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16 août 2020 7 16 /08 /août /2020 13:22

Tableau établi par Bernard Martial (professeur de lettres modernes)

 

 

Titre

Thème

Vers à retenir

SPLEEN ET IDEAL

74

La Cloche fêlée

Opposition entre le son harmonieux de la cloche des souvenirs et la « cloche fêlée » de son âme meurtrie (image du vieux soldat de l’Empire.

Moi mon âme est fêlée et lorsqu’en ses ennuis

Elle veut de ses chants peupler l’air froid des nuits.

75

Spleen

(« Pluviôse irrité »)

Poème de la maladie, du froid et de la mort. Hiver et dépersonnalisation.

L’âme d’un vieux poète erre dans la gouttière

Avec la triste voix d’un fantôme frileux.

76

Spleen

(« J’ai plus de souvenirs »)

Métaphores du meuble aux souvenirs, du cimetière, du vieux boudoir et du sphinx (un ennui qui prend les proportions de l’immortalité).

J’ai plus de souvenirs que si j’avais mille ans. […]

-Je suis un cimetière abhorré de la lune,

Où comme des remords se traînent de longs vers

Qui s’acharnent toujours sur mes morts les plus chers.

77

Spleen

(« Je suis comme le roi »)

Le roi (à la fois jeune et vieux) d’un pays pluvieux qui s’ennuie et que rien ne distrait : la mélancolie. Cf. « une mort héroïque ».

S’ennuie avec ses chiens comme avec d’autres bêtes.

Rien ne peut l’égayer, ni gibier, ni faucon,

Ni son peuple mourant en face du balcon.

78

Spleen

(« Quand le ciel bas et lourd »)

Resserrement progressif sur le sentiment angoissé d’une défaite intérieure : intériorisation du spleen jusqu’à réduire le poète à n’être plus qu’un défilé de sensations et de sentiments dysphoriques.

Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle

Sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis. […]

Et d’anciens corbillards, sans tambours ni musique,

Défilent lentement dans mon âme ; et, l’Espoir

Pleurant comme un vaincu, l’Angoisse despotique

Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.

79

Obsession

Obsession et cauchemars : forêts effrayantes, océan tumultueux, étoiles incompréhensibles. Mais les ténèbres sont la toile où apparaissent des êtres familiers…

Où vivent, jaillissant de mon œil par milliers,

Des êtres disparus aux regards familiers.

80

Le Goût du néant

L’esprit vaincu ne doit plus lutter : se résigner à la chute irrémédiable.

Et le Temps m’engloutit minute par minute,

Comme la neige immense un corps pris de roideur.

81

Alchimie de la douleur

Le poète constate que son imagination est gouvernée par un principe négatif, reversement du principe de transmutation positif qui a si longtemps servi de comparant au travail poétique.

Par toi je change l’or en fer

Et le paradis en enfer.

82

Horreur sympathique

Interpellé, le libertin revendique son orgueil d’être en enfer.

Insatiablement avide

De l’obscur et de l’incertain,

Je ne geindrai pas comme Ovide

Chassé du paradis latin.

83

L’Héautontimôrouménos

« Bourreau de soi-même ou celui qui se punit lui-même en grec ancien ». titre reprenant celui d’une comédie latine de Térence (v.190-159 av. J.-C.). Le tourmenteur de la femme retourne la souffrance contre lui-même. Sentiment de fatalité à l’endroit de ses propres pulsions sadiques.

Je suis la plaie et le couteau !

Je suis le soufflet et la joue !

Je suis les membres et la roue,

Et la victime et le bourreau !

Je suis de mon cœur le vampire.

84

L’Irrémédiable

Tableau d’une condition humaine emprisonnée dans une finitude douloureuse et irrémédiablement exilée de sa nature primitive : « la conscience dans le Mal ! »

-Emblèmes nets, tableau parfait

D’une fortune irrémédiable,

Qui donne à penser que le Diable

Fait toujours bien tout ce qu’il fait !

85

L’Horloge

Prosopopée de l’horloge qui invite à méditer sur la fuite du temps et la culpabilité.

Souviens-toi que le Temps est un joueur avide

Qui gagne sans tricher, à tout coup ! c’est la loi.

TABLEAUX PARISIENS

86

Paysage

Hésitation entre intuition d’une voie nouvelle et fidélité à une tradition pastorale et idyllique à laquelle il n’a jamais adhéré jusque-là.

L’Émeute, tempêtant vainement à ma vitre,

Ne fera pas lever mon front de mon pupitre ;

Car je serai plongé dans cette volupté.

87

Le Soleil

Même tension entre la poésie de la ville et celle de l’idylle bucolique.

Quand, ainsi qu’un poète, il descend dans les villes,

Il ennoblit le sort des choses les plus viles.

88

A une mendiante rousse

Le portrait d’une mendiante à la manière des poètes du XVIe siècle (pastiche de la poésie amoureuse).

Va donc, sans autre ornement,

Parfum, perles, diamant,

Que ta maigre nudité,

      Ô ma beauté !

89

Le Cygne

Texte envoyé à Hugo : nostalgie du Paris qui n’est plus. Le cygne adresse des reproches à Dieu comme un exilé (Andromaque, Ovide, la négresse, Hugo).

Vieux faubourgs, tout pour moi devient allégorie,

Et mes chers souvenirs sont plus lourds que des rocs.

90

Les sept vieillards

Vision d’un vieillard sept fois répété à laquelle le poète s’efforce d’échapper. Incarnation d’une hostilité, d’une agressivité que Baudelaire éprouverait à l’endroit de tel aspect du réel et qui lui reviendraient par le biais de l’hallucination.

Aurais-je sans mourir, contemplé le huitième,

Sosie inexorable, ironique et fatal,

Dégoûtant Phénix, fils et père de lui-même ?

-Mais je tournai le dos au cortège infernal.

91

Les Petites Vieilles

Evocation de toutes ces petites vieilles que plus personne ne remarque et qui cachent des vies complexes et variées : symbole des habitants de Paris et de l’humanité.

Sombres ou lumineux, je vis vos jours perdus ;

Mon cœur multiplié jouit de tous les vices !

Mon âme resplendit de toutes nos vertus !

92

Les Aveugles

Portrait cruel des aveugles qui tournent les yeux au ciel : nouvelle allégorie du poète.

Eprise du plaisir jusqu’à l’atrocité,

Vois ! je me traîne aussi ! mais, plus qu’eux hébété,

Je dis : Que cherchent-ils au Ciel, tous ces aveugles ?

93

A une passante

La vision fugitive d’une femme en deuil (rêve, souvenir, réalité, fantasme ?) : un amour impossible, incarnation de l’Idéal ?

Ailleurs, bien loin d’ici ! trop tard ! jamais peut-être !

Car j’ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,

Ô toi que j’eusse aimé, ô toi qui le savais !

94

Le squelette laboureur

Angoisse d’une condamnation à vivre au-delà de la mort ; la perfection d’une forme dont la beauté aurait une fonction thaumaturge.

Qu’envers nous le Néant est traître ;

Que tout, même la Mort, nous ment.

95

Le Crépuscule du soir

Paris au crépuscule : le théâtre du Mal, le monde du travail et celui de la douleur.

Recueille-toi mon âme en ce grave moment,

Et ferme ton oreille à ce rugissement.

96

Le Jeu

Le cauchemar du poète qui se voit céder à la tentation de s’identifier à des joueurs choisissant consciemment le Mal (inspiré par une gravure de Darcis).

Et mon cœur s’effraya d’envier maint pauvre homme

Courant avec ferveur à l’abîme néant,

Et, soûlé de son sang, préférerait en somme

La douleur à la mort et l’enfer au néant !

 

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