TSAÏWAN

C’est une nouvelle révolution chinoise. Pour la première fois, la république de Taïwan sera dirigée par une femme, Madame Tsai Ing-wen, élue le 17 janvier avec 56,12% des voix, elle qui n’est pourtant ni « une fille de », ni « une veuve de », ni « une épouse de », à la différence de la birmane Aung San Suu Kyi, de la sud-coréenne Park Geun-hye, de l’indienne Sonia Gandhi ou de l’américaine Hillary Clinton. Alors que le parti de Mme Tsai, le DPP, Parti Démocrate Progressiste remporte également les élections législatives en raflant 68 des 113 sièges du Parlement, le Kuomintang d’Eric Chu subit ainsi une de ses plus larges défaites. Le parti fondé par Sun Yat-sen en 1911 avait pourtant dirigé l’île, censée être la base arrière de la reconquête nationaliste de la Chine après la « chute » du communisme, depuis l’arrivée en exil du Tchang Kai-shek en décembre 1949 jusqu’en 2000, d’abord avec les vingt-cinq ans de règne sans partage du généralissime jusqu’à sa mort en 1975, l’intérim de Yen Chia-kan, le mandat de Tchang Chien-kuo, fils du président Tchang Kai-shek de 1978 à 1988 et celui de Lee Teng-hui de 1988 à 2000. Après les huit ans de pouvoir de Chen Shui-ban, premier leader  de l’opposition à accéder au pouvoir, le Kuomintang avait de nouveau dirigé le pays de 2008 à 2016 et le Président Ma Ying-jeou avait opéré une politique de rapprochement avec Pékin qui a été nettement sanctionnée lors des élections de 2016. Diplômée de l’Université nationale de Taiwan, de l’université Cornell, aux Etats-Unis et de la London School of Economics. Madame Tsai, que les Taïwanais surnomment affectueusement « Hsia Ing » (la petite Ing), avait déjà recueilli  45,6% des voix face à Ma Ying-jeou en 2012 après avoir occupé le poste de ministre des Affaires continentales dans le gouvernement  de Chan Shui-ban entre 2000 et 2004. Agée de cinquante-neuf ans, cette célibataire sans enfants vit seule dans un modeste appartement avec ses deux chats.