Chers amis, chers collègues, vous allez me manquer
Dès la rentrée prochaine, à l’heure de la reprise
Quand je serai radié, au fond de ma remise,
Je penserai à vous sur le bord de mon quai.
Trente années ont passé à Langevin-Wallon,
Riches de ces rencontres et de tous ces échanges
Où tout ce que l’on donne assurément nous change
Nous n’enseignons jamais que ce que nous valons.
J’ai aimé ce métier avec tant de passion
Qu’il a souvent gommé les fatigues de l’âge
Et balayé les doutes aux douloureux orages
Qui guettent le pilote dans sa navigation.
J’ai voulu redonner tout ce que j’ai reçu
De l’école publique dans mon adolescence,
Cette dette éternelle incite à l’exigence
Dans cette transmission qui nous place au-dessus.
Auprès de mes élèves, j’ai tout autant appris
Que j’ai pu enseigner mes quelques connaissances,
Chaque cours commencé fut comme une naissance
Et vivre autant de vies est un trésor sans prix.
Et la littérature m’a offert en cadeau,
Sous la forme des livres, le double goût des lettres
Qui naturellement induit le goût des êtres
Qui vont réenchanter nos vies, rinforzando.
Capitaine aux longs cours, j’ai écumé les mers
De nombreuses réformes sans perdre la boussole,
Il faut garder son cap quand on est à l’école
Pour ne pas s’échouer aux récifs amers.
Chers amis, chers collègues, je vous lègue ma foi
Et tout mon enthousiasme pour la seule aventure
D’éclairer les esprits des soleils de culture
Qui sauveront le monde des obscurs effrois.
Bernard Martial, le 14 juin 2022.