Divorcé de Patty, père d’une fille, Jill, qui va entrer à la faculté de médecine d’UCLA, Frank Machianno, 62 ans, vit avec Donna, une ex-danseuse de Vegas depuis huit ans et cumule quatre emplois de gestionnaire de commerces d’appâts de pêche, de vente de poisson et de linge de maison et d’une agence immobilière sur la côte californienne. Une vie dense et bien réglée, tout juste ponctuée de séances de surf sur la plage de San Diego, jusqu’au jour où son passé de tueur à gage de la mafia le rattrape. Frank Machine accepte de rendre service au fils d’un boss local mais l’affaire tourne mal. Le voici en cavale, traqué par des tueurs impitoyables et par la police.
Attention ! La suite du texte dévoile l’intrigue. Si vous n’avez pas encore lu le roman, passez au 2. Critique.
1. Résumé détaillé.
1. Frank Machianno se lève à 3h45 du matin ...
Frank Machianno se lève à 3h45 du matin, prend sa douche, met la musique de La Bohème au salon et se dirige dans sa cuisine qu’il a aménagée lui-même. Frank sait y faire avec la cuisine et avec les femmes. Il se prépare un café à l’ancienne et un sandwich à l’œuf. Sa fille Jill, qui est en classe préparatoire à l’université de médecine de San Diego, lui conseille de faire attention à son cholestérol, à 62 ans mais Frank n’en a cure. Il fait encore froid à 4h10 du matin quand il monte dans son pick-up Toyota, on est encore en hiver. A la radio, on parle d’un scandale de corruption à la mairie ; il change de station pour écouter de la musique classique. Il a deux cartes d’abonnement pour l’opéra de San Diego où il se rend parfois avec Donna. En roulant vers Ocean Beach, il avale son sandwich à l’œuf. C’est Herbie Goldstein qui l’avait convaincu de goûter au bagel à l’œuf quand ils écumaient ensemble les boîtes de Las Vegas.
2. La boutique de Frank sur Ocean Beach.
A 4h15, Frank arrive à sa boutique d’appâts Ocean Beach Bait and Tackle (Amorces et articles de pêche), située près l’Ocean Beach Pier, la plus grande jetée de Californie et de l’Ocean Beach Pier Café où il déguste des œufs machaco et de délicieuses omelettes au homard. A cette heure très matinale, il n’y a pas foule même si l’OBP Café est ouvert sept jours sur sept, 24 h sur 24. Frank se gare, rejoint sa boutique à pied et regarde l’océan. Les surfeurs seront sortis en force, surtout les gunners 1 (les spongers 2 resteront sur le rivage). Frank connaît tous les spots de surf de la côte, il a grandi là, du temps de l’âge d’or des sixties. A l’époque, il travaillait sur le thonier de son vieux et l’après-midi, il courait retrouver ses potes sur la plage puis il surfait jusqu’à la tombée de la nuit. Quand le soleil était caché, tout le monde se rassemblait autour d’un feu où l’on mangeait avant de chanter. Puis, on s’éclipsait à l’écart avec sa couverture et une des filles avec qui on flirtait. Et au matin, on repartait travailler. A l’époque, il pouvait faire ça ; maintenant les efforts lui coûtent. La nostalgie le gagne.
Son magasin n’est pas ouvert depuis deux minutes que les pêcheurs commencent à entrer. Frank les connaît presque tous : en plus des retraités, il y a de plus en plus d’Asiatiques, tout étonnés de voir qu’avec une simple ligne de pêche ils pouvaient nourrir leur famille et de jeunes prolos blancs, pour la plupart des manœuvres sortant de leur quart de nuit. La moitié de ces nouveaux pêcheurs chassent à l’arbalète ce qui provoque des tensions avec les surfeurs. Frank n’aime pas qu’il y ait de la tension sur la jetée. Ce doit rester un lieu de plaisir. Tout le monde, ici, aime Frank, le gars aux appâts : les habitués, les pêcheurs occasionnels, les touristes. A Noël, il décore sa cabane, à Halloween, il se déguise et distribue des bonbons et organise chaque année un concours de pêche et distribue des prix à chaque gosse qui y participe. Les locaux l’aiment parce qu’il finance une équipe de juniors et paie les tenues des gamins qui jouent au football, achète des paniers de basket du parc local et un emplacement publicitaire dans le programme chaque fois qu’un lycée donne une pièce de théâtre. Ce matin, il sert les appâts à ses premiers clients matinaux puis, à la faveur de l’accalmie, il peut aller regarder les surfeurs. Il n’est plus en âge de se mesurer à eux. Il s’installe pour faire ses mots croisés, autre « héritage » d’Herbie Goldstein et attend le Gentlemen’s Hour. Cette institution des spots californiens débute autour de 9h30-9h, quand les plus jeunes ont regagné leur travail. Elle réunit les plus âgés qui sont moins pressés et avides de performance. Soudain, un charivari se déclenche sur la jetée. Un différend oppose un Vietnamien et un arbalétrier au sujet d’un poisson. Pour Frank, il est évident que c’est le Vietnamien qui l’a pêché, son hameçon est dans la bouche du poisson. Il le dit à l’arbalétrier qui a arraché le poisson. L’homme ne sait pas qui est Frank. Il est bien le seul sur la jetée où Frank est un de ces shérifs qui maintiennent l’ordre. Frank devine que l’arbalétrier vient de l’East County, peut-être d’El Cajon. Il est surtout accro à la métamphétamine. Frank lui demande de rendre le poisson. Le camé lance une insulte raciste à l’Asiatique mais il comprend vite qu’il n’a pas intérêt à insister. Et il s’en va.
3. Gentlemen’Hour avec Dave Hansen.
Frank pagaie jusqu’à Dave Hansen qui est déjà sur sa planche dans la lineup 3 et se range à son côté. Dave et Frank sont potes depuis peut-être vingt ans. A 60 ans, le grand flic a toujours le ventre plat, il surfe, court, surveille son alimentation. A cause du froid, Frank a bien failli ne pas se mettre à l’eau mais il se force pour rester jeune. Il a revêtu sa combinaison, sa capuche et ses bottes. Ils parlent de l’ « Opération Cache-Sexe » qui veut s’attaquer aux derniers vestiges du crime organisé à San Diego et s’en prendre à la corruption (flics, conseillers municipaux, un sénateur…). Une belle série de vagues s’annonce. Frank regarde Dave prendre la vague et prend la suivante. « Sans vouloir offenser Donna, Patty, ni aucune des femmes à qui il a fait l’amour, il n’y a rien de meilleur au monde. » (26) Dave annonce à Frank qu’il a décidé de prendre sa retraite anticipée, en accord avec sa femme Barbara. Il veut faire du surf, voyager et passer plus de temps avec ses petits-enfants. Sa fille, Melissa, a eu un bébé deux ans plus tôt et en attend un autre. Il s’arrêtera dans neuf mois, en septembre, le meilleur mois sur la plage. Ils chevauchent encore une vague et se retrouvent à l’OBP Café autour d’un café et d’un rouleau à la cannelle.
4. Frank déjeune avec sa fille Jill au Lemon-grass Café d’Encinitas et passe à la boutique de Donna.
Après la Gentlemen’s Hour, Frank entame sa journée de travail. Toutes ses journées sont chargées. Comment faire autrement avec quatre activités professionnelles, une ex-épouse et une petite-amie ? Pour cela, il s’en tient religieusement à une routine stricte. Religieusement… la dernière fois qu’il est passé chez Patty pour réparer une fuite sous l’évier, ils se sont justement disputés à propos de la religion. Il n’a pas envie d’aller à l’église entendre des prêtres pédophiles lui faire la morale. La messe ne fait pas partie de sa routine. Après son quart à la boutique d’appâts, il consacre les deux premières heures à faire la tournée des restaurants qu’il dessert pour leur rendre une « visite de courtoisie » (s’assurer que les propriétaires sont satisfaits de ses prestations, du linge et du poisson, ont bien reçu les commandes). Vers 13h, Frank a rendu visite à une douzaine des meilleurs restaurants de San Diego. Aujourd’hui, son itinéraire le conduit du sud vers le nord, car il finira sa tournée à Encinitas, où il a rendez-vous avec sa fille Jill au Lemon-grass Café, un restaurant végétarien sur le Pacific Coast Highway (le restaurant ne fait pas partie de sa clientèle). Patty et lui ont cru longtemps qu’ils ne pourraient jamais avoir d’enfants et Jill était arrivée. Après la séparation avec Patty, ils étaient restés longtemps étrangers l’un à l’autre et puis, à la fin de sa première année de fac, un déclic s’était produit. Malgré quelques scories de ressentiments, ils se retrouvaient maintenant chaque mardi pour déjeuner. Après avoir commandé (pour elle une soupe au tofu et à la lemon-grass et pour lui un sandwich à l’aubergine… qui ne l’enchante guère), elle lui demande des nouvelles de sa boutique et ils parlent de Patty, la mère de Jill. Puis, elle montre à son père une enveloppe à l’en-tête de l’université de Los Angeles. Elle est reçue à la fac de médecine de l’UCLA. Elle veut être oncologue. Avant de commencer à l’automne, elle compte exercer un ou deux petits emplois pendant l’été, puis prendre un temps partiel pendant l’année universitaire. Mais Frank veut qu’elle se consacre entièrement à ses études dès la rentrée. Il trouvera bien un moyen de l’aider même si ses emplois cumulés (appâts, linge de table, poisson et immobilier l’après-midi) ne lui rapportent pas beaucoup d’argent. Il lui demande si elle a un petit copain. Elle n’a pas le temps de mener de front des études de médecine et une vie amoureuse, dit-elle. Frank paie l’addition et la raccompagne jusqu’à sa petite Toyota Camry. « Tu as été un très bon père », lui dit-elle avant de partie (35)
Il est à peine installé dans le fourgon que son portable sonne. C’est Patty qui lui demande de venir réparer le broyeur d’ordures. Frank sait qu’elle ne le lâchera pas tant qu’il n’aura pas réparé le broyeur lui-même. Frank quitte la route pour une galerie marchande de Solona Beach, entre dans un Starbucks, commande un cappuccino et roule jusqu’à la boutique de Donna. Elle est derrière son comptoir et le remercie de son attention. Donna mange comme un oiseau. On lui donnerait la trentaine alors qu’elle approche de la cinquantaine et elle a encore sa silhouette de danseuse. Chaque fois qu’il vient la voir, il lui apporte son cappuccino. Et des fleurs, une fois par semaine. Et quelque chose qui brille à Noël et à son anniversaire. Elle lui coûte cher. Pourtant, elle a mis de l’argent de côté quand elle était danseuse à Vegas. Puis elle s’est installée à San Diego et a ouvert sa boutique de chic. Frank lui avait conseillé d’aller plutôt à LaJolla mais les loyers y sont trop chers et les clientes, de toute façon, viennent chez elle. En ce moment, justement, il y en a trois dans la boutique. Frank et Donna sont ensemble depuis huit ans. Il lui annonce la nouvelle pour Jill. Donna et Jill ne se sont jamais rencontrées. Jill reste loyale à sa mère et Donna le comprend. Frank doit partir.
5. Suite de la tournée de Frank dans les autres sociétés qu’il gère.
Il contourne Ocean Beach pour aller contrôler la demi-douzaine de copropriétés, maisons et petits immeubles de rapport dont il s’occupe en sa qualité de partenaire et commanditaire d’OB Property Management, partenariat fondamentalement limité, au demeurant, aux seuls Frank Machianno et Ozzie Ransom, dont le nom apparaît sur toute la paperasse et qui se charge de gérer la trésorerie. Sauf que Frank refait toujours les comptes après Ozzie de crainte qu’il ne le vole. Frank adopte la même attitude protectrice quant à la haute moralité de tous ses « associés » que ce soit dans le linge de table ou dans la poissonnerie. Il contrôle régulièrement et aléatoirement leurs livres de compte. Et tous les trimestres, Frank demande à son comptable et avocat, Sherm « Unsou » Simon, de compulser les registres avec lui pour établir sa feuille d’impôt et s’assurer que, même si le gouvernement le dépouille, ses associés, eux, s’en abstiennent. Frank est méticuleux sur la tenue des comptes car la dernière chose qu’il souhaite, c’est un redressement fiscal. Son commerce d’appâts et toutes ses entreprises annexes sont parfaitement légaux. Il gère son commerce de fourniture de linge de table, son poisson et ses locations. Ces dernières lui donnent d’ailleurs beaucoup de soucis. Beaucoup de touristes de passage prennent des locations et finissent par se rendre compte qu’ils n’ont pas les moyens de payer. Il est obligé d’être très vigilant. Il se trouve confronté à de nombreuses rotations. Aujourd’hui, il a rendez-vous avec deux jeunes dames pour un entretien. Après vérification, il accepte de leur louer la maison. Puis il gagne rapidement un appartement en copropriété pour contrôler la réactualisation de la cuisine. Ensuite, il part à la « chasse aux opportunités ». Il explore le voisinage en quête d’appartements et de maisons à louer… il déniche trois ou quatre possibilités. Puis il file à Ajax Linen Supply et passe en revue les commandes de la semaine (celle des torchons de la Marine House a diminué de 20%). Puis il contrôle rapidement les recettes de la journée avant de se rendre aux bureaux de la Sciorelli Fish Company où il discute avec Sciorelli du prix de l’albacore, de la crevette mexicaine. Enfin il remonte dans son fourgon pour regagner l’OB Pier. Il prend la direction de la Petite Italie, tout en haut de la côte qui part de l’aéroport. Il doit continuer à faire des réparations dans la vieille baraque.
6. Frank passe chez Patty puis va au restaurant avec Donna.
La vieille baraque… est une belle demeure de deux étages de style victorien dans le quartier de Petite Italie à San Diego. Il est sur le point d’insérer la clé dans la serrure quand Patty lui ouvre la porte de l’intérieur. Si elle l’énerve, Patty reste encore une femme séduisante. Il entre dans la cuisine pour réparer le broyeur pendant qu’elle lui prépare du café. Frank est pressé car il doit revenir à la boutique d’appâts pour le coup de feu du coucher de soleil, avant de rentrer chez lui, de se doucher, de s’habiller et d’aller chercher Donna. Mais il ne fait aucune allusion à Donna devant Patty. Il ne l’a pas épousée pour ses talents de cuisinière mais parce qu’elle ressemblait à Ida Lupino, la star de l’écran. Il préfère parler de Jill. Frank se souvient des circonstances de sa naissance. Patty lui demande de terminer la réparation car elle doit aller à sa séance de yoga. Frank éprouve subitement une forme de jalousie : il y a un homme derrière ça. Patty a pourtant bien le droit d’avoir sa vie. Puis, revenant au broyeur, il lui fait des reproches sur ce qu’elle a accumulé dans l’évier. Patty lui propose de goûter ses gnocchis, oubliant au passage sa séance de yoga. La réparation terminée, Frank s’en va.
Il regagne la cabane juste à temps pour la ruée du soir. Le jeune Abe peut certes se charger du commerce au ralenti de l’après-midi, mais il panique dès que les pêcheurs nocturnes commencent à faire la queue pour réclamer les appâts. En outre, Frank tient à se trouver sur place pour fermer lui-même la caisse. Il aide Abe à affronter la cohue, boucle la recette, baisse le rideau et fonce chez lui prendre une douche rapide et se débarrasser de cette odeur de poisson. Il passe un complet sur une chemise à manches longues et sort la Mercedes. Il a encore le temps de passer dans trois nouveaux restaurants avant d’aller chercher Donna. La routine est immuable : il commande un tonic au bar et demande à parler au patron en lui proposant ses services pour le linge de table. Neuf fois sur dix, on le rappelle. Puis, il va chercher Donna à son appartement, dans un vaste ensemble donnant sur la plage. Il a la clef mais sonne à la porte. Elle a une allure fantastique malgré sa quarantaine dépassée. Ancienne danseuse (sage) de Vegas, elle a su arrêter à temps et s’est établie à Solana Beach où elle a ouvert une boutique. Ils longent la côte jusque chez Freddie de la Mer, un vieil établissement de San Diego sur la plage de Cardiff. L’hôtesse connaît Frank et les installe à une table près de la fenêtre. Avec ce front orageux qui s’approche, le ressac éclabousse déjà la vitre. Ils parlent de prendre deux jours de congé mais aucun n’y songe vraiment ; ce sont deux bourreaux de travail et ils ne s’entendent bien que parce qu’ils ne passent guère de temps ensemble. Ils passent leur commande et pendant que Donna s’éclipse pour aller aux toilettes, Frank va saluer le chef et lui parler commandes de poisson. Puis il cherche John Heaney. Il le connaît depuis longtemps. Ils surfaient ensemble quand John possédait encore son propre restaurant à Ocean Beach, perdu dans un pari lors d’un Monday Night Football. Puis il était allé travailler au casino de Viejas d’où ils s’étaient fait renvoyer avant que Frank lui trouve cet emploi chez Freddie. Aux dernières nouvelles, Johnny travaillait au noir en tant que gérant de nuit au Hunnybear’s. Frank le retrouve finalement dehors, en train de fumer un cigare et de boire de l’alcool. John a peur que sa boîte soit fermée à cause de l’Opération Cache-Sexe. Frank le rassure. Il trouvera toujours du travail. Frank regagne la table juste avant Donna et ils reprennent leur repas. La pluie tombe de plus en plus fort, ce qui est rare à San Diego. L’appartement de Donna ne donne pas sur la plage mais sur l’arrière mais ce n’est pas la préoccupation de Frank quand il y va. Leurs amours obéissent à un rituel. Après avoir fait l’amour, Frank décide de rentrer chez lui, il a beaucoup de travail le lendemain. C’est la routine… sauf que ce soir, ça se passe autrement.
7. Travis Renaldi et Mouse Junior débarquent chez Frank.
Ce soir, en rentrant chez lui, Frank remarque une Hummer garée dans son allée. Il va se garer à trois blocs de là, prend son .38 S&W sous son siège et le fourre dans la poche de son imper et se rapproche de chez lui en contournant la maison par l’est. Il remonte l’allée, ouvre la porte arrière du Hummer et pointe le canon de son revolver dans la tempe du chauffeur. Les deux hommes à bord qui écoutent du rap et fument des joints, sont Travis Renaldi et Mouse Junior. Frank n’a pas revu le fils de Mouse Senior depuis huit ans. Mouse Senior, alias Peter Martini, est le boss de ce qui reste de la famille de L.A., et donc de l’équipe de San Diego. Il doit ce sobriquet de « Mouse » à Danyl Gates, le chef de la police de L.A., qui a surnommé « mafia à la Mickey Mouse » la pègre de la côte Ouest. Il n’est devenu Mouse Senior qu’après la naissance de son fils, nommé Peter lui aussi. Frank ne peut ni pointer son arme sur le gamin d’un boss ni lui refuser l’hospitalité. Mouse Senior envoie son fils vérifier que Frank est toujours sur le pied de guerre. Parce que si le nom de Mouse Senior n’est pas cité dans l’affaire du contrat sur Goldstein, il en est pourtant le commanditaire et Frank le sait. Mouse Senior est prudent. Pendant trois ans, à la fin des années 1980, Bobby « la Bête » Zitello a porté un micro sur lui et il a envoyé la moitié de la famille en prison pour quinze ans. Mouse Senior en est sorti mais il ne tient pas à y retourner. Mais l’affaire Goldstein pourrait bien l’y renvoyer à perpète. Herbie s’est fait tuer en 1997 et deux malfrats ont reconnu avoir perpétré l’assassinat. Mais les Fédéraux, dans le cadre de l’opération Presse-bouton, ont réussi à les retourner et les deux gars ont décidé de négocier. Autant que Frank sache que Mouse Senior est sous le coup d’une inculpation potentielle. Frank fouille les deux hommes à l’entrée. Peut-être que Mouse Senior ne tient pas à ce que Frank balance le nom de celui qui a commandité le meurtre de Goldstein. Mais il n’aurait pas envoyé son fils pour ça. Frank offre deux Coronas aux jeunes et leur demande la raison de leur visite. Mouse Junior (qui préfère qu’on appelle « J. ») explique qu’il gère, avec Travis, une entreprise de films porno, Golden Productions. Ils touchent une part sur la moitié de la distribution sortant de la San Fernando Valley. Frank se souvient que Mike Pella voulait qu’il investisse dans le porno mais il avait refusé. Mouse Junior et Travis ont investi dans un studio, distribuent un paquet de copies sur le marché légal et… trois fois plus au marché noir. C’est encore plus facile avec les DVD. Cependant, ils ont un « petit » problème avec Détroit qui leur a présenté certaines personnes. Ils ne sentent pas redevables mais Frank connaît bien les règles. Détroit (alias « the Combination », la Combine) possède depuis toujours une part de San Diego ; du moins depuis les années 1940 quand Paul Moretti et Sal Tomenelli se sont pointés pour ouvrir un grand nombre de bars, de restaurants et de boîtes de strip-tease dans le centre-ville. Dans les années 1960, Paul et Tony ont écoulé des tonnes d’héroïne par ces établissements, mais après le meurtre de Tomenelli, ils se sont repliés sur l’usure, les clubs de strip, le porno et les prostituées. En raison du prestige de Moretti, Joe Migliore, son gendre, a eu accès à San Diego, sans jamais devoir en référer à L.A. ni même lui rendre des comptes. Un peu comme si Détroit gérait sa propre petite colonie autonome de Gaslamp District 4 ! Teddy, le fils de Joe tient toujours le Callahan’s dans le Lamp et dirige ses autres affaires depuis son arrière-salle. Mouse Junior n’est pas content que Vince Vena exige 60% des parts alors qu’ils font tout le boulot. Vince Vena est un gros ponte. Le bruit court qu’il vient d’entrer au conseil de gouvernement de la Combine. Pas étonnant que Mouse Junior ait peur. La famille de L.A., qui est en perte de vitesse, s’apprête donc à investir dans un des rares secteurs générateurs de profit. D’où l’idée de s’attaquer au fils de Mouse Senior qui est affaibli par l’affaire Goldstein. Une réunion est déjà prévue avec Vena pour trouver un arrangement. Frank conseille à Mouse Junior de transiger : il demande 60%, il acceptera 40, peut-être 35. Mais Junior ne veut pas. Il propose à Frank la somme de 50.000. Frank réfléchit : cela permettrait de régler pas mal de frais de scolarité. Mais il refuse. Mouse Junior insiste : son père voudrait un témoignage de la loyauté de Frank. Celui-ci comprend que Mouse Senior veut faire d’une pierre deux coups : se débarrasser du problème de son fils et tenir Frank. Il finit par accepter et demande à Junior d’arranger une rencontre. Travis exulte ; il est persuadé que Vena va se plier. Mouse Junior propose alors à Frank de lui donner la moitié de la somme tout de suite et le reste une fois le travail exécuté. « La totalité d’avance ! » demande Frank. La méthode aurait voulu qu’ils passent par un intermédiaire, Mike Pella. D’ailleurs, Frank aurait aimé discuter de la situation avec son ami, confident, associé et capitaine. Mouse Junior insiste : deux tiers, un tiers ! mais il finit par céder. Son père l’avait prévenu que Frank voudrait la totalité d’avance. L’argent est dans la Hummer. « En ce cas, pourquoi as-tu essayé de discutailler ? » (64) Mouse Junior informe Frank que la réunion est fixée le soi-même. Il est déjà minuit. Il doit se lever à 3h45.
8. Retrouvailles fatales avec Vince Vena sur le Becky Lynn.
Mouse Junior compose le numéro de Vince et passe le portable à Frank. Frank connait Vince Vena depuis les années 1980, à Vegas. Il était alors un pilier du Stardust. Quand il n’était pas à la table de black-jack, il allait assister aux spectacles des comiques et se vantait d’imiter Rodney Dangerfield. Vince est surpris d’avoir Frank au bout du fil. Frank lui parle de Mouse Junior ; Vince se moque de lui. Frank le prévient qu’il va venir à la réunion. Frank est décidé à prélever 10.000 $ sur les 50 pour faire un geste, puis à négocier avec Vince une réduction de 15% sur le reste de l’opération. Frank pense que Vince devrait accepter. Sinon, Mouse Junior sera en mesure de se plaindre de Vince à Détroit. La réaction de Vince, d’ailleurs, le rassure. Vince demande une demi-heure et informe Frank qu’il est sur un bateau… à San Diego. Quel intérêt de louer un bateau en hiver, quand il pleut ?! Frank prend 10.000 $ et les met dans une enveloppe qu’il glisse dans la poche de son blouson, à la grande surprise de Mouse Junior. « On ne va jamais trouver quelqu’un les mains vides », lui répond Frank. Dans le même esprit, il vérifie le rayon de son .38 et le glisse dans la ceinture de son pantalon, sous son blouson. Frank donne ses instructions aux deux gars : qu’ils laissent leurs armes dans la voiture… Ils décident de partir avec la Hummer.
Ils n’ont aucune peine à trouver une place où se garer, ni même le mouillage de la vedette de Vena. Frank est persuadé qu’il va s’arranger avec Vince qui lui proposera 5% en échange de sa part de 40%. Il trouve la vedette la Becky Lynn. Il saute du quai sur le pont arrière. La cabine est fermée à cause de la pluie, mais la lumière est allumée et on entend de la musique à l’intérieur. Frank appelle. La porte s’ouvre et Vince apparaît. Il plaisante et recule à l’intérieur. Frank le suit mais un fil de fer lui garrote immédiatement la gorge. Le type qui l’étrangle est énorme et massif. Frank passe la main derrière lui et plante ses doigts dans les yeux de l’agresseur puis il s’accroupit et le fait basculer sur la petite table basse. Frank poursuit son roulé-boulé et passe sous la table au moment où Vince sort un automatique. Frank dégaine le sien et vise Vince dont il ne voit que les jambes. Il tire deux balles et voit Vince flageoler contre la cloison. Frank tire encore à trois reprises à travers la table. Un grand silence se fait. Il voit dégouliner du sang. Il reste tapi sous la table au cas où il y aurait un troisième homme avant de sortir de sous la table en rampant. L’étrangleur est mort. Vince respire encore mais il est à l’agonie. Frank lui demande qui l’envoie mais il ne répond pas. Frank pose le canon de l’automatique contre le cœur de Vince et appuie sur la détente. Frank s’est fait avoir par Mouse Junior ! Frank se demande qui peut bien lui en vouloir. Puis il lance le moteur puis ressort détacher les amarres de la vedette. Les bateaux à côté sont vides et bâchés pour l’hiver. Il remonte à bord puis sort en marche arrière. Il pilote la vedette vers le chenal et s’éloigne en direction du large.
9. En cavale, Frankie Machine se réfugie dans sa cache de Narrangsett Street.
Malgré la houle et la tempête, il parvient à s’éloigner de la côte. Il connaît chaque chenal et chaque courant et cherche l’endroit où balancer les corps pour qu’ils refassent plutôt surface sur la côte du Mexique où les federales concluront à un deal de came. Ça ne pouvait être que Mouse Junior s’assurant qu’il ne balancerait pas dans l’affaire Goldstein ! Il trouve enfin le bon courant, jette l’ancre et coupe les feux de navigation. Puis il balance les deux corps à la mer. Que va-t-il faire maintenant ? D’abord disparaître des écrans radar. Il ne peut pas se contenter de ramener la vedette ensanglantée au port. Il ne sait pas qui l’attendra sur place. Il redescend dans la cabine et trouve un équipement de plongée. Il se change et fourre ses vêtements, une serviette, l’enveloppe contenant les 10.000 $ et l’automatique de Vince dans un sac hermétique. Il jette son propre calibre à la mer. Frank dirige la vedette vers le rivage, jusqu’à 500 m environ de la côte, puis coupe les moteurs. Il bloque de nouveau la barre, cap sur la haute mer, la verrouille, relance les moteurs, s’attache le sac imperméable à la cheville et plonge. L’eau est froide mais Frank est un bon nageur. Il sait que le courant le ramènera à la pointe d’Ocean Beach, près de Rockslide. Il nage lentement, parvient à sortir de l’eau, se change et reprend son chemin. Mouse Junior et son acolyte doivent être persuadés qu’il est mort. Il a quelques heures d’avance avant qu’ils comprennent. Comme tout tueur professionnel, il dispose d’une solution de repli, sous la forme d’un petit appartement à Narrangsett Street, que personne ne connaît. Il s’y rend, prend une douche et ouvre un coffre-fort qui contient son « parachute » : un permis de conduire de l’Arizona, une carte Gold de l’American Express et une Visa Gold, tous au nom de Jerry Sabellico (alimentés régulièrement pour qu’elles restent en cours). Le coffre contient 10.000 $ en coupures usagées de divers montants. Et un autre .38 Smith & Wesson, clean celui-là, avec ses munitions. Dans une trappe d’accès au grenier, il trouve encore un étui contenant un fusil à pompe Beretta SL-2, au canon scié de 14 pouces. Maintenant, il a besoin de dormir pour reprendre ses esprits. Il dort 11h d’affilée et se réveille avec la même question : qui peut bien vouloir sa mort ?
10. Marie Anselmo, Momo, Al DeSanto : premiers pas de Frank dans la mafia, acte I (analepse).
Son premier contrat portait sur un type qui était déjà mort. Une affaire bizarroïde. Toute cette affaire avec Marie Anselmo, la femme de Momo, trop occupé pour s’occuper de sa femme. A 19 ans, Frank servait de chauffeur à Marie. Il était attiré par elle. Il sortait pourtant déjà avec Patty Garafalo depuis plus d’un an mais cette bonne catholique italienne ne voulait rien lui céder avant le mariage. Frank ne comprenait pas comment un gars aussi moche (et pas si fortuné) que Momo avait pu mettre la main sur une femme comme Marie. Il n’était ni Johnny Roselli ni Jimmy Forliano. C’était sans doute un caïd à San Diego mais il devait en référer à Jack Drina à L.A. Frank aimait bien Momo : il était prêt à faire ce qu’il lui demandait et il se sentait gêné de regarder sa femme avec envie. Ça valait mille fois mieux que de travailler sur le thonier, comme son père et son grand-père. Son père avait voulu qu’il ait son bac et après, ce serait soit le thonier, soit les Marines. Mais lui, voulait surtout traîner sur la plage, faire du surf et draguer les filles. Momo lui offrait autre chose. Le père de Frank n’avait pas aimé. Les affranchis n’avaient pas bonne réputation à San Diego. Mais le vieux avait fini par accepter. Jusqu’à cette histoire avec la femme de Momo. Frank traînait dehors un jour quand Momo était sorti pour lui demander de laver et lustrer la voiture car il devait aller chercher un visiteur très particulier à la gare : le boss, Al DeSanto, qui avait remplacé Jack Drina. C’est Momo qui conduirait le boss et l’inviterait au restaurant. Frank, lui, devait aller chercher Marie et surtout s’habiller autrement. Ce jour-là, Marie, dans sa robe de cocktail noire lui avait fait encore plus d’effets que d’habitude. Elle s’en était bien rendu compte.
C’était le club le plus luxueux de la ville. Momo avait invité le boss de L.A. dans le meilleur des établissements. La plupart des affranchis de San Diego étaient venues avec leurs épouses. Les maîtresses avaient été priées de rester à la maison. Cette visite officielle était destinée à établir que DeSanto était le nouveau boss de L.A. et par conséquent de San Diego. Il n’avait pas amené sa femme. Une poignée de gars de L.A. étaient descendus avec lui : Nick Locicero, son lieutenant, Jackie Mizzelli et Jimmy Forliano, bien décidés à finir la soirée avec les hôtesses de l’établissement. Frank se tenait dans la salle à la disposition de Momo. A la table centrale, DeSanto ne parlait pas à Momo mais se montrait très insistant et impudique avec Marie qui riait aux éclats. Frank n’en croyait pas ses règles. Il y avait des règles à respecter, même pour un boss. Momo fulminait et tout le monde était gêné. Momo se leva pour se rendre aux toilettes. Dans le couloir, il laissa aller sa colère devant Chris Panno, un des gars de San Diego. Les gars de L.A. étaient en train de les humilier. Ils regrettaient que Jack soit mort et que Frank Baptista soit en prison. Puis Nick Locicero descendit à son tour aux toilettes. Momo demanda à Frank d’interdire l’accès aux toilettes et commença à reprocher à Locicero l’attitude de DeSanto. Lui répondit que L.A. voulait reprendre le contrôle de l’équipe de San Diego. Il convint que Marie avait trop bu et qu’il valait mieux qu’elle rentrât chez elle. Momo donna ses instructions à Frank.
Cinq minutes plus tard, Momo sortait madame A. du club. Frank les suivit et lui tint la portière de la voiture. Momo ordonna à Frank de la ramener chez elle. Elle n’ouvrit pas la bouche pendant tout le trajet mais dès qu’ils furent arrivés, madame A. commença à faire des avances plus qu’appuyées à Frank, prétextant que Momo ne pouvait la satisfaire. Frank savait ce qu’il risquait s’il cédait. Elle le traita de tous les noms et finalement, menaça de le dénoncer à Momo s’il ne s’exécutait pas. A ce moment-là, la porte d’entrée s’ouvrit. Momo était mal en point. Nicky Locicero qui l’avait suivi demanda à Frank d’aller chercher de la glace pour son patron dans la cuisine. En retournant au salon, il y trouva DeSanto, affichant un grand sourire satisfait. Il était bien décidé à terminer ce qu’il avait commencé. DeSanto entraîna Marie dans la chambre et sous les yeux de Momo, il lui fit subir la pire humiliation. Momo demanda à DeSanto pourquoi il ne le tuait pas tout simplement : « Je ne tue pas parce que je veux que tu continues à me rapporter du fric […] Je ne veux plus entendre parler de ces conneries de San Diego. Ce qui est à moi m’appartient et ce qui est à toi m’appartient aussi. Capisce ? » (94) DeSanto adressa une dernière menace à Frank et les deux hommes partirent en rigolant. Momo se leva alors et prit un .25 dans son tiroir prêt à les rattraper quand Marie apparut dans le couloir. Après l’avoir insultée, Momo lui tira dessus puis, retournant le revolver contre sa tempe, il se tua… Marie avait survécu. Il s’avéra que Momo l’avait blessée à la hanche. Elle avait continué à se rouler sur le parquet en hurlant pendant que Frank appelait la police. L’ambulance avait embarqué Marie et les inspecteurs avaient emmené Frank. Il leur avait raconté ce qu’il avait vu : Momo avait tiré sur son épouse avant de se tuer. Il n’avait pas fait mention d’Al DeSanto ni de Nicky Locicero de même que Marie n’avait pas fait allusion à son viol. Marie avait passé des semaines à l’hôpital et, après sa sortie, Frank avait continué à lui livrer ses courses, par fidélité à Momo. Il avait perdu ses illusions sur le fameux « code d’honneur » de Cosa Nostra vanté par Momo. Puis, Frank était retourné travailler sur les thoniers jusqu’à l’arrivée de Frank Baptista, 6 mois plus tard.
11. Frank Baptista et l’exécution d’Al DeSanto : premiers pas de Frank dans la mafia, acte II (analepse).
Bap s’était présenté un soir sur le quai, alors que Frank venait tout juste de finir de nettoyer le pont et s’apprêtait à aller sous la douche. L’homme en costume cravate lui demanda s’il était bien Frank Machianno et se présenta comme Frank Baptista. Frank était sidéré. Ce type rondouillard, au crâne dégarni et aux lunettes à verres épais, n’avait franchement pas la dégaine d’un tueur notoire. Ce serait donc là le type qui a tué Lew Bruneman, « Russian Louie » Strass et Red Segunda quand la mafia de Cleveland tentait de s’imposer à San Diego ? Le type qui a été le patron de cette ville dans les années 1940, avant de se retrouver bouclé pour tentative de corruption ? Bap lui proposa de prendre un verre. Après coup, Frank se dit qu’il aurait dû refuser. Mais il ne l’a pas fait. Il est allé boire avec lui. Il l’avait suivi jusqu’à Pacific Beach et l’un des rades proches de Crystal Pier. Bap avait appris que Frank livrait encore les courses à Marie et il appréciait ce respect. Puis les deux hommes s’étaient séparés. Frank croyait que ça s’arrêterait là, mais Bap avait rappliqué sur les quais un mois plus tard. Il proposa à Frank une virée et lui proposa d’être son chauffeur. Frank se mit à bosser pour Bap. Il le conduisait partout, à l’épicerie, chez le coiffeur, au club, à la vieille maison de Momo pour rendre visite à Marie, à l’hippodrome de Del Mar quand il y avait une course. Il emmenait Bap voir tous les bookmakers, les prêteurs sur gages et arnaqueurs de San Diego. DeSanto n’appréciait guère. Il savait que Bap était sorti de taule et comptait récupérer son ancien territoire. Et DeSanto ne voulait rien lui céder… à part quelques miettes ce qui exaspérait Bap. Frank se souvenait encore de Bap s’égosillant, en 1964, en plein hippodrome de Del Mar, alors que la moitié des affranchis de Californie du sud se trouvait à portée d’ouïe. Sûr que ses propos allaient revenir aux oreilles du boss qui le convoquerait et lui règlerait son affaire. Et celles de son chauffeur le cas échéant.
Ils se retrouvèrent sur un terrain vague de l’Orange County. Frank s’était garé le long d’une orangeraie bordée par une route isolée. DeSanto et Locicero étaient déjà là, ce dernier au volant de la Cadillac noire et DeSanto sur le siège arrière. Bap descendit de la voiture et, après avoir été palpé par Locicero, monta à l’arrière de la Cadillac, à côté de DeSanto. A cet instant, une Lincoln entra dans le parking, bloquant la voiture de Frank. Il y avait deux hommes à bord : Frank reconnut Jimmy Forliano mais pas l’autre. Soudain, Frank fut surpris par un éclair à l’arrière de la Cadillac et comprit qu’il s’agissait de la flamme d’une détonation. Frank voulut s’enfuir mais Locicero le bloqua. Puis la portière de la Caddy s’ouvrit et… c’est Bap qui sortit ! Il demanda à Frank de loger deux balles dans la poitrine de DeSanto, il avait déjà deux balles dans la tête. Frank ne pouvait le faire alors le jeune gars de la voiture vint l’aider à tirer et ajouta deux balles supplémentaires pour faire bon compte. Bap urina sur le cadavre de DeSanto… pour venger Marie. Puis il demanda à Frank de le ramener à la maison. Le jeune finit de rassurer Frank et se présenta. Il s’appelait Mike Pella et avait l’accent de la côte Est. Locicero, Forliano et Pella partirent de leur côté et Frank démarra la voiture de Bap. Il lui conseilla de respecter les limites de vitesse et de se fondre dans le trafic pour éviter de se faire remarquer. Ils se trouvaient encore à 10 km au sud de la 5 quand Bap lui expliqua qu’il était allé à Chicago. L.A. tenait certes San Diego mais Chicago tenait L.A. Bap bossait déjà avec Chicago quand DeSanto allait encore chercher son café à Jack Drina. Il a parlé là-bas à certaines personnes qui n’aimaient pas non plus DeSanto et ils ont donné leur accord tacite pour son élimination. Locicero est devenu le nouveau boss (« Chaque homme a son prix. N’oublie jamais ça ».), Bap avait hérité de San Diego ainsi que d’un poste de capitaine dans la famille de L.A. Mais ce n’était pas encore tout à fait terminé. Un jour que Frank était allé chercher la commande de Marie, il avait surpris Bap chez elle. 6 mois plus tard, il épousait Marie. Personne n’a jamais parlé de ce qui s’était passé entre Marie et De Santo. Frank avait décidé de reprendre le droit chemin. Un jour, il avait roulé jusqu’à Oceanside et s’était enrôlé dans les Marines. Le gouvernement fédéral avait payé son entraînement.
1. Utilisateurs des planches effilées pour grosses vagues, longues de 2,30 à 2,80 mètres.
2. Adeptes du bodyboard.
3. Zone où les surfeurs attendent le déferlement de la vague.
4. Le « quartier du « Réverbère à gaz », au centre de San Diego.