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4 avril 2024 4 04 /04 /avril /2024 08:30

En avançant en âge vers le mur de l’impasse

D’un horizon sans tain disposé comme un leurre

En travers du futur sur la route des heures,

On regarde au rétro tous les jours qu’on ressasse

En guise de projet comme une régression

La nostalgie devient notre ultime ambition.

 

L’avenir à venir est une porte étroite

Où nos corps empesés ne peuvent s’immiscer

Et trop lourds en surplus pour y être hissés,

Alors on reste cois, en tenant notre droite

Sur la voie où défilent d’autres générations

Qui filent animés par d’intenses passions.

 

On regarde en arrière, en attendant l’octroi,

Le chemin parcouru au cours de ces années,

La mémoire saturée d’images surannées

Qui tournent à l’envers au point de notre endroit,

Au risque des dérives vers des fonds d’illusions

Qui troublent notre esprit en voie d’altération.

 

C’est un syndrome aigu quand le ton élégiaque

Glorifie un passé lentement sublimé

Aux dépens des demains aux contours élimés

Et des présents suspects aux hypocondriaques,

On se soustrait du monde par la renonciation

En s’accrochant aux mythes en fossilisation.

 

Le c’était mieux avant est une latitude

Qui obère nos efforts par lesquels on progresse

Et nous prive d’espoir qui est une jeunesse,

Nous reléguant au temps d’anciennes certitudes

Il nous faut résister à l’amère tentation

De céder promptement aux capitulations.

 

Le souvenir nous rit jusqu’à la satiété

Mais il faut avoir faim du temps que l’on nous offre

Sans fermer notre vie, à double tour, au coffre,

Mêlant nos fées d’hier aux effets de l’été

Ci gît la nostalgie comme admonestation

Et reviennent assagies les noces en fusion.

La fille au ballon, Bansky.

La fille au ballon, Bansky.

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19 mars 2024 2 19 /03 /mars /2024 13:33

Penser contre soi-même, élargir l’horizon

Des premières croyances, des quelques certitudes,

En secouant sa vie, l’inertie d’habitudes,

Pour se mettre en danger et chasser l’illusion.

 

Tant d’esprits routiniers ressassent des discours

Tout pensés, emballés, pour couvrir le silence,

Éléments de langage en guise de conscience,

Pour bavarder longtemps sur les modes en cours.

 

Remonter le courant d’avis conditionnés

Pour retrouver la source oubliée des rivières

Et retranscrire le cours de pensées singulières,

Loin des foules distraites aux refrains surannés.

 

Tant de gens se méprennent sur leur indépendance,

En se faisant l’écho des mots en promotion,

Aux étals des traiteurs de la conversation,

Faute de mitonner leurs pensées en patience.

 

Oser la controverse, les débats virulents,

Forçant à l’inventaire, qui obligent à l’écoute,

En nous mettant plus forts sur les chemins du doute

Dont on ressortira plus sûrs et clairvoyants.

 

Tant d’idées retenues aux rênes partisanes

Qui trient les vérités en d’immenses tamis

Pour ne pas dérouter les fidèles amis

Et d’autres convertis aux transes des chamanes.

 

Regarder l’autre rive autant que notre grève

Pour apprendre et comprendre, comme dit Du Bellay

Du voyage d’Ulysse, revenant transformé

Pour vivre auprès des siens, le reste de son rêve.

 Ulysse,  J.W. Waterhouse, 1891

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13 février 2024 2 13 /02 /février /2024 20:28

Gardons notre mémoire au fond de notre cœur,

Au cœur de notre esprit, plutôt qu’en la machine,

Notre cerveau n’est point une infaillible usine,

Il est bien moins et plus que ces puissants moteurs.

 

La mémoire est humaine, ce qui fait sa valeur

De gisement psychique, inépuisable mine

Qui nous relie au temps où naissent nos racines

Et donne à nos vies son insondable ampleur.

 

Du passé au futur, elle fait ce que l’on est,

Des êtres aux souvenirs dès le jour où l’on naît.

Mais qu’advienne la boule au rayon des faïences

Brisant notre vaisselle, fatale défaillance

 

Et nos corps s’affolent comme un bateau sans voile

Et sombrent aux océans dans la nuit sans étoile,

La dégénérescence, comme un mal viral

Nous retire du monde par un poison létal.

René Magritte, La Mémoire, 1948.

René Magritte, La Mémoire, 1948.

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11 février 2024 7 11 /02 /février /2024 15:45

Vue de Séoul. Au premier plan, la Lotte World Tower (555m, 123 étages), au second plan la Tour de Namsan, au milieu la rivière Han.

 

J’ai retrouvé Séoul, vingt-six années plus tard,

Plus belle et gigantesque, fiévreusement moderne,

Brillante et rutilante, elle autrefois si terne

Vive et vibrionnante, de l’aube jusqu’au soir.

 

La cité coréenne aux immenses boulevards,

Rassure et euphorise quelques morals en berne

Par sa vitalité allumant les lanternes

Cette envie d’avenir portée en étendard.

 

J’ai retrouvé Séoul, ville sophistiquée

Fierté d’une nation hautement éduquée,

Du calme des palais et des jardins secrets,

 

Au grouillement des rues et des tours envolées

Au vent de l’hallyu, nos vues époustouflées,

La magie séoulite m’a repris dans ses rets.

 

 

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4 février 2024 7 04 /02 /février /2024 11:15

Hommage à mes enfants, le reste de ma vie,

Qui ont donné un sens à mon humble destin,

Ces sourires permanents m’invitant au festin

D’une fête radieuse aux stridentes envies.

 

Une fille, un garçon, cadeaux de l’existence

Dont la belle éclosion fut l’émerveillement

D’un père et d’une mère à chacun des moments,

Nos efforts bien payés par leur radieuse enfance.

 

Notre belle douceur, splendide et pétillante,

Débordant d’énergie et de vitalité

A fait notre bonheur par son alacrité,

Avant d’être une mère, chaleureuse et riante.

 

Notre sage éminent, sagace et pertinent,

Riche en sérénité et fort de gentillesse,

Qui inonde nos jours d’une belle allégresse

Savant orchestrateur des cœurs brinquebalants.

 

Voir un enfant grandir est le plus beau roman

Dont on est le lecteur autant que le libraire,

Son auteur quotidien et le destinataire,

Le Livre des Merveilles et des plus beaux moments.

 

Tout ce qu’on a donné en des heures patientes

Et les moments ingrats des devoirs parentaux

Sont payés au centuple par ces êtres nouveaux

Qui s’en vont forts et dignes sur les routes montantes.

Enfants jouant en hiver, Su Hanchen (1094-1172), National Museum of Taipei.

 

 

 

 

 

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22 novembre 2023 3 22 /11 /novembre /2023 13:19

Nous étions quatre et plus, en pleine adolescence,

Jouissant de la vie en toute ingénuité,

Pédalant et marchant, de l’hiver à l’été,

Et les rires fusaient aux moindres circonstances.

 

Sans drogue, ni tabac, ni la moindre arrogance,

On vivait sainement l’indicible amitié

Qu’on mesure aujourd’hui par son ancienneté,

Et l’on forgeait nos vies sans en avoir conscience.

 

Quelques photos jaunies disent ces souvenirs

D’un temps de l’insouciance et de cette euphorie

Contagieuse, alentour, dans nos plaisanteries,

Réunir nous seyait bien plus que d’agonir.

 

Penchés sur nos vélos sur les voies du partir

On arpentait les routes aux parfums de prairies

Et cette liberté devenait griserie,

Cette émancipation initiant l’avenir.

 

Loin des joutes oratoires et des amères pensées

Des crises adolescentes on dansait follement

Dans nos boums joyeuses à crever le tympan

Jusqu’aux matins frileux aux aubes irisées.

 

Mais l’on était candides malgré nos logorrhées,

Méfiants des sentiments dont on souffre souvent

En préférant l’humour à l’amour isolant

Car nos alacrités étaient alors sacrées.

 

Notre jeunesse fut un moment d’exception

Préservé des tourments qui déchirent les vies,

Un cadeau du hasard, source d’ataraxie

Fort de cette confiance pour nos évolutions.

 

Amis de cinquante ans, copains d’expéditions,

Je vous salue bien bas en toute sympathie

Comme les Mousquetaires vivant en synchronie

Cette part d’enfance résiste aux dilutions.

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16 novembre 2023 4 16 /11 /novembre /2023 15:03

Au milieu des tempêtes, l’école est un navire,

Une arche de Noé, sauvant l’humanité

De toutes faims du monde en ces temps alités,

Elle doit garder le cap, pour éviter le pire.

 

Mes amis, capitaines et vaillants matelots,

Veillez aux passagers que le voyage élève

Ils doivent à bon port constituer la relève,

Souquez, chers professeurs, du fond de vos canots.

 

L’école doit rester, au risque des naufrages,

Un sanctuaire de paix, de bien et de savoir,

Un lieu d’éducation, comme un tremplin d’espoir,

Protégés des pirates déclencheurs d’orages.

 

Notre école amirale, navire des océans,

Doit être protégée des périls du monde

Qui fracassent sa coque dans le tourment des ondes,

Grâce à l’effort commun de tous les enseignants.

 

Et l’on verra un jour, des horizons d’azur

Émerger des ténèbres, du sommet de la hune

Des lycéens heureux, compagnons de Neptune

Construire un avenir et plus sûr et plus pur.

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13 octobre 2023 5 13 /10 /octobre /2023 19:09

Nous n’avons pas envie d’aligner les hommages

Au ban nécrologique de notre profession

Et de brûler encore nos bougies d’émotion

Dans l’attente passive d’un énième carnage.

 

Trois ans après Paty, pourtant, s’écrit la page

Sanglante, à Gambetta, d’une abomination

La mort d’un professeur et la lâche agression

Des autres personnels, victimes d’un sauvage.

 

Dominique Bernard est mort au champ d’horreur,

Face à la barbarie, semeuse de malheur,

D’un terrorisme aveugle, aux accents fanatiques.

 

Nous sommes harassés de colère, de douleur

De subir la violence qui déchire nos cœurs

Mais nous devons lutter pour sauver notre éthique.

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9 octobre 2023 1 09 /10 /octobre /2023 08:10

Il fut un temps jadis, où derrière les troupeaux,

Nos frères, les mâtins, batifolaient aux champs

Guettant les rares loups dès les premiers printemps

Et retournaient aux fermes aux côtés des bestiaux.

 

On pense aussi à ceux, guides de cécité,

Qui promènent en seigneurs des maîtres généreux

Et festoient à leur guise de repas plantureux

On murmure leurs noms pour les féliciter.

 

Il est vrai qu’il y a des toutous à mémères

Shampouinés, parfumés qui sortent enrubannés,

Trottinant aux trottoirs comme on se pavanait

Mais ces caniches-là ne sont guère nos frères.

 

Car notre sort à nous est beaucoup moins enviable

Car par les temps qui courent on nous envoie au front

Comme on va à la guerre subir autant d’affronts

C’est une vie de chien comme disent les fables.

 

Quand les villes s’écroulent sous l’effet d’un séisme,

On lance nos museaux renifler sous les ruines

Gratter sous les gravats au péril des babines

Sans souci de nos vies au cœur du cataclysme.

 

On nous traîne encore dans d’infâmes cloaques

Pour trouver des farines que des meuniers trafiquent

Pour se faire du blé au levain satanique,

A force de sniffer, certains d’entre nous claquent.

 

Nous sommes démineurs, à l’affût d’une bombe,

Là encore les premiers sur des lieux exposés

Espérant patiemment qu’elle ne vienne exploser

Car dans le cas contraire, là sera notre tombe.

 

Ça ne suffisait pas voilà que l’on nous charge

De traquer maintenant d’insistantes punaises

Dans les lits, les maisons et derrière les cimaises

Qu’on clôture ici notre cahier des charges.

 

On en finirait presque à rêver d’anosmie

Pour que sans odorat on nous laisse au panier

A regarder les hommes s’agiter les derniers,

Qu’on nous laisse aboyer en toute bonhomie.

 

Nous sommes bonnes pattes, à guetter des câlins

Et l’on suit bêtement tous leurs ordres à la hâte

Qu’ils fassent des robots pour ces tâches ingrates

Et respectent enfin notre univers canin.

 

Bernard MARTIAL, 6 octobre 2023.

 

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15 février 2023 3 15 /02 /février /2023 11:05

Chers amis, chers collègues, vous allez me manquer

Dès la rentrée prochaine, à l’heure de la reprise

Quand je serai radié, au fond de ma remise,

Je penserai à vous sur le bord de mon quai.

 

Trente années ont passé à Langevin-Wallon,

Riches de ces rencontres et de tous ces échanges

Où tout ce que l’on donne assurément nous change

Nous n’enseignons jamais que ce que nous valons.

 

J’ai aimé ce métier avec tant de passion

Qu’il a souvent gommé les fatigues de l’âge

Et balayé les doutes aux douloureux orages

Qui guettent le pilote dans sa navigation.

 

J’ai voulu redonner tout ce que j’ai reçu

De l’école publique dans mon adolescence,

Cette dette éternelle incite à l’exigence

Dans cette transmission qui nous place au-dessus.

 

Auprès de mes élèves, j’ai tout autant appris

Que j’ai pu enseigner mes quelques connaissances,

Chaque cours commencé fut comme une naissance

Et vivre autant de vies est un trésor sans prix.

 

Et la littérature m’a offert en cadeau,

Sous la forme des livres, le double goût des lettres

Qui naturellement induit le goût des êtres

Qui vont réenchanter nos vies, rinforzando.

 

Capitaine aux longs cours, j’ai écumé les mers

De nombreuses réformes sans perdre la boussole,

Il faut garder son cap quand on est à l’école

Pour ne pas s’échouer aux récifs amers.

 

Chers amis, chers collègues, je vous lègue ma foi

Et tout mon enthousiasme pour la seule aventure

 D’éclairer les esprits des soleils de culture

Qui sauveront le monde des obscurs effrois.

 

Bernard Martial, le 14 juin 2022.

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