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27 avril 2019 6 27 /04 /avril /2019 19:26

Selon un bilan encore provisoire (au 26 avril), une série d’attentats a fait 257 morts[i] (dont 45 enfants et adolescents) et près de 521 blessés dans l’île de Sri Lanka, le dimanche 21 avril, jour de Pâques. 39 étrangers (10 Indiens, 6 Britanniques, 4 Américains, 3 Néerlandais, 3 des 4 enfants du milliardaire danois Anders Holch Povlsen, 2 Australiens, 2 Turcs, 2 Saoudiens, 2 Espagnols ainsi que des ressortissants suisse, portugais, chinois, japonais, et bangladeshi) figurent parmi les victimes. Vers 8h30-9h six explosions ont eu lieu simultanément dans trois hôtels de luxe du front de mer, à Colombo (le Cinnamon Grand Hotel, le Shangri-La et le Kingsbury et dans trois églises (l’église Saint-Antoine dans le quartier de Kochchikade, Kotahena à Colombo, l’église Saint-Sébastien dans le quartier de Katuwapitiya à Negombo et l’église évangélique « Zion » à Batticaloa, sur la côte orientale de l’île). Quelques heures plus tard, deux autres déflagrations se sont produites dans l’hôtel Tropical-Inn de Dehwala-Mount Lavinia, dans la banlieue sud de Colombo et à Dematagoda dans le quartier d’Orugodawatta, au nord de la ville où un kamikaze s’est fait exploser lors d’une opération de police (trois policiers tués). Au Cinnamon, un kamikaze, un Sri Lankais qui s’était enregistré à l’hôtel la veille sous le nom de Mohamed Azzam Mohamed, a enclenché sa bombe dans la file de clients, venus profiter d’un buffet de Pâques au restaurant Taprobane de l’établissement. Au Shangri-La, le restaurant Table One, situé au troisième étage de l’hôtel, a lui aussi été ravagé. La police a, par ailleurs, annoncé, lundi 22 avril, qu’une « bombe artisanale » avait été trouvée tard dimanche sur une route menant vers le principal terminal de l’aéroport Bandaranaike de Colombo et qu’elle avait été désamorcée avec succès. Les autorités ont aussi découvert 87 détonateurs dans la gare de bus de de Bastian Mawatha à Colombo, avant qu’une nouvelle explosion ne se produise durant une opération de déminage dans une camionnette arrêtée à proximité de l’église Saint-Antoine frappée la veille. Aucun blessé n’est à déplorer.  

Au bout de quarante-huit heures, le groupe djihadiste Etat islamique (EI) a revendiqué les attentats (mardi 23 avril), via l’organe de propagande de l’organisation Amaq en détaillant les attaques et les noms des « combattants » qui les auraient commises (des djihadistes présentés sous les noms de guerre d’Abou Oubeida, Abou Baraa et Abou Moukhtar auraient perpétré les attaques contre les trois hôtels de luxe ; trois autres combattants, Abou Hamza, Abou Khalil et Abou Mohamad auraient mené, selon la même source, les attaques contre les trois églises à Colombo, Negombo et Batticaloa ; un septième djihadiste, Abou Abdallah, aurait, selon l’EI, tué trois policiers dans une attaque dans la banlieue de Colombo). Soixante-quinze personnes ont, depuis le 21 avril, été arrêtées mais des suspects étaient encore en fuite, d’après le premier ministre Ranil Wickremesinghe. Deux frères sri-lankais musulmans, figurant parmi les kamikazes, ont joué un rôle-clé dans ce déchaînement de violence, au cours duquel un autre attentat-suicide a échoué dans un quatrième hôtel de luxe à Colombo, ont révélé mardi des sources proches de l’enquête. Les autorités sri-lankaises soupçonnent, dans le même temps, un groupe local islamiste National Thowheeth Jama’ath (NTJ) d’avoir commis les attentats au Sri Lanka, en lien avec un groupe islamiste radical indien, connu comme le Jamaat-ul-Mujahideen India (JMI). Le NTJ s’était fait connaître en 2018 en lien avec des actes de vandalisme commis contre des statues bouddhistes. En 2016, son secrétaire, Abdul Razik, avait été arrêté pour incitation au racisme. Les deux frères mis en cause feraient partie de cette cellule. Le chef de la police nationale, Pujuth Jayasundara, avait d’ailleurs alerté ses services dix jours avant les attentats en indiquant que le NTJ projetait « des attentats suicides contre des églises importantes et la Haute commission indienne ». Les tensions existant au sommet de l’Etat entre le président de la République et son premier ministre pourraient à l’origine d’un dysfonctionnement des services de renseignement et de prévention de l’Etat. Mais, les enquêteurs cherchent désormais à déterminer si le groupe islamiste a pu bénéficier d'un soutien logistique étranger. Le porte-parole du gouvernement sri-lankais, Rajitha Senaratne, a indiqué avoir « du mal à voir comment une petite organisation dans ce pays peut faire tout cela ». « Nous enquêtons sur une éventuelle aide étrangère et leurs autres liens, comment ils forment des kamikazes, comment ils ont produit ces bombes », a-t-il dit.

Environ 1,2 million de catholiques vivent au Sri Lanka, dont la population totale est de 21 millions d’habitants. Le pays compte environ 70% de bouddhistes, 12% d’hindouistes, 10% de musulmans et 7% de chrétiens. Les catholiques sont perçus comme une force unificatrice car on en trouve chez les Tamouls comme chez la majorité cinghalaise. Certains chrétiens sont cependant mal vus parce qu’ils soutiennent des enquêtes extérieures sur les crimes de l’armée sri-lankaise contre les Tamouls pendant la guerre civile qui s’est achevée en 2009. Selon les Nations unies, le conflit de 1972 à 2009 a fait de 80.000 à 100.000 morts.

Sri Lanka, un pays fragilisé par une crise politique

Le New York Times s’est procuré le courrier du 11 avril prévenant les services de sécurité d’« potentiel plan d’attaques suicides » : l’information ne laisse aucune place à l’ambiguïté : « Les services secrets étrangers nous ont informés que Mohammed Cassim Mohamed Zaharan alias Zaharan Hashmi[ii], le leader du National Thowheeth Jama’ath et ses fidèles préparent des attaques suicides dans ce pays. Elles pourraient viser des églises catholiques et l’ambassade de l’Inde. » Suivent le nom du village où se cache Zaharan Hashmi, l’adresse de son frère, Rilwan, « principal recruteur » et même son emploi du temps. Aussi incroyable que cela puisse paraître, cette lettre n’a déclenché aucune réaction. Selon le journal indien The Hindu, les enquêteurs indiens avaient découvert le complot lors d’un interrogatoire d’un sympathisant de l’Etat islamique dans le Tamil Nadu, dans le sud de l’Inde, il y a six mois. Deux autres alertes ont été lancées dans les jours suivants, y compris quelques heures avant la première attaque à l’église Saint-Sébastien de Negombo, qui a tué 102 personnes. « Il y a clairement eu une défaillance de la communication de renseignement au Sri Lanka », a reconnu mercredi le vice-ministre de la Défense, Ruwan Wijewardene. Le président sri-lankais, Maithripala Sirisena, a demandé au chef de la police nationale et au secrétaire à la Défense de démissionner. Lors d’une conférence de presse tenue le soir même des attentats, le Premier ministre Ranil Wickremesinghe a confirmé que des informations sur de potentielles attaques contre des églises, avaient été transmises par les services de sécurité mais que ni lui, ni les ministres de son gouvernement n’avaient été « tenus informés ». Pour la correspondante d’Al-Jazira au Sri Lanka, Minelle Fernandez, « les déclarations du Premier Ministre sont une attaque visant le président Maithripala Sirisena, responsable des forces de sécurité ». Les relations entre les deux dirigeants sont en effet au plus bas depuis le limogeage de Ranil Wickremesinghe par le chef de l’Etat en octobre, une décision finalement annulée par la Cour suprême mais qui a laissé des traces.

Voir mon article publié fin octobre 2018 :

L’Etat du Sri Lanka n’est pas ex-Ceylan

Evolution de la situation entre novembre et décembre 2018 :

Récapitulatif chronologique des événements : le 1er novembre, le président Sirisena annonce la levée de la suspension du parlement et le convoque pour le 5 novembre, puis reporte la date au 7 puis au 14 novembre. Le 9 novembre, le président dissout le parlement et convoque des législatives anticipées pour le 5 janvier 2019. Le 11 novembre, le président du Parlement conteste cette décision, estimant que le président ne possède pas le pouvoir de dissolution. Le 13 novembre, la Cour suprême annule donc la dissolution. Le 14 novembre, le gouvernement de son rival est renversé par une motion de censure. Les 15 et 16 novembre, ont lieu des séances houleuses au parlement. Wickremesinghe demande alors à être réinvesti. Le 18 novembre a lieu une réunion de sortie de crise. Le 25 novembre, Sirisena annonce qu’il ne nommera plus jamais Wickremesinghe comme Premier ministre, l’accusant de corruption. Le 3 décembre, la Cour suprême suspend les pouvoirs du second Premier ministre, Mahinda Rajapakse. Cette décision très attendue des magistrats est rendue avant le 12 décembre, car ils estiment que des « dommages irréparables ou irrémédiables » (sic) pouvaient survenir sur l’île. Le 13 décembre, la Cour suprême confirme l’annulation des élections anticipées, estimant que le président ne possède pas le droit de dissoudre la chambre. Le 14 décembre, la démission prochaine de Rajapakse est annoncée par son fils, étant effective pour le lendemain 15 décembre. Wickremesinghe est réinvesti le 16 décembre. Le Premier Ministre est sorti gagnant de ce bras de fer mais fragilisé, la preuve.

[i] Le premier bilan officiel faisait état de 359 morts mais le ministère de la santé a fait savoir que certains corps de victimes mutilées avaient été comptés deux fois compte tenu de leur état. Il avait été ensuite ramené à 253.

[ii] Le 26 avril, les autorités sri-lankaises confirment sa mort dans l’attaque du Shangri-La.

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27 février 2019 3 27 /02 /février /2019 09:38

Mardi 19 février, une manifestation a eu lieu Place de la République à 19h à l’appel de quatorze partis politiques pour dénoncer une recrudescence des actes et des propos antisémites. Cette date correspondant plus ou moins au début du quatrième mois de mobilisation des gilets jaunes, il est inévitable de se demander s’il existe un lien de causalité entre les deux phénomènes.

Rappelons d’abord quelques données chronologiques (non exhaustives) :

 

Mardi 18 décembre.

Accointances troublantes : Plaidant pour le Référendum d’Initiative Citoyenne, François Ruffin,  député France Insoumise de la Somme, rend un hommage appuyé à Etienne Chouard, défenseur du RIC. Ce professeur d’éco-gestion de Marseille connu pour son opposition au Traité Constitutionnel Européen est aussi un adepte des théories du complot et proche d’Alain Soral, condamné à plusieurs reprises pour antisémitisme. Ces accointances troublantes de l’élu FI jettent le trouble jusque dans les rangs de la gauche. Dix jours plus tôt, Etienne Chouard et Maxime Nicolle avaient animé conjointement un meeting commun sur le RIC…

Samedi 22 décembre.

Quenelle de Dieudonné et salut nazi : Pour leur « acte VI », des centaines de gilets jaunes se rassemblent sur la butte Montmartre à l’appel d’Eric Drouet. Devant la basilique, un groupe de gilets jaunes s’illustre entonnant le chant de la « quenelle » (sur l’air du chant des partisans), certains joignant le geste à la parole: « Manu la sens-tu / qui se glisse dans ton cul / la quenelle... ». D’autres font le salut nazi…

Agression antisémite : Le même jour, une vieille dame est verbalement agressée sur la ligne 4 du métro parisien par des individus virulents en gilets jaunes tenant des propos antisémites et faisant eux aussi des « quenelles ». Une scène racontée sur Twitter par un journaliste de 20 Minutes qui a assisté à la scène, sans toutefois oser s’interposer. Face à la médiatisation de l’affaire, la dame âgée en question est venue livrer son témoignage. « C’est une geste antisémite, je suis juive, mon père a été déporté à Auschwitz où il est mort. Je vous demande d’arrêter », a-t-elle lancé aux protagonistes en fluo, avant de se faire rabrouer par lesdits individus, « des c… qui disaient des bêtises […], qui n’ont pas eu d’éducation », selon elle…

Bannière antisémite : Un automobiliste prend en photo une bannière antisémite sur un rond-point à la sortie de Pontcharra-sur-Turbine, près de Lyon : « Macron, Drahi, Attali, les banques, les médias et Sion » y sont associés selon les stéréotypes d’un autre temps…

Samedi 9 janvier :

Antisémitisme : Un tag « Juden » est inscrit sur la devanture d’une franchise parisienne de « Bagelstein ». Comme aux pires heures du nazisme.

 

Lundi 11 février :

Antisémitisme : Des crois gammées sont taguées sur des portraits de Simone Veil à Paris. A Sainte-Geneviève-des-Bois, un arbre planté à l’endroit où Ilan Halimi avait été retrouvé assassiné en 2006, est retrouvé scié, deux jours avant l’anniversaire sa mort.

Samedi 16 février

Antisémitisme : Le philosophe et académicien Alain Finkielkraut, qui avait soutenu le mouvement des gilets jaunes au début, est copieusement insulté et accablé d’insultes antisémites par des hommes portant des gilets jaunes aux cris de « Barre-toi, sale sioniste de merde »« grosse merde sioniste »« nous sommes le peuple »« la France elle est à nous », « Palestine », « tu es un haineux, tu vas mourir, tu vas aller en enfer ».

Mardi 19 février :

Profanation d’un cimetière juif : Des dizaines de sépultures du cimetière juif de Quatzenheim en Alsace sont découvertes, au matin, profanées d’inscriptions néonazies, notamment des croix gammées. Emmanuel Macron décide de se rendre en Alsace puis de déposer une gerbe au Mémorial de la Shoah à Paris.

 

Les fais sont têtus et cette coïncidence troublante ; pour autant, nous ne résoudrons pas cette équation en concluant précipitamment que les « gilets jaunes » sont antisémites. Ce serait une généralisation tout aussi ridicule et simpliste que de considérer que parce qu’on porte un gilet jaune on est forcément « de braves gens », intouchables et angéliques. Le gilet jaune ne vaut ni immunité diplomatique, ni impunité légale pas davantage que stigmatisation spontanée ou rejet pavlovien.

L’antisémitisme n’est pas né le 17 novembre sur un rond-point, il a, à la fois, des racines religieuses et politiques et se retrouve autant dans la xénophobie d’extrême-droite que dans l’antisionisme d’extrême-gauche et dans l’islamisme des banlieues. Longtemps enfoui dans les tabous de l’Histoire après le traumatisme de la Shoah et surveillé par la loi et la pédagogie républicaine, il a retrouvé dans les caniveaux des réseaux sociaux et dans les égouts d’internet un nouveau lieu de clandestinité complotiste (déjà présent au moment de l’élection d’Emmanuel Macron). Le mouvement de colère des gilets jaunes a ouvert toutes les vannes de la colère et de la rancœur et a charrié, avec lui, ses torrents de haine et de délire, le tout se confondant parfois dans l’impulsivité de cerveaux faibles, sous la dictée pernicieuse de manipulateurs idéologiques masqués. « Antisémite ! » criaient les gilets jaunes à Alain Finkielkraut en croyant que ce terme était synonyme de « Sioniste » ou de « Juif ! », sans comprendre qu’ils s’insultaient eux-mêmes. Les gilets jaunes, s’ils ne sont pas comptables collectivement de cet antisémitisme virulent de quelques-uns comme d’autres propos racistes, des menaces contre la presse et les élus, des agressions contre les forces de l’ordre et des dégradations et incendies, se gardent malheureusement trop souvent de se démarquer de ses dérives par un discours clair.

L’antisémitisme, rappelons-le, n’est pas une opinion mais un délit. Le mouvement des gilets jaunes, en franchissant la ligne jaune des voies de circulation de la communication et de la contestation sociales et politiques, pour ne pas déclarer ses cortèges, a libéré la parole, parfois pour le meilleur et aussi pour le pire, à ses dépens, d’abord, en laissant n’importe qui s’affubler de ce gilet de détresse fluorescent ; il a réveillé aussi la bête immonde qui dormait dans les cachots de la civilisation et qui n’aime pas le jaune sous forme d’étoile ou de gilet.

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10 décembre 2018 1 10 /12 /décembre /2018 23:34

Devant ces foules en colère et cette hystérisation du débat public, je pense à Brassens :

 

Le Pluriel

 

« Cher monsieur, m’ont-ils dit, vous en êtes un autre », 
Lorsque je refusai de monter dans leur train. 
Oui, sans doute, mais moi, j’fais pas le bon apôtre, 
Moi, je n’ai besoin de personne pour en être un.

 

Le pluriel ne vaut rien à l’homme et sitôt qu’on 
Est plus de quatre on est une bande de cons. 
Bande à part, sacrebleu ! c’est ma règle et j’y tiens. 
Dans les noms des partants on n’verra pas le mien.

 

Dieu ! que de processions, de monômes, de groupes, 
Que de rassemblements, de cortèges divers, 
Que de ligu’s, que de cliqu’s, que de meut’s, que de troupes ! 
Pour un tel inventaire il faudrait un Prévert.

 

Le pluriel ne vaut rien à l’homme et sitôt qu’on 
Est plus de quatre on est une bande de cons. 
Bande à part, sacrebleu ! c’est ma règle et j’y tiens. 
Parmi les cris des loups on n’entend pas le mien.

 

Oui, la cause était noble, était bonne, était belle 
Nous étions amoureux, nous l’avons épousée. 
Nous souhaitions être heureux tous ensemble avec elle, 
Nous étions trop nombreux, nous l’avons défrisée.

 

Le pluriel ne vaut rien à l’homme et sitôt qu’on 
Est plus de quatre on est une bande de cons. 
Bande à part, sacrebleu ! c’est ma règle et j’y tiens. 
Parmi les noms d’élus on n’verra pas le mien.

 

Je suis celui qui passe à côté des fanfares 
Et qui chante en sourdine un petit air frondeur. 
Je dis, à ces messieurs que mes notes effarent : 
« Tout aussi musicien que vous, tas de bruiteurs ! »

 

Le pluriel ne vaut rien à l’homme et sitôt qu’on 
Est plus de quatre on est une bande de cons. 
Bande à part, sacrebleu ! c’est ma règle et j’y tiens. 
Dans les rangs des pupitr’s on n'verra pas le mien.

 

Pour embrasser la dam’, s'il faut se mettre à douze, 
J’aime mieux m’amuser tout seul, cré nom de nom ! 
Je suis celui qui reste à l’écart des partouzes. 
L’obélisque est-il monolithe, oui ou non ?

 

Le pluriel ne vaut rien à l’homme et sitôt qu’on 
Est plus de quatre on est une bande de cons. 
Bande à part, sacrebleu ! c’est ma règle et j’y tiens. 
Au faisceau des phallus on n’verra pas le mien.

 

Pas jaloux pour un sou des morts des hécatombes, 
J’espère être assez grand pour m’en aller tout seul. 
Je ne veux pas qu’on m'aide à descendre à la tombe, 
Je partage n’importe quoi, pas mon linceul.

 

Le pluriel ne vaut rien à l’homme et sitôt qu’on 
Est plus de quatre on est une bande de cons. 
Bande à part, sacrebleu ! c’est ma règle et j’y tiens

Au faisceau des tibias on n’verra pas les miens. 

Paroliers : Georges Charles Brassens

Paroles de Le Pluriel © Universal Music Publishing Group

 

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10 décembre 2018 1 10 /12 /décembre /2018 23:20

Qui n’éprouve pas de l’émotion et de la sympathie pour tous ces gilets jaunes qui disent leurs difficultés à boucler leurs fins de mois, leur sentiment de déclassement et d’exclusion, leur frustration face à une classe politique technocratique qui regarde par dessus les frontières plutôt qu’au cœur du pays en jonglant avec les statistiques et la novlangue de bois macro[n]-économico-écologique ? Après le dégagisme de 2017 qui a mis dos à dos la gauche socialiste et la droite républicaine, l’impatience du peuple saute maintenant à la gorge de ces marcheurs si peu expérimentés et déjà haïs comme une vieille branche politique. Le jeune premier mis sur le trône, il y a dix-huit mois, comme le général Bonaparte après l’exécution de tous les cadres d’ancien régime, est à son tour promis à la guillotine. Emballement digne de 1794, obsolescence programmée accélérée ? Les sans-culottes, mais avec gilets, montent à la Bastille, rejouent la Commune de Paris et célèbrent le cinquantenaire de mai 68, le pavé à la main. Chauffés à blanc par les réseaux sociaux, ces laissés-pour-compte ont d’abord décidé de squatter les ronds-points (sans toujours réaliser combien ces infrastructures florissantes ont représenté un symbole de la gabegie financière) puis ils sont venus dans la capitale pour dire aux franciliens et au pouvoir leur exaspération. - « Vous voyez on existe, vous ne nous parquerez pas dans nos provinces ou dans votre champ de Mars ! »

L’empathie est de rigueur quand on entend des retraités, des mères célibataires, des ouvriers, des employés crier leur détresse. Il faudrait être un sacré égoïste pour ne pas répondre favorablement à tous les sondages d’opinion qui dopent la résistance de ces anonymes trépignant dans le froid à la lumière des feux improvisés. Mais que faire après l’émotion ? Les médias, sevrés de menaces terroristes, alimentent ce buzz permanent en donnant la parole à qui veut la prendre, sans aucun recul ni analyse. Et les gibiers politiques d’hier sonnent l’hallali contre le dernier chasseur avec une cruauté et une irresponsabilité frénétique : - « Les aristocrates à la lanterne ! Les étrangers à la mer ! Faisons tourner la planche à billets aussi fort que la crécelle tonitruante de la démagogie ». Les responsables politiques de ces trente dernières années co-responsables, sinon plus que le jeune locataire de l’Elysée, ne sont pas les derniers à jouer les yakafaukon : augmenter les salaires, supprimer toutes les taxes, rétablir l’ISF, dissoudre l’assemblée, le sénat, renvoyer le président. En attendant ces lendemains qui chantent, Paris subit chaque samedi des vagues jaunes qui ressemblent à un tsunami hebdomadaire sans aucune organisation ni cohérence. Ce n’est plus Zazie dans le métro, c’est la zizanie dans la métropole, l’anarchie dans les rues, le chaos dans la ville ! Ils sont voyants ces gilets jaunes et touchants… mais l’habit ne fait pas le moine et encore moins la responsabilité. Sous couvert d’expression libre, ce mouvement a ouvert la boîte de Pandore à tous les extrémistes et tous les casseurs qui veulent  briser la République ou braquer les commerces et les banques. Comble de cette fièvre urbaine, la mise en sac de l’Arc-de-Triomphe le 2 décembre a symptomatiquement symbolisé le danger de basculement de cette révolte populaire dans un séisme politique qui pourrait bien entraîner tout le monde vers l’abîme. Les gilets jaunes, idiots utiles des nihilistes et des voyous, des pilleurs et des séditieux, brûlent les voitures et provoquent les forces de l’ordre, tétanisés par le syndrome Malik Oussekine. L’économie qui tardait à redémarrer est de nouveau bloquée, la croissance va rechuter,  les touristes à peine revenus à Paris après les attentats de 2015, fuient à nouveau la France. Demain, des commerces fermeront, des employés seront au chômage. Et il faudra bien payer la facture de tous ces dégâts. Qui payera ? Le mythe de la cagnotte sous le traversin est celui d’un peuple d’enfants qui croit encore aux fées et aux sorcières.

La France de la COP21 et d’un jeune président triomphant de la candidate du front national, il y a dix-huit mois serait-elle à son tour contaminée par le populisme trumpien, les dérives bolsonariennes ou salviniennes, l’impasse du Brexit  par haine de la mondialisation, de l’Europe, de l’Etat ?  S’élever contre l’impôt et réclamer plus de protection sociale (quand parfois on bénéficie de l’autre sans payer l’un), revendiquer la liberté républicaine quand on foule le processus démocratique,  se plaindre de sa précarité et briser le bien d’autrui confinent au paradoxe. Le moindre n’est pas  la complaisance des intellectuels pour ceux qui se défient de la promotion sociale suspecte de compromission morale et de mépris de classe: prenons garde que les khmers rouges n’aient pas changé de couleur. La démocratie ne s’use que si on ne s’en sert pas, mais elle peut étouffer si on lui serre le cou.

9 décembre.

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31 octobre 2018 3 31 /10 /octobre /2018 18:27

le limogeage du Premier Ministre Ranil Wickremesinghe par le Président Maithripala Sirisena et son remplacement par l’ex-homme fort du pays, Mahinda Rajapakse, le vendredi 26 octobre, le Sri Lanka s’enfonce dans une crise politique. Le président et le Premier Ministre sortant s’étaient pourtant alliés en 2015 pour évincer M. Rajapakse, président du Sri Lanka de 2005 à 2015, et qui était accusé, alors, avec son gouvernement, de corruption et de violation des droits de l’homme dans le cadre de la guerre contre les Tigres tamouls. Depuis, les deux hommes ont cependant accumulé les divergences sur la politique et les tensions entre eux sont montées d’un cran à un an de la prochaine élection présidentielle, où tous les deux envisagent d’être candidats. Dimanche 28 octobre, deux jours après cette nomination surprise, le président Sirisena a justifié sa décision au cours d’une longue déclaration retransmise à la télévision, dans laquelle il a accusé un ministre du précédent gouvernement d’avoir préparé une tentative d’assassinat le visant. Il a également reproché au chef du gouvernement sortant d’avoir pris des « décisions individuelles » sans le concerter et d’avoir laissé prospérer la « fraude et la corruption » dans le pays. Mais le jour même, la crise constitutionnelle a pris une tournure violente quand un garde du corps d’Arjuna Ranatunga, ministre du Pétrole du gouvernement démis, a tiré sur une foule hostile qui tentait de prendre en otage ce soutien de M. Wickremesinghe, tuant un homme de 34 ans. M. Ranatunga a été arrêté le lendemain. Et, alors que la crise entrait dans son troisième jour, de longues files de clients s’étiraient devant les stations essence de Colombo. Le Président du Parlement, Kari Jayasuriya, a déclaré redouter un « bain de sang » et a réclamé, comme Ranil Wickremesinghe, une session d’urgence du Parlement suspendu par le président jusqu’au 16 novembre. Ayant fait amendé en 2015 la constitution de sorte de retirer au président le droit de limoger le Premier ministre, Wickremesinghe considère cet acte comme inconstitutionnel et déclare demeurer à son poste. En l’état actuel, le camp de Ranil Wickremesinghe-Kari Jayasuriya  (UNP) compte 105 sièges sur les 225 du Parlement et celui de Mahinda Rajapkse-Maithripala Sirisena  (SLFP) 98. La majorité des 22 députés restant devrait soutenir M. Wickremesinghe en cas de vote mais de nombreuses tractations sont en cours, selon les observateurs. La communauté internationale a appelé le président Sirisena à réunir « immédiatement » le Parlement afin de trouver une issue à la crise mais le chef de l'État n’a envoyé aucun signe en ce sens.

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31 octobre 2018 3 31 /10 /octobre /2018 18:21

Le 6 septembre 2018, alors qu’il tenait un meeting à Juiz de Fora, Jair Bolsonaro, candidat d’extrême droite à l’élection présidentielle brésilienne du 7 octobre, a été poignardé à l’abdomen en plein meeting. Son état jugé critique par les médecins qui ont constaté plusieurs perforations de son intestin grêle et la perte de 2,5 litres de sang, il a été opéré à l’hôpital de Juiz de Fora, puis transféré à l’hôpital Albert Einstein de São Paulo. Son agresseur, Adelio Bispo de Oliveira, est un militant de gauche de quarante ans qui a affirmé avoir agi « sur l’ordre de Dieu » pour « des motifs politiques, religieux, et également en raison des préjugés que montre Bolsonaro à chaque fois qu’il parle de race, de religion et des femmes ». Cette tentative d’assassinat — désavouée par la classe politique et qui a conduit à la suspension de la campagne électorale — intervenait alors dans un climat de tensions inédit pour une élection présidentielle. En février 2018 déjà, la caravane de Lula avait essuyé des tirs, qui n’avaient pas fait de blessés. Fin août, des militants du  PSOL (Parti Socialisme et Liberté, gauche) avaient été agressés alors qu’ils assistaient à un meeting électoral. Jair Bolsonaro mimait lui-même régulièrement, pendant ses meetings, le geste de fusiller ses opposants, notamment les journalistes et les militants de gauche. Rapidement, cependant, les partisans de Bolsonaro ont accusé le Parti des travailleurs (de Lula), tandis que les observateurs estimaient que l’attentat pourrait faire baisser le taux de rejet du candidat. Cette agression qui aurait pu être fatale au candidat du Parti Social Libéral (PSL), semble d’ailleurs avoir bénéficié politiquement au favori du premier tour, qui était déjà solidement installé à la première place, avec 22 % des intentions de vote (selon le sondage Ibope publié la veille de l’attentat), après l’invalidation de l’ex-président Lula, le 31 août, incarcéré pour corruption et la destitution de la présidente de gauche Dilma Rousseff en 2016 puisque le candidat d’extrême droite a finalement obtenu  55, 13% des voix (46,03 % des voix au premier tour) contre  44,87% (29,28%) à Fernando Haddad. L’absence de Bolsonaro de la campagne pendant au moins une dizaine de jours  ne l’a donc pas handicapé outre mesure. Ses 8,5 millions d’abonnés sur Facebook, Twitter ou Instagram - bien plus qu’aucun autre candidat – ont été, au contraire, galvanisés par ce statut de martyr, et ont maintenu la flamme, sous la houlette des fils de M. Bolsonaro, très impliqués. « Le fait qu’il ait été poignardé va renforcer le soutien de ceux qui prônent une politique sécuritaire musclée », avec une libéralisation du port d’arme, estimait Jimena Blanco, analyste chez Verisk Maplecroft.

Qualifié de nationaliste et populiste, Jair Bolsonaro appartient au courant conservateur dit de la « Bancada B.B.B » (pour « balle, Bible, bœuf »), qui regroupe les parlementaires liés aux intérêts de la police militaire, des églises évangélistes et de l’agrobusiness. Son électorat comprend principalement des jeunes (16-34 ans), des membres des classes moyennes et supérieures, et des habitants du Sudeste. Religieux et hostile à la laïcité, il critique l’avortement. Tout en se défendant d’être homophobe, il déclarait en 2010 tolérer les violences corporelles contre les enfants présentant des tendances homosexuelles ; il s’oppose à l’union civile entre deux personnes de même sexe. Certaines de ses déclarations ont été considérées comme misogynes. Il affiche son hostilité au principe des quotas, notamment ethniques. À propos des peuples indigènes et des Noirs, il est accusé de propager des préjugés racistes. Mettant l’accent sur l’importance de la sécurité publique, cet ancien capitaine d’artillerie de l’armée de terre se montre partisan du port d’armes, de la peine de mort et de l'utilisation de la torture contre les trafiquants de drogue. En 2008, pour réduire la criminalité et la pauvreté, il se prononçait pour un contrôle des naissances au moyen de la stérilisation forcée des individus pauvres n’ayant pas reçu éducation et des criminels. Il exprime régulièrement sa nostalgie pour la dictature militaire, qualifiant le coup d’état de 1964 de « révolution démocratique ». Au niveau économique, il s’affiche comme un défenseur du libre marché et appelle à la privatisation de plusieurs compagnies publiques; cependant, des analystes indiquent que son parcours politique n’en fait pas un partisan acharné du libéralisme économique. Il est par ailleurs favorable au renforcement des liens entre le Brésil et les États-Unis.

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28 mars 2018 3 28 /03 /mars /2018 21:54

Un vendredi noir qui nous en rappelle un autre, celui du 13 novembre 2015. Ce vendredi 23 novembre 2018, un nouvel attentat perpétré dans le village de Trèbes, dans l’Aude, a fait quinze blessés et quatre morts : Jean Mazières, viticulteur, Christian Medvès, chef du rayon boucherie du supermarché U, Hervé Sosna, maçon à la retraite et Arnaud Beltrame, lieutenant-colonel de la gendarmerie qui a pris la place d’un otage et l’a payé de sa vie. Un hommage national est rendu mercredi 28 mars à ce militaire dont l’héroïsme peine à faire taire les éternelles polémiques politiques et quelques dérapages nauséabonds. Face aux fanatismes qui exhibent leurs martyrs, notre démocratie fragile se console ou se rassure en ayant trouvé un authentique héros à panthéoniser. Mais comme le disait Bertolt Brecht, les peuples qui ont besoin de héros sont malheureux car ces êtres d’exception n’existent que par la permanence du mal et ses pouvoirs de violence, de nuisance et son lot de victimes innocentes. Ce même jour funeste du 23 mars, une vieille dame de 85 ans, atteinte de la maladie de Parkinson, a été poignardée et brûlée dans l’incendie de son appartement du XIe siècle. Selon les enquêteurs, le caractère antisémite de cet assassinat ne fait guère de doutes. Mireille Knoll était de confession juive, avait réchappé à la rafle du Vel d’Hiv et épousé un rescapé de la Shoah. Un voisin est soupçonné. Heureux les peuples qui n’auront plus besoin de héros le jour où il n’y aura plus de bourreaux, de couteaux et de tombeaux. Mais ce futur de volonté cache à son tour un conditionnel d’incertitude.

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20 février 2018 2 20 /02 /février /2018 10:08

Au nom d’un juste combat contre l’oppression des femmes et de son omerta trop longtemps considérées comme une fatalité culturelle, il faudrait prendre garde à ce que la société, dans son grégarisme et son emballement médiatique, ne franchisse pas allègrement la ligne de démarcation entre la libération de la parole, l’exigence de justice et l’impératif de respect, d’une part, et l’incitation sournoise à la délation anonyme, la surenchère vindicative et d’éventuels lynchages publics sur fond de règlements de compte politiques, d’autre part. Nous ne tomberons donc pas, à notre tour, dans ce piège de nous faire les procureurs ou les avocats du Ministre de la transition écologique, en préférant que la justice règle les affaires de droit dans l’ombre sereine de ces palais et de sa temporalité. Mais, en nous souvenant de Roger Salengro, Dominique Baudis et de Pierre Bérégovoy, nous relirons la tirade de Bazile dans le Barbier de Séville de Beaumarchais : « La calomnie, Monsieur ? Vous ne savez guère ce que vous dédaignez ; j’ai vu les plus honnêtes gens prêts d’en être accablés. Croyez qu’il n’y a pas de plate méchanceté, pas d’horreurs, pas de conte absurde, qu’on ne fasse adopter aux oisifs d’une grande ville, en s’y prenant bien : et nous avons ici des gens d’une adresse ! ... D’abord un bruit léger, rasant le sol comme hirondelle avant l’orage, pianissimo murmure et file, et sème en courant le trait empoisonné. Telle bouche le recueille, et piano, piano vous le glisse en l’oreille adroitement. Le mal est fait, il germe, il rampe, il chemine, et rinforzando de bouche en bouche il va le diable ; puis tout à coup, on ne sais comment, vous voyez calomnie se dresser, siffler, s’enfler, grandir à vue d’œil ; elle s’élance, étend son vol, tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne, éclate et tonne, et devient, grâce au Ciel, un cri général, un crescendo public, un chorus universel de haine et de proscription. Qui diable y résisterait ? » Les femmes et les hommes auraient tout à perdre à chasser cette hirondelle qui fait le printemps de nouveaux rapports humains pour plonger dans l’atmosphère du Corbeau de Clouzot en écoutant les gazouillis pernicieux de l’oiseau bleu de Twitter ou les glapissements délétères d’autres rapaces de mauvaise augure.

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20 février 2018 2 20 /02 /février /2018 10:06

Le président tchèque sortant Milos Zeman, 73 ans, a été réélu samedi 27 janvier pour un deuxième quinquennat, devançant l’académicien (ex-patron de l’Académie des sciences) pro-européen Jiri Drahos, 68 ans,  de trois points (51,5% contre 48,5%). Mettant en lice deux candidats radicalement différents, le scrutin a polarisé la société tchèque autour de la question de l’immigration et de la politique étrangère du pays, membre de l’Otan depuis 1999 et de l’Union européenne depuis 2004.  La politique eurosceptique pro-russe et pro-chinoise de Zeman n’est certes pas partagée par la majorité des Tchèques mais le véritable enjeu qui oppose d’un côté Prague et les grandes villes et les milieux intellectuels et, de l’autre, les milieux ruraux et des travailleurs manuels, est la question migratoire. Connu pour ses discours anti-migrants, Zeman avait déclaré,  peu après son élection, en 2013 : « La confrérie des Frères musulmans ne peut pas lancer une guerre contre l’Europe, elle ne dispose pas de moyens, mais elle peut préparer une vague croissante de migrants pour prendre progressivement le contrôle de l’Europe ». Réélu à la tête de l’Etat, Zeman pourrait également désigner pour la deuxième fois pour former le nouveau gouvernement l’ex- Chef du gouvernement Andrej Babiš qui avait présenté sa démission le 17 janvier. Le milliardaire populiste allié de Zeman est sur le coup d’une inculpation pour fraude aux subventions européennes qui lui a valu de perdre la confiance du Parlement ce qui ne semble pas gêner le président réélu.

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10 janvier 2018 3 10 /01 /janvier /2018 21:00

Ça durera ce qu’Honduras ! Le Honduras, pays d’Amérique centrale de neuf millions d’habitants, était censé élire, lors du scrutin uninominal à un tour du 26 novembre, son nouveau Président de la République ainsi que 128 députés au Congrès, 20 députés au Parlement centraméricain, 298 maires et autant de vice- maires et 2098 conseillers municipaux.  Si les élections législatives ont abouti à un parlement sans majorité où le Parti national (de droite) conserve une majorité relative, la situation est beaucoup plus confuse en ce qui concerne l’élection présidentielle. Le Tribunal suprême électoral n’ayant toujours pas publié les résultats définitifs (il a jusqu’au 26 décembre pour annoncer le vainqueur), le président sortant, Juan Orlando Hernández, au pouvoir depuis 2014, et son adversaire de gauche, l’ancien présentateur sportif Salvador Nasralla, revendiquent tous deux la victoire. Les premiers résultats avaient donné une avance de cinq points au candidat de l’opposition, mais la tendance s’est ensuite inversée (42,98 % pour Hernández du Parti national et 41,38% pour Nasralla et l’alliance du Parti Liberté et refondation et du Parti de l’innovation et de l’unité) et, selon l’Organisation des Etats américains (OEA), le scrutin a été entaché d’irrégularités. Le camp Nasralla a jugées suspectes, en particulier, les nombreuses pannes informatiques au moment du dépouillement. Après avoir demandé que l’on recompte les voix, le candidat de l’opposition réclame maintenant l’annulation pure et simple du scrutin. Ce qui complique la situation, c’est que le président Hernández n’était pas censé se représenter en vertu de la Constitution. Mais une décision de la Cour suprême de justice en 2015 puis un vote en 2016, ont balayé cette interdiction provoquant une violente réaction de l’opposition et un fort rejet de la population. Le mandat d’Hernández a d’ailleurs été émaillé de scandales, comme le financement de la campagne de son parti en 2013, qui a été prélevé sur l’organisme de sécurité sociale ou la révélation des liens avec le narcotrafic d’un de ses ministres et de son propre frère. La corruption générée par le narcotrafic et la puissance des « maras », ces bandes de jeunes criminels si puissantes qu’elles ont instauré une forme de gouvernance parallèle au plus haut sommet de l’Etat, gangrènent un des pays les plus pauvres du monde où la pauvreté touche plus de 60% de la population et où le taux d’homicide et d’assassinats politiques est l’un des plus élevés de la planète. Depuis le 27 novembre, les manifestations se multiplient à Tegucigalpa, la capitale et dans tout le pays. Le gouvernement a décrété l’état d’urgence et au moins quatorze personnes ont été tuées lors d’affrontements avec les forces de l’ordre selon Amnesty International. Dans les états voisins, on craint une dérive à la vénézuélienne.

PS :  L’élection de Juan Orlando Hernandez a été confirmée le 17 décembre. Le Président sortant a donc été réélu avec 42,95% contre 41,24% à Salvador Nasralla

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