentiment équivaut à la vision des voyants. » Elle est au paroxysme de l’angoisse quand Wenceslas rentre. Elle se promet de ne plus le laisser sortir (338). Le mensonge de Wenceslas : il y avait là Bixiou, Claude Vignon, Mme Florent. Il s’emmêle en évoquant le lieu de la soirée. Hortense s’étonne qu’il revienne à pied de la rue des Tournelles sans avoir les bottes crottées. Pour couper court à cet interrogatoire sur son itinéraire, Wenceslas parle des 5.000 F prêtés par Chanor. Il a fait deux paquets de 5.000 F : un pour Hortense et un autre pour régler d’autres dettes ignorées par sa femme. Il promet de se mettre au travail dès le lendemain. Le soupçon d’Hortense a disparu (339). Quand elle le voit partir le lendemain à 9h, elle est complètement rassurée.

 

LXV. (65) Le premier coup de poignard

Hortense croit à son heureux avenir. Vers 11h, la cuisinière annonce l’arrivée de Stidmann. Il vient voir Stidmann pour ses travaux. La jeune femme veut en savoir plus sur la soirée de la veille. Stidmann commet la gaffe de parler de Mme Marneffe (340). Hortense devient pâle et s’évanouit, victime d’une attaque nerveuse. La cuisinière prévient que le comte n’est pas dans son atelier. Hortense est sûre qu’il est chez cette femme. Stidmann court chez Mme Marneffe « en reconnaissant la vérité de cet aperçu, dû à la seconde vue des passions. » (341) Il fait dire que la femme de Steinbock se meurt. Bientôt, Wenceslas sort et rejoint Stidmann. Il a commis la faute de ne pas mettre son ami dans la confidence. Valérie l’a rendu fou. Stidmann s’en va (342). Au coin de la rue Hillerin-Bertin, Lisbeth, avertie par Reine, rejoint Wenceslas et lui dit quelques mots.

 

LXVI. (66) La première querelle de la vie conjugale

Hortense pleure en voyant sa mère. Elle raconte ses malheurs : Wenceslas est allé chez Mme Marneffe après lui avoir promis de ne pas le faire. Elle évoque l’engagement de son frère et  de Célestine à retirer 72.000 F de lettres de change pour cette femme. Elle veut la poignarder (343). La baronne doit contrôler sa douleur et couvre sa fille de baisers.  Elle conseille à sa fille d’attendre Wenceslas et de s’expliquer avec lui. Elle-même a été abandonnée pendant 23 ans pour des Jenny Cadine, des Josépha, des Marneffe. Hortense est surprise. La baronne conseille à sa fille d’avoir la conscience paisible. Si elle-même s’était livrée à des fureurs, leur famille n’y aurait pas résisté. Elle a voulu protéger la réputation du baron : « Mon officieux et bien courageux mensonge a jusqu’à présent protégé Hector ; il est encore considéré ; seulement, cette passion de vieillard l’entraîne trop loin, je le vois. Sa folie, je le crains, crèvera le paravent que je mettais entre le monde et nous… Mais je l’ai tenu pendant vingt-trois ans, ce rideau derrière lequel je pleurais, sans mère, sans confident, sans autre secours que celui de la religion, et j’ai procuré vingt-trois ans d’honneur à la famille ». Les paroles de sa mère apaisent Hortense (344). La baronne évoque 10 ans de bonheur et 24 ans de désespoir. Hortense, elle, n’a eu que 3 ans de bonheur. Mais rien n’est perdu, dit sa mère. Les hommes commettent des crimes, les femmes sont vouées au sacrifice. Elle demande à sa fille de ne parler qu’à elle de ses chagrins (345).

Wenceslas arrive. Il prétend être allé chez Stidmann. Hortense n’y croit pas. Wenceslas dit qu’il na pas voulu inquiéter sa femme mais ils devaient non pas 5.000 mais 10.000 F. Il a frappé vainement à toutes les portes. Lisbeth leur a offert ses économies mais 2.00 F, cela ne suffisait pas. Hortense a voulu mettre ses diamants au mont-de-piété, mais là encore, cela n’aurait pas suffi (346). Comment Hortense peut-elle croire qu’il lui préfèrerait quelqu’un d’autre ? La baronne est rassurée par ces paroles. Wenceslas promet de rendre l’argent d’ici deux mois. Hortense se plaint de son père (347). La baronne leur demande de ne pas se fâcher.

 

LXVII. (67) Un soupçon suit toujours le premier coup de poignard

Après avoir reconduit la baronne, Wenceslas et sa femme se retrouvent seuls. Hortense veut que Wenceslas raconte sa soirée en toute franchise. Il soutient qu’il ne pensait qu’à leur 10.000 F. Qu’aurait-elle fait s’il avait été coupable ? Elle aurait pris Stidmann sans l’aimer. Il l’aurait tuée, dit Wenceslas en plaisantant. Hortense se jette sur son mari et l’embrasse, persuadée d’être aimée (348). Wenceslas ne reviendra chez cette femme que pour retirer son billet. Hortense boude et Wenceslas part dans son atelier pour faire la maquette de son groupe de Samson et Dalila qu’il cache quand Hortense arrive. Elle lui demande ce que c’est. Il lui montrera quand ce sera fini. Hortense remarque que la femme est bien jolie et mille soupçons poussent dans son âme.

 

LXVIII. (68) Un enfant trouvé

Au bout de 3 semaines, Mme Marneffe est irritée contre Hortense (349). Wenceslas n’a pas fait une seule visite rue Vanneau. Lisbeth n’a trouvé personne chez les Steinbock. Ils sont toujours ensemble à l’atelier. Wenceslas subit le despotisme de l’amour. Valérie épouse donc la haine de Lisbeth envers Lisbeth et son caprice devient une rage. Elle se propose d’aller à l’atelier quand survient un événement.

Lors d’un déjeuner avec Lisbeth et Marneffe, elle annonce qu’elle est enceinte. Marneffe pense qu’avec cette nouvelle, il aura la promotion attendue. Lisbeth reproche à Marneffe de ne pas s’occuper de leur premier fils Stanislas (350) mais le mari espère que le baron s’occupera de son enfant. Puis il part au ministère (il y va à 11h et n’y fait pas grand chose). Une fois seules, Lisbeth et Valérie se mettent à rire. Lisbeth lui demande de conformer la nouvelle : c’est une vérité physique ! Elle compte bien s’en servir contre Hortense. Elle a préparé une lettre pour Wenceslas où elle réaffirme son amour et lui annonce qu’il est père (351). Il faut qu’Hortense reçoive cette lettre quand elle sera seule. Wenceslas doit aller chez Chanor avec Stidmann à 11h. Lisbeth souligne qu’elle ne pourra plus se montrer ostensiblement avec elle après cela. Mais elles se reverront quand elle sera maréchale. Lisbeth d’envoyer Mme Olivier pour faire passer la lettre à Hortense. Valérie la fait appeler par Reine.

 

LXIX. (69) Second père de la chambre Marneffe

Dix minutes après l’envoi de cette fatale lettre, le baron Hulot arrive. Mme Marneffe lui saute au cou (352) et lui annonce qu’il est père. Le baron est surpris et Valérie lui donne des preuves. Il devra maintenant faire nommer son mari chef de bureau et le faire officier de la Légion d’honneur Marneffe adore d’après elle son petit Stanislas, « ce petit monstrico ». Le baron pourra peut-être donner une rente de 1.200 F à Stanislas. Le baron préfère que ce soit au nom de son fils. Le piège se referme et la phrase imprudente devient vite une promesse de rente pour l’enfant à naître.

 

LXX. (70) Différence entre la mère et la fille

Au moment où le baron Hulot sort de la rue Vanneau (353), Mme Olivier se fait arracher « inopinément » par Hortense la lettre qu’elle devait remettre … au comte. Hortense la lit. Elle est tellement sonnée qu’elle n’entend pas le cri de son fils puis elle recouvre la raison. Elle sonne la cuisinière pour que Louise prépare ses affaires : elle quittera la maison dans une heure avec Louise et la cuisinière restera avec le comte. Puis elle écrit une lettre à son mari (354) dans laquelle elle explique sa décision. Elle ne veut pas être héroïque comme sa mère et préfère s’occuper de son fils loin de lui. S’il la trahit ainsi au bout de trois ans, que fera-t-il plus tard ? Elle lui souhaite de conquérir gloire et fortune et de retrouver une femme (355). Elle souhaite qu’il respecte sa volonté. « Cette lettre fut péniblement écrite, Hortense s’abandonnait aux pleurs, aux cris de la passion égorgée. » Puis la jeune fille s’en va.

La baronne accueille sa fille. En vingt jours, la baronne a reçu deux blessures. Le baron a mis Victorin et sa femme dans la gêne puis il a été la cause du dérangement de Wenceslas (356). Les Hulot jeunes se défient maintenant du baron et Adeline pressent la dissolution de la famille.

 

LXXI. (71) Troisième père de la chambre Marneffe

La baronne loge sa fille dans la salle à manger. Après avoir achevé la lecture des deux lettres, Wenceslas se sent à la fois joyeux, triste et libéré. Stidmann qui espère consoler Hortense félicite Wenceslas de la passion qu’il inspire à Valérie. Le sculpteur est heureux de retourner chez Mme Marneffe tout en se rappelant son bonheur avec Hortense. Il pense un temps à aller chez la baronne  mais va finalement voir Valérie pour lui dire le mal qu’elle a fait et en tirer bénéfice. Il trouve Crevel chez elle (357). Lisbeth entre et Crevel se félicite discrètement auprès d’elle d’être père. Pendant ce temps, Valérie parle à Wenceslas de sa liberté nouvelle. Elle lui promet de faire revenir Hortense et lui dit que son beau-père est fini. Mais, s’il ne veut pas avoir d’orages chez lui, il ne doit pas rester vingt jours sans venir voir sa maîtresse (358). Elle lui propose de rester dîner.

 

LXXII. (72) Les cinq pères de l’église Marneffe

On annonce le baron Montès ; Valérie va lui parler. Il est certain de sa paternité, lui ! « Grâce à cette stratégie basée sur l’amour-propre de l’homme à l’état d’amant, Valérie eut à sa table, tous joyeux, animés, charmés, quatre hommes se croyant adorés, et que Marneffe nomma plaisamment à Lisbeth, en s’y comprenant, les cinq Pères de l’Église. » Le baron pourtant se montre un peu soucieux : au moment de quitter son cabinet, il est allé voir le général, directeur du personnel, et lui a parlé de la nomination de Marneffe à la place de Coquet. Le général lui a conseillé de ne pas trop insister avec cette nomination au risque du scandale (359). Certes le baron peut faire cette demande et le général ne fera rien contre mais il lui dit cela dans son intérêt personnel. Le baron a des ennemis qui convoitent sa place (360). Au lieu d’insister sur ce point, le baron ferait mieux d’abandonner sa direction générale pour une place de conseiller d’état en service ordinaire et de pair de France. Hulot  verra le ministre et enverra son frère sonder le terrain. Mais avec Valérie, le baron finit par se mettre à l’unisson du groupe.

 

LXXIII. (73) Exploitation au père

Vers 11h, Valérie prend à part le baron dans un coin de son divan (361). Elle reproche à Hortense d’avoir fait un scandale dont elle ne veut pas porter la responsabilité. Elle veut que le baron obtienne la réconciliation des deux jeunes gens. Lisbeth menace de partir si cette réconciliation ne se fait pas. Le baron promet de s’en occuper. Puis, elle aborde la question du poste de Coquet promis à son mari. Devant la difficulté évoquée par le baron, Valérie parle de la menace (362) que son mari ne quitte plus la chambre de Valérie. Le baron répond qu’il vaut mieux attendre que les choses puissent se faire. Elle le presse. Hulot en parlera donc à Marneffe (363). Ce dernier le menace : dans cette maison, c’est lui le maître. Hulot souffre pendant que Valérie se débarrasse de Montès. Crevel parle du petit hôtel : c’est demain l’adjudication définitive. Valérie se préoccupe déjà de le meubler. Il la rassure à condition qu’elle ne soit plus qu’à lui (364). Enfin, Lisbeth parle de son retour chez la baronne. Le baron y reviendra lui aussi.

 

LXXIV. (74) Un triste bonheur

Dès le matin, Lisbeth va chez Victorin à qui elle apprend la séparation d’Hortense et de Wenceslas. Le baron rentre chez lui vers 22h30 et va droit à la chambre de sa femme. Il la voit en train de prier (365). Elle voit son mari et croit sa prière exaucée : «  Elle crut si bien sa prière exaucée, qu’elle fit un bond et saisit son Hector avec la force que donne la passion heureuse. » elle lui demande s’il revient. Le baron veut parler d’Hortense qui leur fait plus de mal que son « absurde passion pour Valérie » mais comme leur fille dort, ils en causeront demain (366).

 

LXXV. (75) Quels ravages font les madame Marneffe au sein des familles

Le lendemain, à 9h du matin, le baron attend sa fille dans le salon « cherchant des raisons à donner pour vaincre l’entêtement le plus difficile à dompter, celui d’une jeune femme offensée et implacable, comme l’est la jeunesse irréprochable, à qui les honteux ménagements du monde sont inconnus, parce qu’elle en ignore les passions et les intérêts. » La jeune fille arrive ; Assis sur une chaise, sa fille à ses genoux, il lui fait la morale : elle n’aurait pas dû partir au risque du scandale. « Les enfants élevés, comme vous, dans le giron maternel restent plus longtemps enfants que les autres, ils ne savent pas la vie ! La passion naïve et fraîche, comme celle que tu as pour Wenceslas, ne calcule malheureusement rien, elle est toute à ses premiers mouvements. Notre petit cœur part, la tête suit. On brûlerait Paris pour se venger, sans penser à la cour d’assises ! Quand ton vieux père vient te dire que tu n’as pas gardé le convenances, tu peux le croire ; et je ne te parle pas encore de la profonde douleur que j’ai ressentie, elle est (367) bien amère, car tu jettes le blâme sur une femme dont le cœur ne t’est pas connu, dont l’inimitié peut devenir terrible… Hélas ! toi, si pleine de candeur, d’innocence, de pureté, tu ne doutes de rien : tu peux être salie, calomniée. D’ailleurs, mon cher petit ange, tu as pris au sérieux une plaisanterie, et je puis, moi, te garantir l’innocence de ton mari. Mme Marneffe ». Le baron assure sa fille que Mme Marneffe traite Wenceslas froidement. Mais Hortense  est choquée d’apprendre une autre nouvelle dans la bouche de son père : Wenceslas était donc encore chez elle la veille au soir  après la lettre reçue ! En entendant sa fille pleurer, la baronne se précipite vers sa fille. Elle lui demande néanmoins d’écouter son père, de revenir dans son ménage et de pardonner à son mari : « Je te demande ce sacrifice, si c’est un sacrifice que de pardonner la plus légère des fautes à un mari (368) qu’on aime ! je te le demande par mes cheveux blancs, par l’amour que tu portes à ta mère… Tu ne veux pas remplir mes vieux jours d’amertume et de chagrin ? » Hortense se jette aux pieds de son père mais elle ne veut pas faire comme sa mère et elle parle de la faute impardonnable d’ « avoir un enfant avec cette femme ». En attendant ce mot, Hulot est surpris.

Victorin et sa femme arrivent à ce moment-là. Le baron demande l’aide de Lisbeth. Hortense parle alors de la statue de Dalila comme preuve supplémentaire (369). La cousine charge le baron et Mme Marneffe qu’elle présente comme une dépravée. Le baron est au fond d’un abîme. La baronne et sa fille jettent un regard de reconnaissance à la vieille fille. Lisbeth continue : Mme Marneffe n’aime pas Wenceslas, elle veut seulement se venger. Elle-même va déménager pour revenir dans sa famille. Wenceslas n’est pas coupable, mais faible (370). Elle demande enfin au baron de ne pas se prêter à la nomination de Marneffe et conseille à Hortense de tenir bon. La baronne, qui se croit vengée, embrasse Lisbeth et se jette aux pieds de son mari. Hulot est furieux que ses enfants soient contre lui mais Victorin lui renouvelle son dévouement (371). Au contraire, il s’est brouillé avec son beau-père pour avoir retiré les 60.000 F de lettres de change de Vauvinet. Mais il rappelle leur situation financière. Le baron dit qu’ils ne parlent que d’argent et il se dirige vers la porte. La baronne le supplie de ne pas partir. Lisbeth, pendant ce temps, observe la scène avec « un sourire superbe ». Le maréchal arrive et la famille décide de ne plus parler de ce sujet (372).

 

LXXVI.  (76) Résumé de l’histoire des favorites

A la porte, un fourier de régiment venant d’Algérie, demande à voir le baron. Celui-ci croit à l’envoi des fonds qu’il a demandés et va dans l’antichambre. Mais l’homme lui remet une lettre de l’oncle Fischer : non seulement, il ne peut pas lui envoyer cet argent mais il est poursuivi par un procureur du roi. Il doit lui rendre service en le neutralisant. Cette lettre porte un coup au baron qui dit à l’homme de revenir le lendemain (373). Puis, il prend congé de la famille. La baronne, inquiète, veut savoir ce qui se passe et demande à Lisbeth de rester encore 2 ou 3 jours chez Valérie pour en savoir plus. Elle promet aussi à Lisbeth d’arranger son mariage avec le maréchal. Hortense et Victorin la remercient à leur tour. Lisbeth revient raconter la scène à Mme Marneffe : les ravages qu’une femme peut exercer dans une famille (374).

 

LXXVII. (77) Audace d’un des cinq pères

A Paris, chaque ministère est une petite ville d’où les femmes sont bannies ; mais il s’y fait des commérages et la position de Marneffe est mise à jour. On observe les réactions de chacun. Marneffe vient voir le baron dans son salon d’audience. Il sait que le directeur du personnel est parti pour un mois et ne veut pas être la risée de tous (375). Le baron lui demande d’attendre. Marneffe craint que le baron ne saute avant. Pour le baron, cette démarche ressemble à une sommation.

 

LXXVIII. (78) Autre sommation

Deux heures après, au moment où le baron achève de donner des instructions à Claude Vignon pour qu’il se renseigne sur les autorités judiciaires dans la circonscription desquelles se trouve Johann Fischer, Reine vient lui remettre une lettre de Valérie (376). Elle lui dit que Marneffe est rentré furieux, décidé à fermer la porte au baron. Valérie lui dit de ne pas céder tout en lui renouvelant son amour. Elle lui propose de se retirer avec lui et leur fils Hector à la campagne et ajoute qu’elle a été insultée par Marneffe : « Oh ! je t’aurais voulu là pour le punir par le spectacle de la passion insensée qui me prenait pour toi. Mon père aurait sabré ce misérable ; moi je ne peux que ce que peut une femme : t’aimer avec frénésie ! Aussi, mon amour, dans l’état d’exaspération où je suis, m’est-il impossible de renoncer à te voir. Oui ! je veux te voir en secret, (377)  tous les jours ! Nous sommes ainsi, nous autres femmes : j’épouse ton ressentiment. De grâce, si tu m’aimes, ne le fais pas chef de bureau, qu’il crève sous-chef !… En ce moment, je n’ai plus la tête à moi, j’entends encore ses injures. ». Marneffe a parlé d’appeler la police. Elle lui demande de répondre par lettre. Le baron demande à Reine des nouvelles de Valérie : elle est au lit après une attaque de nerfs (378). Le baron lui écrit : il ne nommera pas Marneffe et partira avec elle après avoir pris sa retraite. Reine emporte la lettre. Il se croit sûr de parer les coups portés à son oncle (sûr de la prééminence des militaires sur les civils).

 

LXXIX. (79) La porte au nez

A 4h30, le baron va chez Mme Marneffe. Le cœur lui bat en montant l’escalier (379). La lettre de Valérie lui prouve qu’il est aimé. Marneffe entrouvre la porte et lui dit de s’en aller en le menaçant d’un pistolet. Il lui dit qu’il a prévenu le commissaire de police et lui ferme la porte au nez. Lisbeth monte alors chez Lisbeth. Mais elle n’est pas chez elle. Mme Olivier lui dit qu’elle est allée chez la baronne. Au détour de la rue Vanneau et de la rue de Babylone, il aperçoit Valérie. Marneffe la retire violemment de la fenêtre (380).

Lisbeth est venue annoncer la nouvelle à la famille : le baron ne pouvant pas nommer Marneffe sera congédié. Adeline a commandé un dîner pour accueillir son mari. Lisbeth apprend que le maréchal a accepté qu’elle soit sa ménagère. Le baron est accueilli avec des témoignages d’affection. A 8h, il veut reconduire Lisbeth ; il lui parle de son amour pour Valérie (381). Lisbeth lui confirme qu’il est aimé. Elle a des bontés pour Crevel mais elle le déteste. Et elle lui donne la clé de l’appartement de Crevel rue du Dauphin. Lisbeth reviendra diner le lendemain et elle récupèrera la clé et ils se verront le surlendemain. En échange, Lisbeth demande au baron de ne pas s’opposer à son mariage avec le maréchal. Le baron est surpris. (382) ce mariage, dit Lisbeth, lui permettra de soutenir la famille. Le baron promet d’en parler à son frère. Le baron revient chez lui pour le whist. Pendant quinze jours, il reste dans la famille.

 

LXXX. (80) Un réveil

Victorin est content que son père soit revenu. La baronne sait qu’il pense encore à elle mais espère que ça lui passera : « la passion des femmes n’est pas comme le jeu, comme la spéculation, ou comme l’avarice, on y voit un terme. » Adeline se trompe (383). Pendant ce laps de vertu, le baron est allé trois fois rue du Dauphin. « La passion ranimée le rajeunissait et il eût livré son honneur à Valérie, sa famille, tout, sans un regret. » Valérie ne lui demande plus rien. Le quatrième rendez-vous a été pris au dernier moment du troisième pour 9h. A 8h, Reine remet une lettre au baron. Elle lui dit que son mari est malade et reporte le rendez-vous à 9h du soir (384). Le baron répond pour donner son accord. Le soir, le baron dit qu’il doit aller travailler avec le ministre à Saint-Cloud et qu’il ne reviendra qu’à 4 ou 5h du matin et il va rue du Dauphin. Sensation du baron à 5h du matin (385). Valérie dort. Il entend une voix derrière la porte. La porte s’ouvre devant un commissaire de police et un juge de paix amenés par Marneffe (386).

 

LXXXI. (81) Son, recoupe et recoupette

Portrait du commissaire de police. Le juge envie le baron. Le commissaire s’excuse auprès du baron de sa démarche. Valérie ouvre les yeux et pousse un cri. Marneffe menace le baron : si sa femme devient folle, il sera un assassin. (387) Le baron demande aux deux hommes de veiller sur la malheureuse femme et promet à Marneffe d’avoir ce qu’il demande. Mais celui-ci veut que le procès-verbal soit dressé et que le baron fasse ce qu’il demande d’ici deux jours. Il exhibe des lettres prouvant que le baron est le père de l’enfant, qu’il lui doit une rente, qu’il sera successeur de Coquet et porté sur la liste de promotion au grade d’officier de la Légion d’honneur (388). Le juge n’est pas insensible à la beauté de Valérie qui lance une œillade au commissaire. Marneffe demande à sa femme de s’habiller. Le baron supplie les deux fonctionnaires d’être discret. Hulot s’active à son tour et dit à l’oreille de Valérie qu’ils doivent fuir (389). Puis Valérie quitte l’appartement.

 

LXXXII. (82) Opération chirurgicale

Le baron qui doit signer le procès-verbal, reste seul avec le commissaire qui a remarqué que le baron aimait beaucoup cette femme mais il pense que ce n’est peut-être pas réciproque :

      « — Vous êtes bien amoureux, je me tais, dit-il. Je respecte les passions invétérées, autant que les médecins respectent les maladies invé… J’ai vu M. de Nucingen, le banquier, atteint d’une passion de ce genre-là… (390)

— C’est un des mes amis, reprit le baron. J’ai soupé bien souvent avec la belle Esther, elle valait les deux millions qu’elle lui a coûté.

— Plus, dit le commissaire. Cette fantaisie du vieux financier a coûté la vie à quatre personnes. Oh ! ces passions-là, c’est comme le choléra. »

Le commissaire lui révèle que la femme était d’accord avec le mari : la preuve, la lettre où il est question de l’enfant. Le baron la cherche dans son portefeuille (391). Quand ils sont arrivés, explique le commissaire, Marneffe est passé le premier et a pris cette lettre que sa femme avait posée sur le meuble comme convenu entre eux et qu’elle lui a dérobée pendant son sommeil. Le commissaire montre la lettre qui fait partie du dossier. Considérations sur le libertinage (392). Le commissaire lui conseille d’abandonner. Ils vont fermer l’appartement.

 

LXXXIII. (83) Réflexions morales

Hulot revient chez lui abattu et raconte ses mésaventures à la baronne. Cette confession lui cause une joie intérieure. Il faut sauver Wenceslas, dit le baron. Adeline est effrayé par le changement de son mari (393), lui demande  de rester avec eux. « Beaucoup de femmes mariées, attachées à leurs devoirs et à leurs maris, pourront ici se demander pourquoi ces hommes si forts et si bons, si pitoyables à des madame Marneffe, ne prennent pas leurs femmes, surtout quand elles ressemblent à la baronne Adeline Hulot, pour l’objet de leur fantaisie et de leurs passions. Ceci tient aux plus profonds mystères de l’organisation humaine. L’amour, cette immense débauche de la raison, ce mâle et sévère plaisir des grandes âmes, et le plaisir, cette vulgarité vendue sur la place, sont deux faces différentes d’un même fait. La femme qui satisfait ces deux vastes appétits des deux natures est aussi rare, dans le sexe, que le grand général, le grand écrivain, le grand artiste, le grand inventeur le sont dans une nation. L’homme supérieur comme l’imbécile, un Hulot comme un Crevel ressentent également le besoin de l’idéal et celui du plaisir ; tous vont cherchant ce mystérieux androgyne, cette rareté, (394) qui, la plupart du temps, se trouve être un ouvrage en deux volumes. Cette recherche est une dépravation due à la société. Certes, le mariage doit être accepté comme une tâche, il est la vie avec ses travaux et ses durs sacrifices également faits des deux côtés. Les libertins, ces chercheurs de trésors, sont aussi coupables que d’autres malfaiteurs plus sévèrement punis qu’eux. Cette réflexion n’est pas un placage de morale, elle donne la raison de bien des malheurs incompris. »

 

LXXXIV. (84) Fructus Belli, tout retombe sur le ministère de la guerre

Le baron va promptement chez le maréchal prince de Wissembourg (395). Le ministre lui demande ce qu’il veut. Hulot vient pour lui demander la promotion de Marneffe. Le maréchal se souvient d’avoir vu Mme Marneffe au mariage d’Hortense et lui conseille d’abandonner cette affaire qui pourrait le mener en correctionnelle. Hulot raconte sa mésaventure. Le maréchal redit son amitié au baron (396) et lui accorde ses requêtes mais il recommande au baron de faire attention car il sera surveillé. Le maréchal demande au baron quel âge il a : 70 ans dans 3 mois (397).

Puis le baron va chez le baron Nucingen et lui emprunte encore 40.000 F en engageant son traitement pour 2 ans de plus. Le lendemain, le procès-verbal, la plainte du mari, les lettres, tout est anéanti. Les scandaleuses promotions de Marneffe sont à peine remarquées.

 

LXXXV. (85) Autre désastre

Lisbeth, en apparence brouillée avec Mme Marneffe, s’installe chez le maréchal Hulot. Dix jours après ces événements, on publie le premier ban du mariage de la vieille fille avec l’illustre vieillard (398), à qui, pour obtenir un consentement, Adeline a raconté la catastrophe financière arrivée à son Hector en le priant de ne jamais en parler au baron. Lisbeth triomphe donc : « Elle allait atteindre au but de son ambition, elle allait voir son plan accompli, sa haine satisfaite. Elle jouissait par avance du bonheur de régner sur la famille qui l’avait si longtemps méprisée. Elle se promettait d’être la protectrice de ses protecteurs, l’ange sauveur qui ferait vivre la famille ruinée ; elle s’appelait elle-même madame la comtesse ou madame la maréchale ! en se saluant dans la glace. » Elle se voit déjà admise aux Tuileries pendant qu’Adeline et Hortense achèveront leurs jours dans la détresse.

Mais un événement vient tout remettre en question. Le jour même, un autre messager d’Afrique envoyé par Johann Fischer apporte un courrier : le vieillard est menacé d’aller en cour d’assises ou devant un conseil de guerre (399) s’il ne trouve pas 20.000 F, sinon, il mourra. Tous ces soucis ont empêché Hulot de penser au pauvre Fischer. Il s’affaisse sur le canapé du salon. Attirée par le bruit, la baronne accourt et découvre la lettre et la lit. Elle entraîne son mari dans sa chambre (400). Où trouver cet argent ? Adeline ne voit qu’une seule issue : Crevel, avec ce que sa comporte de déshonneur (401). Elle dit au baron d’aller au ministère pour convaincre le ministre d’envoyer un commissaire. A 5h, il aura les 200.000 F, elle aura perdu son honneur et il ne la reverra pas. Hulot ne comprend pas. La baronne rédige tout de suite une lettre à Crevel en lui donnant rendez-vous et demande à Louise, la femme de chambre de sa fille de porter la lettre et de revenir avec la réponse (402).

Dans le journal, un article parle des malversations dans le service des vivres de la province d’Oran. Le baron s’empresse d’aller au ministère. Dans un autre article de la Revue des beaux-arts, signé par Claude Vignon, Hortense a vu une gravure du groupe de Dalila par le comte Steinbock, au-dessous de laquelle était imprimé : Appartenant à Madame Marneffe. Elle s’en plaint à sa mère mais celle-ci pense à autre chose. (403)

 

LXXXVI. (86) Autre toilette

Adeline va dans sa chambre, s’examine et s’habille avec soin. Elle éprouve une violente fièvre à la certitude de sa faute (404) Lisbeth a raconté les circonstances de l’infidélité de Wenceslas. Et la baronne se demande comment font ces femmes. Elle aurait voulu consulter Lisbeth mais le temps lui manque. Elle n’a pas la science de courtisanerie de Valérie (405). « Etre une honnête et prude femme pour le monde, et se faire courtisane pour son mari, c’est être une femme de génie, et il y en a peu. Là est le secret des longs attachements, inexplicables pour les femmes qui sont déshéritées de ces doubles et magnifiques facultés. » Mme Hulot attend Crevel dans les dispositions qui le faisaient venir trois ans auparavant. «  Enfin, chose étrange ! la baronne était fidèle à elle-même, à son amour, en se livrant à la plus grossière des infidélités, celle que l’entraînement d’une passion ne justifie pas aux yeux de certains juges. » Elle se donne du courage pour être courtisane (406). Crevel se demande ce qu’elle peut bien lui vouloir : veut-elle lui parler de sa querelle avec Célestin et Victorin ? En entrant dans le salon, il constate le dénuement des lieux.

 

LXXXVII. (87) Une courtisane sublime

L’apparence de Crevel a changé avec l’ambition politique. Un Crevel seconde manière sous l’influence de Valérie (407). Il aborde donc la question des dettes des enfants et du mari. Il ne s’agit pas de cela dit Adeline (408). Crevel qui dit qu’il honore l’argent, éprouve de l’admiration pour Adeline mais il ne veut pas entamer son capital (409). Elle essaie maladroitement de le séduire et il commence à se demander si elle ne veut pas se venger de Hulot. Ce que précisément elle lui demande (410) : « Ah ! si vous m’aimiez encore, vous pourriez me retirer du gouffre où je suis ! Oui, je suis dans l’enfer ! » Sourire niais de Crevel. Elle pousse le verrou de la porte, se jette aux pieds de Crevel et lui baise la main. Elle le supplie de « sauver une famille entière dans la ruine » et en larmes, elle dit : « Il me faut deux cent mille francs ! » (411). L’inexpérience de la vertu par rapport au vice. Crevel qui vient de comprendre, lui dit de se relever.

 

LXXXVIII. (88) Crevel professe

L’énormité de la somme agit si fortement sur Crevel, que sa vive émotion, en voyant à ses pieds cette belle femme en pleurs, se dissipe. Il lui demande de se calmer et de lui dire pourquoi elle veut cette somme (412). Elle ne veut pas donner d’explication. Vous ne trouverez personne qui vous donnera une telle somme. L’argent est plus puissant que le roi, dit Crevel (413). L’argent ne se donne pas sans intérêts et sans motifs. Un homme mourra de chagrin, l’autre se tuera et elle-même deviendra folle. Pas si folle, pense Crevel, puisqu’elle est venue le trouver. Il y a trois ans, il lui avait offert sa fortune. Aujourd’hui, c’est trop tard car cet argent est allé dans l’escarcelle d’une autre. Il voulait se venger de Hulot qui lui avait pris sa maîtresse et il lui a soufflé cette femme qui est folle de lui. (414). Crevel, fier de lui, s’est redressé. Il est vengé. Mme Marneffe est sa maîtresse et si son mari meurt, elle sera sa femme. La baronne lui demande si son mari le sait. Il est retourné la voir et Valérie a supporté pour que son mari soit chef de bureau. Si la baronne ne l’avait pas humilié, c’est elle qui aurait les 400.000 F mais il retrouvera son argent en épousant Mme Marneffe (415).

 

 

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