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1 août 2015 6 01 /08 /août /2015 12:22

Document établi par Bernard MARTIAL, professeur de lettres-philosophie  en CPGE

Tragédie

PERSONNAGES
Andromaque, veuve d’Hector, captive de Pyrrhus.
Pyrrhus, fils d’Achille, roi d’Épire.
Oreste, fils d’Agamemnon.
Hermione, fille d’Hélène, accordée avec Pyrrhus.
Pylade, ami d’Oreste.
Cléone, confidente d’Hermione.
Céphise, confidente d’Andromaque.
Phœnix, gouverneur d’Achille, et ensuite de Pyrrhus.
Suite d’Oreste.

La scène est à Buthrote, ville d’Épire, dans une salle du palais de Pyrrhus.

ACTE premier

Scène I
Oreste, Pylade.

La scène est à Buthrote, ville d’Epire, dans une salle du palais de Pyrrhus. Pylade, fils d’Anaxibie, sœur d’Agamemnon et l’un des instigateurs du meurtre de Clytemnestre, est le grand ami d’enfance d’Oreste, fils d’Agamemnon et de Clytemnestre, frère d’Iphigénie et d’Electre. Il l’a accompagné dans toutes ses épreuves. Les deux amis ont été séparés six mois auparavant, lors d’une tempête qui a éloigné leurs bateaux, tout près des côtes de l’Epire. Oreste n’a accepté son ambassade en Epire que pour une seule raison : revoir Hermione, fille d’Hélène et de Ménélas, roi de Sparte, qu’il n’a jamais cessé d’aimer, malgré ses constants refus. Mais Hermione aime Pyrrhus, fils d’Achille et roi d’Epire et Pyrrhus aime Andromaque, veuve d’Hector et mère d’Astyanax.
Oreste demande à son ami Pylade de ne pas l’accabler. Depuis que Ménélas a promis sa fille Hermione à Pyrrhus pour le remercier de sa victoire sur les Troyens, Oreste est désespéré. Il a bien essayé de transformer son amour en haine, et c’est dans cet état d’esprit qu’il est arrivé à Epire pour réclamer Astyanax qu’Andromaque a réussi à ravir à la vengeance d’Ulysse. Les Grecs redoutent, en effet, qu’Astyanax ne veuille un jour venger sur eux la défaite de Troie et la mort de son père Hector. Mais en constatant que Pyrrhus négligeait Hermione pour sa captive, Oreste a vu son amour renaître. Rien ne l’empêchera de suivre cette passion, même s’il doit y laisser la vie.

ORESTE
Car enfin n’attends pas que mes feux redoublés
Des périls les plus grands puissent être troublés.
Puisque après tant d’efforts ma résistance est vaine,
Je me livre en aveugle au destin qui m’entraîne.

J’aime : je viens chercher Hermione en ces lieux,
La fléchir, l’enlever, ou mourir à ses yeux.

Oreste veut avoir l’avis de Pylade.  Celui-ci confirme que Pyrrhus est épris d’Andromaque qui ne répond à cet amour que par la haine. Pour la faire fléchir, Pyrrhus menace de tuer Astyanax. Il ne faut rien attendre d’un cœur aussi peu maître de lui.

PYLADE
Ainsi n’attendez pas que l’on puisse aujourd’hui
Vous répondre d’un cœur si peu maître de lui :
Il peut, Seigneur, il peut, dans ce désordre extrême,
Épouser ce qu’
il hait, et punir ce qu’il aime.

Hermione, selon Pylade, feint de dédaigner l’inconstance de Pyrrhus et de croire qu’il reviendra mais elle pleure en secret d’être abandonnée et appelle quelquefois Oreste à son secours. Avant de répondre à cet appel, Pylade conseille à son ami de terminer son ambassade : annoncer à Pyrrhus que les Grecs exigent qu’on leur remettre le fils d’Hector.

Scène II
Pyrrhus, Oreste, Phœnix.

Oreste rencontre Pyrrhus et commence par faire l’éloge du fils du vainqueur de Troie pour mieux souligner qu’il ne faut pas laisser le sang troyen se réveiller en épargnant le fils d’Hector et qu’il doit répondre aux vœux des Grecs pour se protéger lui-même de cet enfant. Mais Pyrrhus rejette cette demande. Comme Ulysse avait des droits sur Hécube, la femme de Priam et Agamemnon sur Cassandre, il est le seul à pouvoir disposer de la vie d’Andromaque et de son fils. Il ne craint d’ailleurs ni Troie qui est détruite, ni cet enfant qui est bien jeune et le temps de la colère est d’ailleurs passé. Les Grecs doivent donc chercher une autre proie. Oreste rappelle que l’enfant qui a été immolé n’était pas Astyanax ; à travers lui, c’est Hector que les Grecs poursuivent encore. C’est pour assurer cette vengeance qu’ils sont venus jusqu’en Epire. Pyrrhus qui se rappelle de la brouille entre Achille et Agamemnon à propos de la capture de Briséis, maîtresse d’Achille est prêt à consentir à ce que l’Epire devienne une seconde Troie. Oreste constate alors que Pyrrhus s’oppose à la Grèce et donc à Ménélas, père d’Hermione. Cet argument ne fait pas fléchir Pyrrhus. Il autorise l’ambassadeur à voir Hermione avant de partir.

Scène III
Pyrrhus, Phœnix.

Phœnix, précepteur d’Achille et de Pyrrhus, s’étonne que Pyrrhus envoie Oreste aux pieds d’Hermione qu’il aime. Et bien qu’ils retournent ensemble à Sparte, dit Pyrrhus, cela lui épargnerait « contrainte et ennui ». On annonce alors l’arrivée d’Andromaque.

Scène IV
Pyrrhus, Andromaque, Phœnix, Céphise.

Andromaque vient supplier Pyrrhus ; elle ne peut voir son fils qu’une fois par jour et ne l’a pas encore embrassé aujourd’hui. Pyrrhus annonce qu’Oreste est venu demander sa mort au nom des Grecs. Andromaque demande à Pyrrhus ce qu’il fera. Le fils d’Achille répond qu’il ne veut pas le livrer, au risque d’une nouvelle guerre de dix ans. Mais puisqu’il est haï des Grecs peut-il espérer son amour ?

PYRRHUS
Mais parmi ces périls où je cours pour vous plaire,
Me refuserez-vous un regard moins sévère ?

Haï de tous les Grecs, pressé de tous côtés,
Me faudra-t-il combattre encor vos cruautés ?
Je vous offre mon bras. Puis-je espérer encore
Que vous accepterez un cœur qui vous
adore ?
En combattant pour vous, me sera-t-il permis
De ne vous point compter parmi mes ennemis ?

Andromaque s’étonne de ce marché. Que dira la Grèce ? Une telle générosité doit-elle passer pour le fruit d’une passion ? Peut-il souhaiter qu’une captive en larmes l’aime ? Il ne doit pas lui faire payer sa générosité du salut de son cœur. 

ANDROMAQUE
Seigneur, que faites-vous, et que dira la Grèce ?
Faut-il qu’un si grand cœur montre tant de faiblesse ?
Voulez-vous qu’un dessein si beau, si généreux,
Passe pour le transport d’un esprit
amoureux ?
Captive, toujours triste, importune à moi-même,
Pouvez-vous souhaiter qu’Andromaque vous
aime ?
Quels charmes ont pour vous des yeux infortunés
Qu’à des pleurs éternels vous avez condamnés ?

Oreste  veut que la colère d’Andromaque cesse, comme lui souffre de tout le mal qu’il a fait. Leurs ennemis communs devraient les réunir. Il lui rendra son fils, lui servira de père et l’aidera à se venger des Grecs. Troie se relèvera. Mais pour Andromaque, il est trop tard. Elle n’aspire, pour elle et son fils, qu’à un exil loin de Pyrrhus et des Grecs. Pyrrhus  doit retourner auprès d’Hermione.

ANDROMAQUE
Votre amour contre nous allume trop de haine.
Retournez, retournez à la fille d’Hélène.

Mais pour Pyrrhus, des deux femmes venues en Epire, c’est Andromaque la véritable maîtresse et Hermione la prisonnière. Andromaque ne comprend pas : Hermione et Pyrrhus ne doivent leur célébrité qu’à la mort d’Hector et au chagrin d’Andromaque. Pyrrhus pose alors son ultimatum. Si elle ne veut pas de lui, il tuera Astyanax.

PYRRHUS
Eh bien, Madame, eh bien ! il faut vous obéir :
Il faut vous oublier, ou plutôt vous
haïr.
Oui, mes vœux ont trop loin poussé leur violence
Pour ne plus s’arrêter que dans l’indifférence ;
Songez-y bien : il faut désormais que mon cœur,
S’il n’
aime avec transport, haïsse avec fureur.
Je n’épargnerai rien dans ma juste colère :
Le fils me répondra des mépris de la mère ;
La Grèce le demande, et je ne prétends pas
Mettre toujours ma gloire à sauver des ingrats.

Andromaque mourra donc avec son fils et rejoindra Hector. Pyrrhus espère encore qu’elle changera d’avis en voyant son fils.

ACTE deuxième

Scène I
Hermione, Cléone.

Hermione consent à recevoir Oreste bien qu’elle n’ait pas envie de le voir. Cléone, la confidente d’Hermione s’étonne qu’elle ne veuille pas voir celui dont elle espérait le retour et dont elle regrettait « la constance et l’amour ». Hermione craint qu’il ne constate sa situation : rejetant Oreste, elle est rejetée par Pyrrhus. Cléone la rassure : il l’aime trop pour lui en vouloir.

CLEONE
                 
 Ah ! dissipez ces indignes alarmes :
Il a trop bien senti le pouvoir de vos charmes.
Vous croyez qu’un
amant vienne vous insulter ?
Il vous rapporte un cœur qu’il n’a pu vous ôter.

Ménélas conseille à Hermione de partir avec les Grecs si Pyrrhus tarde à exécuter Astyanax et à l’épouser. Cléone lui conseille d’écouter Oreste puisque, selon elle, elle hait Pyrrhus.

HERMIONE
Si je le hais, Cléone ! Il y va de ma gloire,
Après tant de bontés dont il perd la mémoire ;
Lui qui me fut si cher, et qui m’a pu trahir,
Ah ! je l’ai trop
aimé pour ne le point haïr !

Mais Hermione ne peut se résoudre à partir. Malgré les évidences, elle garde encore espoir et elle l’aime encore. Elle restera au moins pour gêner leur hymen et espère que les Grecs lui prendront son fils. Cléone n’est pas sûre qu’Andromaque cherche à concurrencer Hermione et elle s’étonne que son amie s’attache autant à Pyrrhus qui la rejette. Hermione se souvient de l’amour de Pyrrhus. Puis soudain, pour chasser la pensée de l’ingrat elle consent à recevoir Oreste.

HERMIONE
Mais c’en est trop, Cléone, et quel que soit Pyrrhus,
Hermione est sensible, Oreste a des vertus ;
Il sait
aimer du moins, et même sans qu’on l’aime,
Et peut-être il saura se faire
aimer lui-même.
Allons : Qu’il vienne enfin.

Il est justement là.

Scène II
Hermione, Oreste, Cléone.

Hermione lui demandant s’il vient par tendresse ou par devoir, Oreste réaffirme son amour.

ORESTE
Tel est de mon amour l’aveuglement funeste,
Vous le savez, Madame, et le destin d’Oreste
Est de venir sans cesse
adorer vos attraits,
Et de jurer toujours qu’il n’y viendra jamais.

Le regard d’Hermione va raviver les blessures d’ Oreste qui a cherché partout la mort chez les peuples barbares ; ils n’ont pas voulu la lui donner. Il la cherche dans ses yeux. Ils n’ont qu’à lui interdire un reste d’espérance et il en mourra. Hermione lui demande d’abandonner ce « funeste langage » et de revenir à son devoir. Mais Pyrrhus l’en a dégagé en prenant la défense d’Astyanax. Hermione laisse échapper un cri : « L’infidèle ! » Avant de partir, Oreste veut connaître les sentiments d’Hermione. Elle aussi, dit-elle, a accompli son devoir en obéissant à son père et elle a souffert comme Oreste d’être rejetée. D’ailleurs, elle a souhaité le revoir. Oreste se remet à espérer. C’est Oreste qui lui a appris le pouvoir de l’amour. A ses dépens, constate Oreste.

HERMIONE
Oui, c’est vous dont l’amour, naissant avec leurs charmes,
Leur apprit le premier le pouvoir de leurs armes ;
Vous que mille vertus me forçaient d’estimer ;
Vous que j’ai plaint, enfin que je voudrais
aimer.

ORESTE
Je vous entends. Tel est mon partage funeste :
Le cœur est pour Pyrrhus, et les vœux pour Oreste.

HERMIONE
Ah ! ne souhaitez pas le destin de Pyrrhus :
Je vous
haïrais trop.

Oreste ne doit pas souhaiter le sort de Pyrrhus : il serait trop haï. Mais pour Oreste, la haine est plus proche de l’amour que de l’indifférence.

ORESTE
                                 
Vous m’en aimeriez plus.
Ah ! que vous me verriez d’un regard bien contraire !
Vous me voulez
aimer, et je ne puis vous plaire ;
Et l’amour seul alors se faisant obéir,
Vous m’
aimeriez, Madame, en me voulant haïr.

Oreste redit que Pyrrhus est éprise d’une autre femme et réaffirme son propre attachement. Hermione ne veut pas le croire puis demande à Oreste de lancer la Grèce contre lui. 

HERMIONE
Que m’importe, Seigneur, sa haine ou sa tendresse ?
Allez contre un rebelle armer toute la Grèce ;
Rapportez-lui le prix de sa rébellion ;
Qu’on fasse de l’Épire un second Ilion.
Allez. Après cela direz-vous que
je l’aime ?

ORESTE
Madame, faites plus, et venez-y vous-même.
Voulez-vous demeurer pour otage en ces lieux,
Venez dans tous les cœurs faire parler vos yeux.
Faisons de notre
haine une commune attaque.

Oreste veut qu’Hermione rentre en Grèce avec lui mais celle-ci s’inquiète qu’il puisse épouser Andromaque. Oreste voit bien qu’elle ne peut pas quitter Pyrrhus. 

ORESTE
Et vous le haïssez ! Avouez-le, Madame,
L’amour n’est pas un feu qu’on renferme en une âme ;
Tout nous trahit, la voix, le silence, les yeux,
Et les feux mal couverts n’en éclatent que mieux.

Elle s’en défend mais veut tenter une dernière chance : qu’il choisisse entre elle et Astyanax.

HERMIONE
Seigneur, je le vois bien, votre âme prévenue
Répand sur mes discours le venin qui la tue,
Toujours dans mes raisons cherche quelque détour,
Et croit qu’en moi
la haine est un effort d’amour.

Scène III
ORESTE, seul.

Oreste se réjouit à l’idée que Pyrrhus choisisse Andromaque et qu’Hermione parte avec lui. Il voit arriver Pyrrhus.

Scène IV
Pyrrhus, Oreste, Phœnix.

Pyrrhus cherchait justement Oreste. Depuis leur dernière entrevue, il a senti combien il devenait contraire à la Grèce et réduisait à néant ce qu’avait fait Achille. Il va donc livrer Astyanax. Oreste est décontenancé. Pour assurer la paix, Pyrrhus va épouser Hermione et il veut qu’Oreste soit son témoin au nom de tous les Grecs.

Scène V
Pyrrhus, Phœnix.

Pyrrhus prend Phœnix à témoin de sa victoire sur l’amour. Celui-ci se réjouit de voir le fils d’Achille plutôt que le « jouet d’une flamme servile ». Pyrrhus reconnaît qu’il a vaincu son pire ennemi : l’amour. 
PYRRHUS
Et mon cœur, aussi fier que tu l’as vu soumis,
Croit avoir en
l’amour vaincu mille ennemis.

Il a un instant cru qu’Andromaque allait céder mais il l’a trouvée encore plus farouche. Pyrrhus essaie de se convaincre de sa domination.

PYRRHUS
                                         
Je vois ce qui la flatte :
Sa beauté la rassure, et malgré mon courroux,
L’orgueilleuse m’attend encore à ses genoux.
Je la verrais aux miens, Phœnix, d’un oeil tranquille.
Elle est veuve d’Hector, et je suis fils d’Achille :
Trop de
haine sépare Andromaque et Pyrrhus.

Phœnix lui conseille de ne plus en parler et d’aller proposer le mariage à Hermione en se défiant d’Oreste qui est son rival. Mais Pyrrhus revient sans arrêt à Andromaque ce qui inquiète Phœnix qui n’est pas dupe de l’amour de Pyrrhus. Même si Pyrrhus prétend le contraire et réaffirme son désir de vengeance et sa volonté de tuer Astyanax. 

PYRRHUS
                                       
Moi, l’aimer ? une ingrate
Qui me
hait d’autant plus que mon amour la flatte ?
Sans parents, sans amis, sans espoir que sur moi ;
Je puis perdre son fils, peut-être je le doi ;
Étrangère... que dis-je ? esclave dans l’Épire,
Je lui donne son fils, mon âme, mon empire,
Et je ne puis gagner dans son perfide cœur
D’autre rang que celui de son persécuteur !
Non, non, je l’ai juré, ma vengeance est certaine :
Il faut bien une fois justifier
sa haine,
J’abandonne son fils. Que de pleurs vont couler !
De quel nom sa douleur me va-t-elle appeler !
Quel spectacle pour elle aujourd’hui se dispose !
Elle en mourra, Phœnix, et j’en serai la cause.
C’est lui mettre moi-même un poignard dans le sein.

Pyrrhus, perdu, s’abandonne à l’avis de Phœnix. Que doit-il faire ? Phœnix lui conseille de s’engager auprès d’Hermione. Pyrrhus y consent.

ACTE troisième

Scène I
Oreste, Pylade.

Pylade ne reconnaît plus Oreste et lui demande de modérer sa colère. Mais celui-ci ne veut plus écouter la raison. Il enlèvera Hermione. Qu’au moins Oreste soit prudent et dissimule ses projets. Pylade lui demande la cause de son emportement. Oreste lui révèle alors les projets de Pyrrhus d’épouser Hermione le lendemain. « Il est peut-être à plaindre autant que je vous plains » dit Pylade. Mais Oreste pense que Pyrrhus n’épouse Hermione que pour la lui arracher car elle n’attendait qu’un refus pour revenir vers Oreste. « Vous le croyez ! » dit Pylade qui essaie d’ouvrir les yeux à son ami. Hermione aime encore Pyrrhus et il doit la fuir.

PYLADE
                               
Jamais il ne fut plus aimé.
Pensez-vous, quand Pyrrhus vous l’aurait accordée,
Qu’un prétexte tout prêt ne l’eût pas retardée ?
M’en croirez-vous ? Lassé de ses trompeurs attraits,
Au lieu de l’enlever, fuyez-la pour jamais.
Quoi ? votre
amour se veut charger d’une furie
Qui vous détestera, qui toute votre vie,
Regrettant
un hymen tout prêt à s’achever,
Voudra...

En l’enlevant, il veut l’associer à ses souffrances. Pylade regrette le tour que prend la situation.

PYLADE
Voilà donc le succès qu’aura votre ambassade :
Oreste ravisseur !

Mais Oreste se désintéresse désormais du sort de la Grèce. Il se lasse des injustices dont les dieux sont responsables et conseille à Pylade de se détourner de lui et de livrer Astyanax aux Grecs.
Par amitié, Pylade consent finalement à enlever Hermione. Les vaisseaux sont prêts et il connaît tous les secrets du palais pour l’enlever facilement. Oreste remercie son ami et lui demande pardon.

ORESTE
J’abuse, cher ami, de ton trop d’amitié
Mais pardonne à des maux dont toi seul as pitié ;
Excuse un malheureux qui perd tout ce qu’
il aime,
Que tout le monde
hait, et qui se hait lui-même.

Pylade lui demande seulement de ne pas se dévoiler et de ne plus penser à Hermione pour le moment.

Scène II
Hermione, Oreste, Cléone.

Oreste retrouve Hermione. Il est au courant des projets de Pyrrhus. Hermione sait qu’il sera son témoin. Elle serait donc d’accord avec cette idée ? Hermione veut croire qu’il a changé d’avis et qu’il revient vers elle par crainte des Grecs. Mais pour Oreste, il n’y a aucun doute. Pyrrhus aime Hermione.

ORESTE
Non, Madame : il vous aime, et je n’en doute plus.
Vos yeux ne font-ils pas tout ce qu’ils veulent faire ?
Et vous ne vouliez pas sans doute lui déplaire.

Hermione donne l’argument bien commode de l’obéissance à ses devoirs de princesse. « Chacun peut à son choix disposer de son âme » dit Oreste et son devoir à lui … est de se retirer.

Scène III
Hermione, Cléone.

Hermione s’étonne qu’Oreste ne soit pas plus en colère. Selon Cléone, sa douleur est d’autant plus forte qu’elle vient de lui. Elle est rassurée : Pyrrhus ne craint personne : « Il veut tout ce qu’il fait, et s’il m’épouse, il m’aime. » Peu importe qu’Oreste lui impute ses douleurs. Cléone voit arriver Andromaque et Cléone conseille à sa maîtresse de dissimuler ses émotions.

Scène IV
Andromaque, Hermione, Cléone, Céphise.

Andromaque dit à Hermione de ne pas fuir. Elle n’est pas là pour lui disputer l’amour de Pyrrhus. Son amour s’est enfoui dans la tombe d’Hector mais elle veut sauver son fils et elle sollicite d’Hermione la possibilité de pouvoir le cacher dans quelque île déserte. Hermione prétexte l’obéissance à son père pour ne pas répondre. Elle suivra l’avis de Pyrrhus et laisse Andromaque essayer de plaider sa cause.

Scène V
Andromaque, Céphise.

Andromaque est en colère contre Hermione mais Céphise lui conseille de voir Pyrrhus.

Scène VI
Pyrrhus, Andromaque, Phœnix, Céphise.

Après un temps d’hésitation réciproque, Andromaque et Pyrrhus s’affrontent à nouveau. Andromaque se propose comme victime des Grecs à la place de son fils. Pyrrhus lui rappelle qu’elle n’a pas demandé sa grâce quand elle pouvait encore être accordée. Andromaque est prête à tomber à genoux devant lui. Pyrrhus est conscient de sa haine et de son mépris.

PYRRHUS
Non, vous me haïssez ; et dans le fond de l’âme
Vous craignez de devoir quelque chose à ma flamme.
Ce fils même, ce fils, l’objet de tant de soins,
Si je l’avais sauvé, vous l’en
aimeriez moins.
La haine, le mépris, contre moi tout s’assemble ;
Vous me
haïssez plus que tous les Grecs ensemble.
Jouissez à loisir d’un si noble courroux.

Alors que Pyrrhus semble résolu à partir, Andromaque ne sait plus que faire. Sa famille est morte, son fils seul lui reste, elle avait cru que sa prison deviendrait son asile et avait espéré un ennemi plus magnanime. Mais au moins que la mort ne la sépare pas de son fils. Pyrrhus demande à Phoenix d’aller l’attendre.

Scène VII
Pyrrhus, Andromaque, Céphise.

Pyrrhus a changé d’avis. Il peut lui rendre le fils qu’elle pleure et veut qu’ils cessent de se haïr. C’est lui maintenant qui la convie à sauver son fils. Il est prêt à renvoyer Hermione et à couronner Andromaque à sa place. Andromaque doit maintenant se décider.

PYRRHUS.
Mais ce n’est plus, Madame, une offre à dédaigner :
Je vous le dis, il faut ou périr ou régner.
Mon cœur, désespéré d’un an d’ingratitude,
Ne peut plus de son sort souffrir l’incertitude.
C’est craindre, menacer et gémir trop longtemps.
Je meurs si je vous perds, mais je meurs si j’attends.

Scène VIII
Andromaque, Céphise.

Alors que Céphise se réjouit de cette victoire et conseille à Andromaque d’accepter cette solution qu’Hector ne lui reprocherait pas, Andromaque manifeste beaucoup moins d’enthousiasme à l’idée de ce mariage. Elle n’oublie pas la mort d’Hector, de Priam, la nuit funeste pour Troie, le carnage perpétré par Pyrrhus, sa propre souffrance. Elle ne veut pas devenir la complice de ces crimes et préfère mourir. Céphise s’apprête donc à accompagner Andromaque à son sacrifice. Mais le souvenir et les dernières paroles d’Hector font vaciller la détermination d’Andromaque. Elle doit sauver son fils. 

ANDROMAQUE
Roi barbare, faut-il que mon crime l’entraîne ?
Si je te
hais, est-il coupable de ma haine ?

Mais elle peine à donner des instructions claires à Céphise qui lui demande quelle réponse elle doit donner à Pyrrhus. Andromaque veut aller sur le tombeau d’Hector pour le consulter.

ACTE quatrième

Scène I
Andromaque, Céphise.

Céphise se réjouit d’une décision que lui a dictée Hector et qui sauvera son fils. Pyrrhus se dresse désormais contre les Grecs en prenant la défense d’Astyanax et les préparatifs ont commencé au temple. Andromaque veut d’abord aller voir son fils… pour la dernière fois. Nouvelle surprise de Céphise. Andromaque reproche à sa confidente de mal la connaître.

ANDROMAQUE
Mais j’ai cru qu’à mon tour tu me connaissais mieux.
Quoi donc ? as-tu pensé qu’Andromaque infidèle
Pût trahir un époux qui croit revivre en elle,
Et que de tant de morts réveillant la douleur,
Le soin de mon repos me fît troubler le leur ?

Elle sauvera son fils en épousant Pyrrhus mais aussitôt elle se tuera.

ANDROMAQUE
Je vais, en recevant sa foi sur les autels,
L’engager à mon fils par des nœuds immortels.
Mais aussitôt ma main, à moi seule funeste,
D’une infidèle vie abrégera le reste,
Et sauvant ma vertu, rendra ce que je doi
À Pyrrhus, à mon fils, à mon époux, à moi.

Andromaque défend à Céphise de la suivre dans la mort. Elle lui confie le soin de s’occuper d’Astyanax,  de veiller à ce que Pyrrhus tienne sa promesse, de l’éduquer dans le souvenir des héros troyens et de ses parents en renonçant à se venger. Elle demande enfin à Céphise de ne pas la trahir par ses larmes.

Scène II
Hermione, Cléone.

Cléone s’étonne du silence d’Hermione alors même que Pyrrhus vient de décider d’épouser Andromaque. Elle redoute même « un calme si funeste ».  Oreste arrive.

Scène III
Oreste, Hermione, Cléone.

Oreste lui demande s’il est vrai qu’Hermione a souhaité sa présence. Elle veut savoir s’il l’aime et s’il est prêt à la venger. La réponse ne fait aucun doute.

HERMIONE
                 
Je veux savoir, Seigneur, si vous m’aimez.

ORESTE
Si je vous aime ? ô dieux ! Mes serments, mes parjures,
Ma fuite, mon retour, mes respects, mes injures,
Mon désespoir, mes yeux de pleurs toujours noyés,
Quels témoins croirez-vous, si vous ne les croyez ?

HERMIONE
Vengez-moi, je crois tout.

Oreste est prêt à allumer une nouvelle guerre (où Hermione serait Hélène et lui Agamemnon). Mais ce n’est pas une guerre que veut Hermione. Elle veut qu’Oreste court au temple et tue Pyrrhus. Oreste hésite. Il veut bien de la vengeance mais pas du crime. Il doit rendre des comptes à la Grèce. Mais Hermione insiste. Si Oreste ne le tue pas maintenant, elle risque de lui pardonner ou de l’aimer à nouveau. Oreste cède alors. Il agira cette nuit. Mais c’est de jour que Pyrrhus va épouser Andromaque. Il doit frapper au plus vite. Oreste hésite encore et Hermione s’impatiente de ses raisonnements. Il se plaint de ne pas être aimé et ne fait rien pour elle. Elle ira donc au temple et elle tuera elle-même avant de se suicider.

HERMIONE
Et tout ingrat qu’il est, il me sera plus doux
De mourir avec lui que de vivre avec vous.

Oreste agira donc.

Scène IV
Hermione, Cléone.

Cléone s’inquiète de la décision d’Hermione. Celle-ci veut être sûre que Pyrrhus sache qu’il mourra par haine d’Hermione et non par l’Etat. 

HERMIONE
Va le trouver : dis-lui qu’il apprenne à l’ingrat
Qu’on l’immole à
ma haine, et non pas à l’État.
Chère Cléone, cours : ma vengeance est perdue
S’il ignore en mourant que c’est moi qui le tue.

Alors que Cléone voit arriver Pyrrhus, Hermione lui demande de rejoindre Oreste.

Scène V
Pyrrhus, Hermione, Phœnix.

Pyrrhus explique le sens de sa visite. Il ne veut pas essayer d’excuser son acte. Il va épouser Andromaque. Ménélas et Achille avaient décidé de leur union sans amour. Pyrrhus a d’abord accepté cette décision et essayé de l’assumer. Mais Andromaque lui « arrache un cœur qu’elle déteste » et ils vont se marier. Il comprend qu’Hermione puisse laisse éclater sa colère. 
Hermione l’accuse d’être criminel et perfide, traître et parjure. Elle rappelle qu’il a tué le vieux Priam, père d’Hector et Polyxène, sa plus jeune sœur. Pyrrhus reconnaît ses excès mais il veut oublier le passé et il ne croit pas qu’ils se soient jamais aimés :
« Il faut se croire aimé pour se croire infidèle. » 
Hermione proteste. Elle l’a aimé et a renoncé à tout pour lui, elle a résisté à ses infidélités. Et aujourd’hui encore elle se demande si elle ne l’aime pas encore.

HERMIONE
Je ne t’ai point aimé, cruel ? Qu’ai-je donc fait ?

J’ai dédaigné pour toi les vœux de tous nos princes ;
Je t’ai cherché moi-même au fond de tes provinces ;
J’y suis encor, malgré tes infidélités,
Et malgré tous mes Grecs honteux de mes bontés.
Je leur ai commandé de cacher mon injure ;
J’attendais en secret le retour d’un parjure ;
J’ai cru que tôt ou tard, à ton devoir rendu,
Tu me rapporterais un cœur qui m’était dû.

Je t’aimais inconstant, qu’aurais-je fait fidèle ?
Et même en ce moment où ta bouche cruelle
Vient si tranquillement m’annoncer le trépas

ingrat, je doute encor si je ne t'aime pas.

S’il doit épouser Andromaque, qu’il le fasse mais qu’il diffère de mariage d’un jour. Les dieux n’ont pas oublié qu’il était lié à Hermione.


Scène VI
Pyrrhus, Phœnix.

Phoenix conseille à Pyrrhus de ne pas négliger la colère d’Hermione qui est aimée par Oreste. Mais Pyrrhus pense déjà à Andromaque et demande à Céphise de garder Astyanax.

ACTE cinquième

Scène I
Hermione seule.

Hermione est désemparée : « Ah ! ne puis-je savoir si j’aime ou si je hais ? » Elle souffre de la façon dont Pyrrhus l’a congédiée. Et pourtant, elle tremble déjà du coup qui va le frapper mais elle se ravise aussitôt : « Qu’il périsse ! » Sa colère contre « le perfide » redouble. Il se moque d’elle et croit qu’elle retiendra sa main. Elle va laisser agir Oreste. « Sa mort sera l’effet de l’amour d’Hermione ». N’a-t-elle donc traversé les mers que pour assassiner ce prince dont elle a d’abord entendu les exploits avant de lui être destinée.

Scène II
Hermione, Cléone.

Cléone commente les événements. Elle a vu Pyrrhus mener au temple, au milieu de mille cris de joie, une Andromaque « incapable toujours d’aimer et de haïr ». Hermione veut savoir comment a réagi Pyrrhus et s’il était troublé. Sans penser à autre chose, Pyrrhus a rangé sa garde autour d’Astyanax que Phoenix a conduit dans un fort éloigné du temple. Oreste est alors entré dans le temple. Hermione est impatiente et veut savoir si Oreste a accompli son geste fatale. Non, car s’il aime Hermione, il respecte aussi Pyrrhus. Hermione le traite de lâche en évoquant le souvenir d’Hélène. Elle agira donc elle-même.

Scène III
Oreste, Hermione, Cléone.

Mais Oreste vient annoncer la mort de Pyrrhus. Il raconte la scène : Pyrrhus l’a vu entrer dans le temple, il a posé le diadème sur la tête d’Andromaque en se posant en protecteur d’Astyanax « roi des Troyens ». A ces mots, tout le monde s’est rué sur lui. Oreste n’a « pu trouver de place pour l’abattre » ; il est venu en hâte chercher Hermione pour fuir avec elle. Mais Hermione le rejette et lui reproche cet assassinat. Oreste ne comprend pas : c’est bien ce qu’elle lui a demandé de faire ? Hermione se contredit : ce n’est pas ce que son cœur voulait et c’était à elle d’agir.

HERMIONE
Ah ! fallait-il en croire une amante insensée ?
Ne devais-tu pas lire au fond de ma pensée ?
Et ne voyais-tu pas, dans mes emportements,
Que mon cœur démentait ma bouche à tous moments ?
Quand je l’aurais voulu, fallait-il y souscrire ?
N’as-tu pas dû cent fois te le faire redire ?
Toi-même avant le coup me venir consulter,
Y revenir encore, ou plutôt m’éviter ?
Que ne me laissais-tu le soin de ma vengeance ?
Qui t’amène en des lieux où l’on fuit ta présence ?

Elle le rend responsable de ce qui s’est passé : c’est à cause de son ambassade que Pyrrhus s’est tourné vers Andromaque. Elle restera en Epire et traite Oreste de monstre.

Scène IV
Oreste seul.

Oreste est effondré. Il ne comprend pas. Il a tout fait pour elle : assassiner un roi qu’il révère, violer les droits d’un souverain, des ambassadeurs, des humains. Il est devenu parricide, assassin, sacrilège pour une ingrate. « Elle l’aime ! » et s’éloigne de lui.

Scène V
Oreste, Pylade, soldats d’Oreste.

Pylade vient lui rappeler qu’ils doivent partir rapidement. Tout le peuple, désormais soumis à leur reine Andromaque, est désormais à leur poursuite. Andromaque, en épouse fidèle, rend tous les devoirs à Pyrrhus et veut qu’on le venge. Mais Oreste veut suivre Hermione qui retient la foule. Pylade apprend alors à Oreste qu’Hermione est morte. En voyant le cadavre de Pyrrhus, elle s’est poignardée.

PYLADE
Mais du haut de la porte enfin nous l’avons vue
Un poignard à la main sur Pyrrhus se courber,
Lever les yeux au ciel, se frapper et tomber.

Oreste veut mourir à son tour. Il sombre dans la folie, croyant voir  Pyrrhus à la place de Pylade et Hermione qui l’embrasse. Pylade l’emmène.

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commentaires

Y
Bonsoir, j'ai vraiment apprécié la lecture de ce résumé, qui, je trouvais mettais bien en lumière les faits de l'oeuvre. Je tenais aussi à vous remercier de bien vouloir partager vos travaux. Merci.
Répondre
Y
Bonsoir,<br /> J'aimerais bien savoir si ce qui a été présenté au dessus peut être vu comme un cours complet?
Répondre
P
Assurément non. Ces documents ne sont qu'une aide à la lecture et à la révision mais ne remplacent ni la lecture intégrale des œuvres ni l'attention et la participation aux cours que dispensent les professeurs de CPGE et les travaux qu'ils proposent. Bon courage. BM

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