En termes de superlatifs dithyrambiques, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Il évolue, lui, dans une autre catégorie, celle de l’emphase délirante de la rhétorique stalino-maoïste qui sonne aussi creux et métallique que les immenses statues qui témoignent de ce culte de la personnalité : « Cher Dirigeant », « étoile polaire », « héros », « génie de la révolution », « soleil du XXIe siècle ». Président du Comité de défense nationale qui dirige une armée populaire de Corée de 9,5 millions d’hommes et secrétaire général du Parti du travail de Corée, Kim Jong-Il fut, de facto, le « Dirigeant suprême de la République populaire démocratique de Corée », entre 1994, date de la mort de son père Kim Il-Sung, le fondateur et premier dirigeant du pays, et cette fin d’année 2011 qui voit l’accession au pouvoir de son fils cadet Kim Jong-Un. La biographie de cet héritier de la seule dynastie communiste au monde, prêterait à sourire dans sa version hagiographique officielle par ces invraisemblances ubuesques si le règne de cette famille, depuis soixante- six ans, n’illustrait le paroxysme d’une dictature militaire marxisto-confucéenne menaçant régulièrement la sécurité de son voisin du sud (qu’on se rappelle la guerre de Corée entre 1950 et 1953), l’ordre politique mondial par son chantage nucléaire et maintenant surtout son peuple de 24 millions d’habitants dans un état de servitude et de pauvreté extrêmes (comme en témoignent les camps de travail où plus de 200 000 personnes seraient détenus dans des conditions effroyables et les famines qui ont fait entre 200 000- chiffre officiel- et 2 millions de morts entre 1995 et 1999).
Mais le traitement le plus saisissant de cette double mort incongrue revient au Globe and Mail, au Canada, qui a retrouvé un éditorial de Vaclav Havel sur Kim Jong-il datant du 17 juin 2004 ; le grand démocrate tchèque appelait le monde à réagir aux crimes avérés du sinistre despote nord-coréen. « Le Nord de la péninsule coréenne est gouverné par le pire dictateur totalitaire au monde, le responsable de la perte de millions de vies humaines », s'indignait alors Vaclav Havel, cet inlassable combattant de la liberté et de la vérité.
En 1994, les funérailles de Kim Il-Sung :