AU THEATRE CE SOIR

Molière se rêvait tragédien et pour faire vivre sa compagnie il s’était résolu à monter des comédies qui ont fait sa gloire et donné à ce genre, jadis méprisé, ses lettres de noblesse. Ce don que Dieu lui avait donné de « corriger les mœurs par le rire », Dieudonné M’bala M’bala l’a perverti en faisant du rire et de la comédie un moyen d’exacerber la haine et d’attiser les affrontements communautaires par un détournement vénéneux de la rhétorique comique. Et quand l’ex-partenaire du duo anti-raciste Elie et Dieudonné, reconverti en commerçant avisé et cynique de l’antisémitisme et des convergences extrémistes les plus troublantes (manipuler les jeunes de banlieue au point de les amener malgré eux à une alliance objective avec ceux qui les vouent aux gémonies à l’extrême-droite) imagine d’inviter à son grand festival du pire le bâton du gendarme du Guignol populaire, on se prend à craindre que les politiques ne se brûlent à ces tréteaux quand les comiques débattent sur les plateaux. Que voulez-vous que Valls devienne quand il entre dans cette danse ? Rue du cirque, justement, un autre politique s’essaie au vaudeville : un président casqué qui surgit hors de la nuit court vers l’aventure en scooter pour tromper la maîtresse jadis trompeuse de la potentielle présidente. En pleine Epiphanie, le public se demande à qui le roi sous la table donnera finalement sa couronne de reine : « J’aime la Gayet, savez-vous comment ?... » On l’attendait sur des faits d’armes, on n’a que du Feydeau. Heureusement, Gad Elmaleh est en passe de devenir Prince du Rocher. Viens voir les comédiens !...