En avançant en âge vers le mur de l’impasse
D’un horizon sans tain disposé comme un leurre
En travers du futur sur la route des heures,
On regarde au rétro tous les jours qu’on ressasse
En guise de projet comme une régression
La nostalgie devient notre ultime ambition.
L’avenir à venir est une porte étroite
Où nos corps empesés ne peuvent s’immiscer
Et trop lourds en surplus pour y être hissés,
Alors on reste cois, en tenant notre droite
Sur la voie où défilent d’autres générations
Qui filent animés par d’intenses passions.
On regarde en arrière, en attendant l’octroi,
Le chemin parcouru au cours de ces années,
La mémoire saturée d’images surannées
Qui tournent à l’envers au point de notre endroit,
Au risque des dérives vers des fonds d’illusions
Qui troublent notre esprit en voie d’altération.
C’est un syndrome aigu quand le ton élégiaque
Glorifie un passé lentement sublimé
Aux dépens des demains aux contours élimés
Et des présents suspects aux hypocondriaques,
On se soustrait du monde par la renonciation
En s’accrochant aux mythes en fossilisation.
Le c’était mieux avant est une latitude
Qui obère nos efforts par lesquels on progresse
Et nous prive d’espoir qui est une jeunesse,
Nous reléguant au temps d’anciennes certitudes
Il nous faut résister à l’amère tentation
De céder promptement aux capitulations.
Le souvenir nous rit jusqu’à la satiété
Mais il faut avoir faim du temps que l’on nous offre
Sans fermer notre vie, à double tour, au coffre,
Mêlant nos fées d’hier aux effets de l’été
Ci gît la nostalgie comme admonestation
Et reviennent assagies les noces en fusion.