Les Cent Jours de Barnier. A l’assaut ! Plaine morne,
Fabrice del Dongo tombé le nez dans l’eau.
…
Petit Papa Noël, quand tu descendras du
Ciel avec ton budget, délivré par tes rennes,
N’oublie pas de réduire les fractures et les peines !
25 pourrait bien être un millésime ardu.
…
Quadrature du cercle, par peur de la censure
Et pour draguer la gauche, Bayrou cèdera-t-il
Sur les 64 ans ? Choisir son péril,
Sacrifier la retraite ou acter la rupture ?
Quand l’un tire la couette, c’est l’autre qui se plaint,
La couverture à gauche et la droite s’enrhume,
Combats de polochons et nuages de plume,
Qui peut dormir tranquille avec de tels voisins ?
L’énergie politique consiste davantage
A trouver des alliés qu’à régler les problèmes
Quel que soit le surcoût de tous ces stratagèmes,
On mettra sur l’ardoise les frais de ces chantages.
Suspense ! Suspendus à la suspension,
Au retrait des réformes des lois sur les retraites,
Ceux de Bérézina battent, las, en retraite
Il n’est plus guère épais1, l’espoir de solution.
Pas de suspension, ni d’abrogation,
La renégociation ? Bayrou, contorsionniste,
Joue donc sa survie et slalome, en piste,
Entre les portes mines de ses oppositions.
Trouver une censure à son pied pour le prendre
Et pour botter les fesses à tout gouvernement,
Le jeu du cordonnier est stérile et méchant
Mais réjouit l’élu qui se mêle d’esclandres.
Michel Barnier était RNodépendant,
Bayrou est dans l’attente du choix des socialistes
Qui, ce 16 janvier…, retirent de la liste
Leur poison de censure, du moins en attendant.
Le vote2 du PS déclenche le courroux
Du gourou d’LFI qui Faure les vilipende,
Les insoumis3 détestent que les liens se détendent
Et veulent des alliés nés muets sous leur joug.
Les cigales ayant des pensées quoi qu’il en coûte
Se trouvent bien dépourvues en cet hiver venu
Elles pensent aux fourmis, taxer leurs revenus,
Affable est la fontaine au fluide goût à goutte.
Un seul mot « submersion4 » a rallumé le feu,
La politique en France est d’ordre sémantique,
Le mot, ce grain de sable, grippe les dynamiques,
Qu’importe le réel aux linguistes ombrageux.
« L’immobilisme en marche, rien ne l’arrêtera »,
Comme disait Edgar, vieille branche de Faure,
Faite en bois d’Olivier, expert en dinosaures5,
Le moonwalk6 politique toujours nous dupera.
Syndrome de Stockholm, le PS a trouvé
Dans ce mot le prétexte d’exhiber les menaces,
Qu’on lui a suggérées, pour croire à son audace,
Les ravisseurs ricanent du flou des réprouvés.
Le sens de l’intérêt général sacrifié
Au profit des querelles, des idéologies
Et des sombres ambitions d’agitateurs cyniques,
Notre pays se fige en vide pétrifié.
La gauche a enfoncé son coin7 dans la fissure
Et le Front populaire se lézarde un peu plus,
Alors que l’abbé Roux compte ses angélus,
Louvoyant8 de tribord jusqu’à bâbord amure.
Il a sauvé sa Pau9 et gagné son budget
Évitant la censure, fatale guillotine,
Un Bayrou de secours à force de rustines
Pour reprendre la route jusqu’au prochain rejet.
Des couacs et des claques, les cliques du cloaque,
Cloques et cliquetis et que de clics foutraques,
Le Palais embourbé est comme un marigot
Où les Torquemada nouent déjà leurs fagots.
Le cabinet Bayrou a gagné un répit,
Juste un cessez-le-feu, le temps que se réarment
Les fusils ennemis et que sonne l’alarme,
Sur les champs de bataille ne pousse aucun épi.
1. Comme disait Tolstoï.
2. 58 députés socialistes sur 66 ont refusé de voter la censure du gouvernement Bayrou.
3. Le chef des socialistes Olivier Faure a fustigé mardi 14 « la gauche qui braille », le député LFI Thomas Portes a traité de « collabo » sur X, une députée socialiste, avant de supprimer son message.
4. Invité de LCI lundi 27 janvier, François Bayrou a soutenu qu’il y avait en France « un sentiment de submersion » migratoire. « Les apports étrangers sont positifs pour un peuple, à condition qu’ils ne dépassent pas une certaine proportion », a-t-il développé, provoquant immédiatement l’ire unanime du Nouveau Front populaire.
5. « Ce qui est en train de se produire sous nos yeux, c'est un combat entre tyrannosaure et un diplodocus », déclare Olivier Faure, Premier secrétaire du PS le dimanche 26 janvier sur BFMTV.
6. Dans ce mouvement de dabse popularisé par Michael Jackson, le danseur se déplace à reculons tout en créant l’illusion par ses mouvements corporels qu’il est en train de marcher vers l'avant.
7. Le 3 février, le PS décide de ne pas voter la censure au grand dam de LFI. Le 4 au matin, le RN annonce qu’il ne censurera pas non plus le gouvernement.
8. Louvoyer, c’est, en termes de marine, avancer en zigzag face au vent. On marche alternativement au plus près bâbord amures, puis tribord amures (ou l’inverse) pour gagner dans le vent et se rendre à un point sur lequel on ne peut faire route directement.
9. Le 5 février, la première motion de censure (128 voix pour) et la seconde (122 voix) sont rejetées.
Objets d’étude : Le théâtre du XVIIe siècle au XXIe siècle.
Pierre Corneille, Le Menteur /
Parcours : mensonge et comédie
***
ÉPÎTRE
Monsieur,
Je vous présente une pièce de théâtre d’un style si éloigné de ma dernière, qu’on aura de la peine à croire qu’elles soient parties toutes deux de la même main, dans le même hiver. Aussi les raisons qui m’ont obligé à y travailler ont été bien différentes. J’ai fait Pompée pour satisfaire À ceux qui ne trouvaient pas les vers de Polyeucte si puissants que ceux de Cinna, et leur montrer que j’en saurais bien retrouver la pompe quand le sujet le pourrait souffrir ; j’ai fait le Menteur pour contenter les souhaits de beaucoup d’autres qui, suivant l’humeur des François, aiment le changement, et après tant de poèmes graves dont nos meilleures plumes ont enrichi la scène, m’ont demandé quelque chose de plus enjoué qui ne servît qu’à les divertir. Dans le premier, j’ai voulu faire un essai de ce que pouvaitla majesté du raisonnement, et la force des vers, dénués de l’agrément du sujet ; dans celui-ci, j’ai voulu tenter ce que pourrait l’agrément du sujet, dénué de la force des vers. Et d’ailleurs, étant obligé au genre comique de ma première réputation, je ne pouvais l’abandonner tout à fait sans quelque espèce d’ingratitude. Il est vrai que comme alors que je me hasardai à le quitter, je n’osai me fier à mes seules forces, et que pour m’élever à la dignité du tragique, je pris l’appui du grand Sénèque, à qui j’empruntai tout ce qu’il avait donné de rare à sa Médée : ainsi, quand je me suis résolu de repasser du héroïque au naïf, je n’ai osé descendre de si haut sans m’assurer d’un guide, et me suis laissé conduire au fameux Lope de Vega, de peur de m’égarer dans les détours de tant d’intrigues que fait notre Menteur. En un mot, ce n’est ici qu’une copie d’un excellent original qu’il a mis au jour sous le titre de la Verdad sospechosa; et me fiant sur notre Horace, qui donne liberté de tout oser aux poètes ainsi qu’aux peintres, j’ai cru que nonobstant la guerre des deux couronnes, il m’était permis de trafiquer en Espagne. Si cette sorte de commerce était un crime, il y a longtemps que je serais coupable, je ne dis pas seulement pour le Cid, où je me suis aidé de don Guillen de Castro, mais aussi pour Médée, dont je viens de parler, et pour Pompée même, où pensant me fortifier du secours de deux Latins, j’ai pris celui de deux Espagnols, Sénèque et Lucain étant tous deux de Cordoue. Ceux qui ne voudront pas me pardonner cette intelligence avec nos ennemis approuveront du moins que je pille chez eux ; et soit qu’on fasse passer ceci pour un larcin ou pour un emprunt, je m’en suis trouvé si bien, que je n’ai pas envie que ce soit le dernier que je ferai chez eux. Je crois que vous en serez d’avis, et ne m’en estimerez pas moins.
Je suis, MONSIEUR, votre très-humble serviteur,
Corneille.
AU LECTEUR.
Bien que cette comédie et celle qui la suit soient toutes deux de l’invention de Lope de Vega, je ne vous les donne point dans le même ordre que je vous ai donné le Cid et Pompée, dont en l’un vous avez vu les vers espagnols, et en l’autre les latins, que j’ai traduits ou imités de Guillen de Castro et de Lucain. Ce n’est pas que je n’aye ici emprunté beaucoup de choses de cet admirable original ; mais comme j’ai entièrement dépaysé les sujets pour les habiller à la française, vous trouveriez si peu de rapport entre l’espagnol et le français, qu’au lieu de satisfaction vous n’en recevriez que de l’importunité.
Par exemple, tout ce que je fais conter à notre Menteur des guerres d’Allemagne, où il se vante d’avoir été, l’Espagnol le lui fait dire du Pérou et des Indes, dont il fait le nouveau revenu ; et ainsi de la plupart des autres incidents, qui bien qu’ils soient imités de l’original, n’ont presque point de ressemblance avec lui pour les pensées, ni pour les termes qui les expriment. Je me contenterai donc de vous avouer que les sujets sont entièrement de lui, comme vous les trouverez dans la vingt et deuxième partie de ses comédies. Pour le reste, j’en ai pris tout ce qui s’est pu accommoder à notre usage ; et s’il m’est permis de dire mon sentiment touchant une chose où j’ai si peu de part, je vous avouerai en même temps que l’invention de celle-ci me charme tellement, que je ne trouve rien à mon gré qui lui soit comparable en ce genre, ni parmi les anciens, ni parmi les modernes. Elle est toute spirituelle depuis le commencement jusqu’à la fin, et les incidents si justes et si gracieux, qu’il faut être, à mon avis, de bien mauvaise humeur pour n’en approuver pas la conduite, et n’en aimer pas la représentation.
Je me défierais peut-être de l’estime extraordinaire que j’ai pour ce poème, si je n’y étais confirmé par celle qu’en a faite un des premiers hommes de ce siècle, et qui non-seulement est le protecteur des savantes muses dans la Hollande, mais fait voir encore par son propre exemple que les grâces de la poésie ne sont pas incompatibles avec les plus hauts emplois de la politique et les plus nobles fonctions d’un homme d’État. Je parle de M. de Zuylichem, secrétaire des commandements de Monseigneur le prince d’Orange. C’est lui que MM. Heinsius et Balzac ont pris comme pour arbitre de leur fameuse querelle, puisqu’ils lui ont adressé l’un et l’autre leurs doctes dissertations, et qui n’a pas dédaigné de montrer au public l’état qu’il fait de cette comédie par deux épigrammes, l’unfrançais et l’autre latin, qu’il a mis au devant de l’impression qu’en ont faite les Elzéviers, à Leyden. Je vous les donne ici d’autant plus volontiers, que n’ayant pas l’honneur d’être connu de lui, son témoignage ne peut être suspect, et qu’on n’aura pas lieu de m’accuser de beaucoup de vanité pour en avoir fait parade, puisque toute la gloire qu’il m’y donne doit être attribuée au grand Lope de Vega, que peut-être il ne connoissoit pas pour le premier auteur de cette merveille de théâtre.
IN PRÆSTANTISSIMI POETÆ GALLICI CORNELII
COMOEDIAM QUÆ INSCRIBITUR MENDAX
Gravi cothurno torvus, orchestra truci
Dudum cruentus, Galliæ justus stupor
Audivit et vatum decus Cornelius.
Laudem poetæ num mereret comici
Pari nitore et elegantia, fuit
Qui disputaret, et negarunt inscii ;
Et mos gerendus insciis semel fuit ;
Et, ecce, gessit, mentiendi gratia
Facetiisque, quas Terentius, pater
Amœnitatum, quas Menander, quas merum
Nectar Deorum Plautus et mortalium,
Si sæculo reddantur, agnoscant suas,
Et quas negare non graventur non suas.
Tandem poeta est : fraude, fuco, fabula,
Mendace scena vindicavit se sibi.
Cui Stagiræ venit in mentem, putas,
Quis qua præivit supputator algebra,
Quis cogitavit illud Euclides prior,
Probare rem verissimam mendacio ?
Constanter, 1645.
À MONSIEUR
CORNEILLE, SUR SA COMÉDIE LE MENTEUR
Eh bien ! ce beau Menteur, cette pièce fameuse,
Qui étonne le Rhin et fait rougir la Meuse,
Et le Tage et le Pô, et le Tibre romain,
De n’avoir rien produit d’égal à cette main,
À ce Plaute rené, à ce nouveau Térence,
La trouve-t-on si loin ou de l’indifférence
Ou du juste mépris des savants d’aujourd’hui ?
Je tiens tout au rebours qu’elle a besoin d’appui,
De grâce, de pitié, de faveur affétée,
D’extrême charité, de louange empruntée.
Elle est plate, elle est fade, elle manque de sel,
De pointe et de vigueur ; et n’y a carrousel
Où la rage et le vin n’enfante des Corneilles
Capables de fournir de plus fortes merveilles.
Qu’ai-je dit ? Ah ! Corneille, aime mon repentir ;
Ton excellent Menteur m’a porté à mentir.
Il m’a rendu le faux si doux et si aimable,
Que sans m’en aviser, j’ai vu le véritable
Ruiné de crédit, et ai cru constamment
N’y avoir plus d’honneur qu’à mentir vaillamment.
Après tout, le moyen de s’en pouvoir dédire ?
À moins que d’en mentir, je n’en pouvais rien dire.
La plus haute pensée au bas de sa valeur
Devenait injustice et injure à l’auteur.
Qu’importe donc qu’on mente, ou que d’un faible éloge
À toi et ton Menteur faussement on déroge ?
Qu’importe que les Dieux se trouvent irrités
De mensonges ou bien de fausses vérités ?
Constanter.
EXAMEN
Cette pièce est en partie traduite, en partie imitée de l’espagnol. Le sujet m’en semble si spirituel et si bien tourné, que j’ai dit souvent que je voudrois avoir donné les deux plus belles que j’aye faites, et qu’il fût de mon invention. On l’a attribué au fameux Lope de Végue; mais il m’est tombé depuis peu entre les mains un volume de don Juan d’Alarcon, où il prétend que cette comédie est à lui, et se plaint des imprimeurs qui l’ont fait courir sous le nom d’un autre. Si c’est son bien, je n’empêche pas qu’il ne s’en ressaisisse. De quelque main que parte cette comédie, il est constant qu’elle est très-ingénieuse ; et je n’ai rien vu dans cette langue qui m’aye satisfait davantage. J’ai tâché de la réduire à notre usage et dans nos règles ; mais il m’a fallu forcer mon aversion pour les a parte, dont je n’aurais pu la purger sans lui faire perdre une bonne partie de ses beautés. Je les ai faits les plus courts que j’ai pu, et je me les suis permis rarement sans laisser deux acteurs ensemble qui s’entretiennent tout bas cependant que d’autres disent ce que ceux-là ne doivent pas écouter. Cette duplicité d’action particulière ne rompt point l’unité de la principale, mais elle gêne un peu l’attention de l’auditeur, qui ne sait à laquelle s’attacher, et qui se trouve obligé de séparer aux deux ce qu’il est accoutumé de donner à une. L’unité de lieu s’y trouve, en ce que tout s’y passe dans Paris ; mais le premier acte est dans les Tuileries, et le reste à la place Royale. Celle de jour n’y est pas forcée, pourvu qu’on lui laisse les vingt et quatre heures entières. Quant à celle d’action, je ne sais s’il n’y a point quelque chose à dire, en ce que Dorante aime Clarice dans toute la pièce et épouse Lucrèce à la fin, qui par là ne répond pas à la protase. L’auteur espagnol lui donne ainsi le change pour punition de ses menteries, et le réduit à épouser par force cette Lucrèce qu’il n’aime point. Comme il se méprend toujours au nom, et croit que Clarice porte celui-là, il lui présente la main quand on lui a accordé l’autre, et dit hautement, quand on l’avertit de son erreur, que s’il s’est trompé au nom, il ne se trompe point à la personne. Sur quoi, le père de Lucrèce le menace de le tuer s’il n’épouse sa fille après l’avoir demandée et obtenue ; et le sien propre lui fait la même menace. Pour moi, j’ai trouvé cette manière de finir un peu dure, et cru qu’un mariage moins violenté serait plus au goût de notre auditoire. C’est ce qui m’a obligé à lui donner une pente vers la personne de Lucrèce au cinquième acte, afin qu’après qu’il a reconnu sa méprise aux noms, il fasse de nécessité vertu de meilleure grâce, et que la comédie se termine avec pleine tranquillité de tous côtés.
RÉSUMÉ
Acte I
Dans cet acte nous rencontrons Dorante, un jeune homme qui revient à Paris après avoir quitté Poitiers. Désormais cavalier, il se réjouit d’avoir échappé à la carrière juridique que son père souhaitait pour lui. Accompagné de son valet Cliton, il discute des mœurs parisiennes et de la manière de courtiser les femmes. Dorante prétend vouloir simplement une relation légère, mais Cliton devine rapidement que son maître est en quête de conquêtes amoureuses plus sophistiquées.
La scène bascule lorsque Dorante croise deux jeunes femmes, Clarice et Lucrèce. Après avoir aidé Clarice qui a trébuché, Dorante engage une conversation galante avec elle. Il commence à lui déclarer son amour et à inventer des histoires héroïques sur ses exploits guerriers, notamment en Allemagne, alors qu’il n’a jamais quitté Poitiers. Cliton, étonné par ces mensonges, tente en vain d’interrompre son maître.
Peu après, Dorante rencontre deux de ses amis, Alcippe et Philiste, et continue ses exagérations en racontant une somptueuse fête sur l’eau qu’il prétend avoir organisée pour séduire une dame. Alcippe, lui-même amoureux de Clarice, commence à soupçonner Dorante d’être un rival. Cet acte introduit ainsi le personnage menteur de Dorante et le thème central de la pièce : les quiproquos et les mensonges qui le mèneront dans des situations de plus en plus compliquées.
Acte II
Cet acte est centré sur des malentendus et des quiproquos amoureux qui mettent en scène Clarice, Isabelle, Alcippe et Dorante, chacun étant pris dans des jeux d’apparences et d’intentions. Clarice, à qui Géronte veut imposer son fils Dorante comme époux, se montre réticente. Elle souhaite voir Dorante avant d’accepter ce mariage arrangé, mais sans se compromettre aux yeux de la société. Géronte propose de lui présenter Dorante sous sa fenêtre, afin qu’elle puisse l’observer discrètement. Clarice, consciente que l’apparence ne fait pas tout, exprime à Isabelle ses doutes quant aux qualités profondes de Dorante. Isabelle lui suggère un stratagème : demander à leur amie Lucrèce d’écrire à Dorante sous un faux nom, afin que Clarice puisse lui parler en secret et ainsi mieux le juger.
Pendant ce temps, Alcippe, déjà amoureux de Clarice, entre en scène, jaloux et en proie à des soupçons. Il accuse Clarice d’avoir passé la nuit avec Dorante, un malentendu causé par une fausse rumeur. Clarice tente de se justifier, mais Alcippe, aveuglé par la jalousie, refuse de l’écouter et la menace de se venger en défiant Dorante en duel.
La tension s’intensifie lorsque Dorante, ignorant qu’on le promet à Clarice, révèle à son père qu’il est déjà marié, dans des circonstances rocambolesques. Il raconte comment, à Poitiers, il a été contraint d’épouser une jeune femme nommée Orphise après avoir été surpris dans sa chambre par son père, une situation qui aurait pu coûter sa vie.
Cet acte dévoile ainsi les prémices de conflits et de tromperies où les intentions des personnages se confrontent à la réalité de leurs actes et des conventions sociales.
Acte III
Dans l’Acte III du Menteur, plusieurs intrigues se développent autour des malentendus et mensonges de Dorante. La scène commence par une confrontation entre Dorante et Alcippe, qui accuse Dorante d’avoir organisé une fête en l’honneur de la femme qu’il aime. Alcippe, rongé par la jalousie, est persuadé que Dorante a voulu l’humilier en cachant son retour et en courtisant sa bien-aimée. Cependant, Dorante explique que la femme en question est mariée et qu’Alcippe se trompe totalement. Les deux hommes se réconcilient rapidement, bien que les doutes d’Alcippe persistent.
Ensuite, Philiste dévoile à Alcippe la véritable cause de son malentendu : son valet s’est trompé, croyant avoir vu Clarice à un festin sur l’eau. En réalité, c’était une autre femme, ce qui a provoqué l’errance des soupçons d’Alcippe. Philiste promet d’aider à apaiser Clarice, qui a été offensée par cette fausse jalousie.
Dans une autre scène, Clarice et Isabelle discutent de l’identité de Dorante. Clarice découvre que le mystérieux homme qui lui a tant menti est le fils de Géronte, un homme que son père lui a vanté comme un futur époux potentiel. Clarice, blessée par les mensonges de Dorante, réalise également qu’il a manipulé Alcippe en créant de la jalousie entre eux.
Enfin, Dorante rejoint Clarice sous le faux prétexte de courtiser Lucrèce, mais il continue à inventer des histoires pour se justifier. Clarice le confronte avec ses mensonges, mais Dorante, avec son talent pour improviser, invente encore une nouvelle histoire, feignant un mariage pour éviter un autre engagement. Clarice, amusée mais agacée, n’est pas convaincue par ses paroles.
Cet acte met en avant les complexités des relations amoureuses et la manière dont le mensonge peut tout compliquer, révélant la fragilité des sentiments humains.
Acte IV
Dorante continue de tisser son réseau de mensonges tout en essayant de séduire Lucrèce. La scène s’ouvre avec Dorante et Cliton, discutant des stratégies amoureuses à utiliser pour gagner les faveurs de Lucrèce. Dorante croit que la générosité pourrait jouer un rôle, mais Cliton lui rappelle que cette méthode fonctionne surtout avec les femmes plus superficielles. Dorante mentionne ensuite un duel secret qu’il aurait mené contre Alcippe, qu’il croit avoir tué. Pourtant, Alcippe apparaît soudainement en pleine forme, annonçant son mariage imminent avec Clarice. Ce revirement surprend Cliton, qui reste sceptique devant les explications de Dorante, notamment concernant l’usage supposé de la mystérieuse « poudre de sympathie » qui aurait sauvé Alcippe.
Le père de Dorante, Géronte, entre ensuite en scène et insiste pour rencontrer la future épouse de son fils. Dorante, piégé par ses propres mensonges, prétend que sa femme est enceinte et incapable de voyager. Géronte, ravi à l’idée d’un futur petit-enfant, s’en va joyeusement, laissant Dorante soulagé mais conscient que la vérité finira par éclater.
Dans les dernières scènes, Sabine, la servante de Lucrèce, joue un rôle crucial. Elle reçoit un pot-de-vin de Dorante et tente de convaincre sa maîtresse de ses intentions sincères. Lucrèce, cependant, reste méfiante à cause de la réputation de menteur de Dorante, bien que Sabine suggère que Lucrèce soit déjà à moitié conquise. Finalement, Sabine promet de transmettre un message conciliant à Dorante, tout en offrant à Lucrèce des opportunités pour l’observer discrètement et tester ses intentions.
Acte V
Ce dernier acte marque le dénouement des intrigues et révèle les conséquences des mensonges de Dorante. Dès la première scène, Géronte, père de Dorante, tente de vérifier les informations données par son fils. Philiste, un ami, ne reconnaît aucun des noms cités par Géronte, ce qui éveille encore plus ses soupçons. Géronte se montre sévèrement désabusé par le comportement de son fils, qu’il traite de menteur et de manipulateur.
Lorsque Dorante apparaît dans la scène suivante, Géronte le confronte violemment, reprochant à son fils son manque d’honneur. Dorante, pris au piège de ses mensonges, tente de se défendre en expliquant son amour pour Lucrèce, une femme qu’il dit avoir choisi au détriment de Clarice, la prétendante initialement choisie par son père. Géronte doute encore, mais il accepte de vérifier la véracité de cette nouvelle déclaration en allant demander Lucrèce en mariage pour son fils.
Parallèlement, Dorante, en proie au doute et à une certaine confusion, admet à Cliton qu’il est aussi attiré par Clarice, rendant ainsi la situation plus complexe. Sabine, la servante de Lucrèce, informe Dorante que sa lettre a été déchirée, ce qui l’inquiète, mais il garde espoir grâce à quelques signes positifs. La scène se termine par une confrontation entre Clarice, Lucrèce, et Dorante. Clarice et Lucrèce découvrent que Dorante leur a menti à toutes les deux. Clarice, particulièrement blessée, met Dorante face à ses contradictions, tandis que Lucrèce manifeste un désir de vengeance.
Le dialogue final entre Dorante et Cliton révèle que Dorante est toujours partagé entre les deux femmes, mais semble pencher vers Lucrèce. Il conclut en admettant qu’il va devoir jouer un « nouveau jeu » pour démêler cette situation. Cet acte met ainsi en lumière l’art du mensonge et ses répercussions sur les relations humaines, tout en laissant en suspens le sort final des personnages.