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5 février 2017 7 05 /02 /février /2017 12:01

A la tête de l’Erythrée depuis vingt-trois ans, Issayas Afewerki est probablement le pire tyran de l’Afrique qui en compte pourtant un certain nombre. Du haut de son mètre quatre-vingt-dix, ce Caligula africain de soixante-dix ans, rhéteur habile et regard de glace, terrorise ceux qui l’approchent. Affable un jour, cruel le lendemain, il peut envoyer en prison, d’un geste, dans l’un de ces conteneurs de cargo qui servent de cachot aux plus téméraires ou soumettre les prisonniers à la technique de l’hélicoptère pour les faire avouer. Le quotidien de ce pays de 6,3 millions d’habitants, coincé entre l’Ethiopie et la Mer Rouge, qui est devenu un immense camp de travail forcé, est fait de rafles, de torture, d’effroi, de situations terrorisantes, d’assassinats politiques, de viols et de brutalités. Le service militaire, obligatoire pour les garçons et les filles de dix-sept ans à près de quarante ans, est lui aussi vécu comme une forme d’esclavage infernal. Le pays compte d’ailleurs 314 camps de détention et 800 prisons pour 600 écoles.

Fils d’un fonctionnaire du Négus et d’une vendeuse de sewa, Afewerki abandonna bien vite ses études d’ingénieur pour gravir les échelons du Front de Libération de l’Erythrée (FLE), la guérilla inspirée du FLN algérien contre l’occupant éthiopien. Nommé commissaire politique après un séjour dans la Chine de Mao pour parfaire son éducation révolutionnaire, l’ombrageux Issayas provoqua une scission dans les rangs des guérilleros érythréens en fondant le Front Populaire de Libération de l’Erythrée (FPLE) dont il prit la tête en 1987. Après trente ans de résistance, l’Erythrée accéda à son indépendance le 27 avril 1993 et Afewerki fut élu président de l’Assemblée nationale le 24 mai et désigné président de l’Etat le même jour. En février 1994, il fut confirmé à la tête du FPLE rebaptisé Front Populaire pour la Démocratie et la Justice (FPDJ), institué comme parti unique. La deuxième guerre contre l’Ethiopie entre 1998 et 2000 (qui fit entre 70.000 et 90.000 morts des deux côtés… pour rien) fit basculer son pays dans la dictature Ainsi, le 18 septembre 2001, alors que le monde avait la tête ailleurs, fit-il rafler tous les réformistes de son entourage (dont son vice-président Mahmud Ahmed Sherifo) et incarcérer les directeurs des journaux trop critiques. Enfermés dans l’un des plus infâmes commissariats d’Asmara, la capitale, ils furent ensuite oubliés dans le bagne d’Eiraeiro, dans une brousse de caféiers et de cactus. Avec le temps, Issayas est devenu alcoolique, diabétique et paranoïaque mais il fait toujours peur. Dans l’indifférence générale, ce gangster brutal entouré de généraux cupides et d’idéologues habiles, fournit des armes et un entraînement aux shebabs islamistes de Somalie et laisse la Mafia italienne exploiter les hôtels de la Mer Rouge pendant que la Chine s’implante et que le Qatar fournit de l’argent frais. Alors la population essaie de fuir et essaie de rejoindre l’Europe par la Méditerranée dans des embarcations de fortune. Selon le HCR, plus de 5000 Erythréens fuient chaque mois. Ils sont la deuxième population, après les Syriens, parmi les migrants. Le régime pratique, d’ailleurs, le principe de culpabilité par association en obligeant toute famille d’un migrant à payer une amende de 3.000 €.

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