Tableau établi par Bernard Martial (professeur de lettres modernes)
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Titre |
Thème |
Vers à retenir |
TABLEAUX PARISIENS |
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97 |
Danse macabre |
Statue allégorique de la Mort, squelette déguisé en femme d’Ernest Christophe : l’irrépressible et inconsciente course vers le plaisir, c’est-à-dire vers le péché, qui caractérise l’humanité ; ironie d’une conscience qui trouve sa souveraineté dans la lucidité avec laquelle elle assume sa finitude. |
« En tout climat, sous tout soleil, la Mort t’admire En tes contorsions, risible Humanité, Et souvent, comme toi, se parfumant de myrrhe, Mêle son ironie à ton insanité ! » |
98 |
L’Amour du mensonge |
Description d’une beauté qui passe, peut-être vide mais qu’importe… La chère indolente, figure en miroir du poète lui-même. |
Mais ne suffit-il pas que tu sois l’apparence, Pour réjouir un cœur qui fuit la vérité ? Qu’importe ta bêtise ou ton indifférence ? Masque ou décor, salut ! J’adore ta beauté. |
99 |
« Je n’ai pas oublié, voisine de la ville » |
Lettre du 11 janvier 1858 à sa mère : souvenir ( œdipien) de la maison de Neuilly. |
Je n’ai pas oublié, voisine de la ville, Notre blanche maison, petite mais tranquille. |
100 |
« La servante au grand cœur » |
Idem : souvenir d’une servante (Mariette) qui veillait sur lui, morte aujourd’hui. |
La servante au grand cœur dont vous étiez jalouse , Et qui dort son sommeil sous une humble pelouse. |
101 |
Brumes et pluies |
Un spleen adouci par l’amour, remède à la douleur. |
-Si ce n’est, par un soir sans lune, deux à deux, D’endormir la douleur sur un lit hasardeux. |
102 |
Rêve parisien |
Rêve onirique d’une vie merveilleuse et retour cruel à la réalité. |
En rouvrant mes yeux pleins de flamme J’ai vu l’horreur de mon taudis, Et senti, rentrant dans mon âme, La pointe des soucis maudits. |
103 |
Le Crépuscule du matin |
Le Paris de la débauche et des malades au matin. |
Les débauchés rentraient, brisés par leurs travaux. |
LE VIN |
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104 |
L’âme du vin |
Poème de jeunesse sur l’âme du vin, secours des déshérités et inspiration du poète. |
En toi je tomberai, végétale ambroisie, Grain précieux jeté par l’éternel Semeur, Pour que de notre amour naisse la poésie Qui jaillira vers Dieu comme une rare fleur ! |
105 |
Le Vin des chiffonniers |
Le vin des chiffonniers (le prolétariat) « pour noyer la rancœur et bercer l’indolence de tous ces vieux maudits qui meurent en silence ». |
Dieu touché de remords, avait fait le sommeil ; L’Homme ajouta le Vin, fils sacré du Soleil ! |
106 |
Le Vin de l’assassin |
Il a tué sa femme qui criait trop en la jetant dans un puits. Maintenant, ivre, il peut bien attendre la mort (blasphème final). |
Ecraser ma tête coupable Ou me couper par le milieu, Je m’en moque comme de Dieu. |
107 |
Le Vin du solitaire |
Au regard de la femme, à la richesse et à la musique, le « poète pieux » préfère les « baumes pénétrants » de la bouteille, source d’espoir, de jeunesse et de vie. |
Tu lui verses l’espoir, la jeunesse et la vie, -Et l’orgueil, ce trésor de toute gueuserie, Qui nous rend triomphants et semblables aux Dieux ! |
108 |
Le Vin des amants |
Les amants partent « à cheval sur le vin », vers le paradis des rêves du poète. |
Nous fuirons sans repos ni trêves Vers le Paradis de mes rêves ! |
FLEURS DU MAL |
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109 |
La Destruction |
Le Démon qui le possède et prend parfois les allures d’une femme pour le conduire sur les plaines de l’Ennui pour le détruire. |
Il me conduit ainsi, loin du regard de Dieu, Haletant et brisé de fatigue, au milieu Des plaines de l’Ennui, profondes et désertes. |
110 |
Une martyre |
(Dessin d’un maître inconnu). Tableau macabre d’une femme décapitée (la tête sur la table de nuit ; le corps sur le lit) d’une prostituée jeune tuée par un amant insatiable. |
Un cadavre sans tête épanche, comme un fleuve, Sur l’oreiller désaltéré Un sang rouge et vivant, dont la toile s’abreuve. |
111 |
Femmes damnées (« Comme un bétail pensif ») |
Compassion du poète pour ces femmes damnées qui s’adonnent aux amours saphiques en qui il reconnaît des sœurs d’esprit. |
Vous que dans votre enfer mon âme a poursuivies, Pauvres sœurs, je vous aime autant que je vous plains. |
112 |
Les Deux bonnes soeurs |
Les deux « bonnes sœurs », la débauche et la mort, qui vont enterrer le poète (contre-religion). |
Au poète sinistre, ennemi des familles, Favori de l’enfer, courtisan mal renté. |
113 |
La Fontaine de sang |
Le sang du poète qui coule à flot comme sa douleur que ni le vin ni l’amour ne peut calmer. |
J’ai cherché dans l’amour un sommeil oublieux, Mais l’amour n’est pour moi qu’un matelas d’aiguilles Fait pour donner à boire à ces cruelles filles ! |
114 |
Allégorie |
La prostituée qui rit à la Mort et nargue la Débauche « vierge inféconde », « et pourtant nécessaire à la marche du monde ». |
C’est une femme belle et de riche encolure, Qui laisse dans son vin traîner sa chevelure. |
115 |
La Béatrice |
Le poète face aux moqueurs parmi lesquels il retrouve sa maîtresse. |
La reine de mon cœur au regard nonpareil, Qui riait avec eux de ma sombre détresse |
116 |
Un Voyage à Cythère |
L’île du culte de l’amour (réf. A Watteau et Nerval) : dans cette île symbole de l’amour, il n’a trouvé qu’un gibet où pendait son image. |
Dans ton île, ô Vénus ! je n’ai trouvé debout Qu’un gibet symbolique où pendait mon image.
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117 |
L’Amour et le crâne |
Vieux cul-de-lampe (vignette triangulaire à la fin du chapitre) : une gravure de Goltzius : image de l’enfant et du crâne : thème baroque du crâne hémophile. |
L’Amour est assis sur le crâne De l’Humanité. |
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REVOLTE |
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118 |
Le Reniement de Saint-Pierre |
1. La dénonciation de l’insensibilité de Dieu à l’endroit de ses fidèles. 2. La dernière nuit puis le martyre de Jésus (identification au Christ). 3. Divorce entre l’action et le rêve. |
Saint-Pierre a renié Jésus… il a bien fait ! |
119 |
Abel et Caïn |
Chez Nerval : descendance caïniste de l’artiste. La race d’Abel (pâtre et laboureur) contre la race de Caïn (artisans et forgerons : Prométhée). Injustice de Dieu envers Caïn (Romantique), image du persécuté et du déshérité par opposition à un Abel bourgeois. |
Race d’Abel, dors, bois et mange : Dieu te sourit complaisamment,
Race de Caïn, dans la fange Rampe et meurs misérablement. |
120 |
Les Litanies de Satan |
Eloge de l’Ange de la Révolte et invocation du « père adoptif de ceux qu’en sa noire colère du paradis terrestre a chassés dieu le père » (parenté mystérieuse entre Dieu et Satan). |
Ô Satan, prends pitié de ma longue misère ! […] Gloire et louange à toi, Satan, dans les hauteurs Du Ciel où tu régnas, et dans les profondeurs De l’Enfer où, fécond, tu couves le silence ! |