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16 août 2015 7 16 /08 /août /2015 10:06

Document établi par Bernard MARTIAL, professeur de lettres-philosophie  en CPGE

(les n°s entre parenthèses renvoient aux numéros de page dans l’édition GF n° 1556)

3e partie (chapitre 89 à 132)

 

LXXXIX. (89) Où la fausse courtisane se révèle une sainte

 Crevel fait l’éloge de Valérie Marneffe. Il lui doit tout. Elle devient très influente (416). L’indignation a séché les larmes de la baronne. Crevel lui fait remarquer qu’elle ignore bien le monde. Elle comprend en tout cas qu’il se venge d’elle après s’être vengé du baron. Revirement de Crevel qui lui propose cette somme. Elle est prête à tout pour cela (417). Si elle veut jouer les Adeline, il est prêt à la… vendre au député Beauvisage qui veut être aimé d’une femme comme il faut. La baronne craque : elle ne peut pas faire cela (418) Elle joue d’ailleurs mal son rôle. Crevel est abasourdi par cette attitude sublime et il se rend sans condition. Il déposera l’argent à la Banque. La baronne crie au miracle. Elle propose son amitié à Crevel. Il lui dit de ne plus trembler. « Songez, mon ami, dit-elle en livrant ses secrets, qu’il s’agit d’empêcher le suicide de mon pauvre oncle Fischer, compromis par mon mari, car j’ai confiance en vous maintenant et je vous dit tout ! Ah ! si nous n’arrivons pas à temps, je connais le maréchal, il a l’âme si délicate, qu’il mourrait en quelques jours. » (420) Le baron a volé l’état. Crevel admire la baronne et disparaît.

 

XC. (90) Autre guitare

Pour prendre des inscriptions chez lui rue Plumet, Crevel ne peut résister au plaisir de passer chez Valérie, rue Vanneau. Reine est en train de la coiffer. Valérie lui demande de se retirer (421). Elle lui demande ce qui se passe. Il finit par lui dire qu’il lui faut 200.000 F dans deux heures. Elle est sûre qu’il les trouvera. Elle n’a pas employé les 50.000 F du procès-verbal et peut en demander l’équivalent à Henri. Crevel s’agace d’entendre parler de lui. Elle n’est pas prête à le congédier : il lui sert à savoir si Crevel l’aime. Elle le taquine : il ne l’aime pas ce matin :

      « — Je ne t’aime pas, Valérie ! dit Crevel, je t’aime comme un million !

— Ce n’est pas assez !… reprit-elle en sautant sur les genoux de Crevel en lui passant ses deux bras au cou comme autour d’une patère pour s’y accrocher. Je veux être aimée comme dix millions, comme tout l’or de la terre, et plus que cela. »

Elle veut savoir ce qu’il a sur le cœur (422). Crevel demande à Valérie de promettre de ne pas répéter ce qu’il va lui dire. Il lui parle de la baronne et des 200.000 F et de sa promesse de l’aider. Valérie est mécontente et se détourne de lui (423). Elle joue la comédie de la femme outragée et pieuse, évoque son sacrifice (424). Crevel est épouvanté de cette excitation : s’il la perdait, il en mourrait (425). Elle feint de dire une prière à Sainte Valérie, elle se dit prête à tout, même à renoncer à « celui qu’elle aime tant ». Elle se montre froide et indifférente. Son devoir est d’être à son mari mourant. Elle va quitter Crevel. Il pleure et … elle ricane en se moquant de lui : «  Gros cornichon ! s’écria-t-elle en poussant un infernal éclat de rire, voilà la manière dont les femmes pieuses s’y prennent pour vous tirer une carotte de deux cent mille francs ! » Elle lui reproche de s’être laissé prendre à ce piège. S’il donne de l’argent à cette femme, il ne la reverra pas. (426) Crevel ferait mieux de lui prêter ces 200.000 F pour son hôtel. Si au moins il faisait œuvre de bienfaisance, il gagnerait une réputation. Les jeter ainsi est stupide. (427) Elle pousse Crevel hors de sa chambre. Voilà Lisbeth vengée.

 

XCI. (91) Un trait du maréchal Hulot

 L’hôtel du maréchal Hulot, rue du Mont-Parnasse. Il n’occupe que le rez-de-chaussée. Lisbeth veut louer le premier étage pour que ça ne coûte rien au comte (428). Les tristes pensées du maréchal qui a deviné la gêne de sa belle-sœur et s’attend à loger la baronne et sa fille. Fortune médiocre du maréchal. Le ministre de la guerre a insisté pour qu’il ait une indemnité d’installation avec laquelle il a meublé le rez-de-chaussée. Une voiture avec des chevaux. Un domestique et une cuisinière. Il va à pied de la rue du Mont-Parnasse à la rue Plumet par le boulevard. Dans la rue, les soldats le saluent – Anecdote qui donne la mesure du respect pour le maréchal: un jour, un jeune ouvrier demande à un vieux capitaine des Invalides qui il salue. Le capitaine raconte son souvenir de la grande armée, en 1809 où Hulot (429), alors colonel des grenadiers de la garde s’est illustré aux côtés de Masséna en dégageant un pont. L’ouvrier crie alors : « vive le maréchal ! » mais celui-ci est sourd- (430) Affliction du maréchal qui a obtenu des aveux de Lisbeth sur la situation de son frère en lui promettant de l’épouser. Le maréchal s’offusque que son frère ait eu trois maîtresses alors qu’il avait Adeline. Lisbeth voudrait que le maréchal obtienne pour la baronne une place honorable, par exemple d’inspectrice des associations de bienfaisance. Le maréchal veut aller voir le ministre de la guerre (431). Lisbeth trône déjà dans la maison du maréchal. Elle est crainte par les trois serviteurs et se rend indispensable au maréchal qui l’apprécie pour ses qualités démocratiques.

 

XCII. (92) La mercuriale (remontrance) du prince

Le baron Hulot quitte les bureaux de la guerre pour se rendre au cabinet du ministre de la guerre qui l’a fait demander (432). Hulot est inquiet. L’huissier Mitouflet lui dit que le ministre a une dent contre lui. Hulot devient blême. Portrait du ministre (rival de Bernadotte). Hulot arrive chez le ministre. Le maréchal regarde le directeur sans rien dire au point que Hulot baisse les yeux. Le baron dit qu’il a eu tort de faire des razzias en Algérie sans lui en parler (433). Il se plaint du manque de fortune des serviteurs de l’Etat. « Vous avez volé l’État ! vous vous êtes mis dans le cas d’aller en cour d’assises, dit le maréchal, comme ce caissier du Trésor ! et vous prenez cela, monsieur, avec cette légèreté ? » lui dit le ministre. Le baron se défend : il n’a pas plongé les mains dans la caisse (434). Le ministre lui reproche d’avoir compromis la haute administration pour 200.000 F et une gueuse – Anecdote, racontée par le colonel Pourrin, du lancier de Saverne qui a vendu des effets de sa compagnie pour offrir un châle à une petite Alsacienne, et qui est mort pour sauver sin honneur -  Le baron craint que le ministre ne l’abandonne.

 

XCIII. (93) Très court duel entre le maréchal Hulot, comte de Forzheim, et Son Excellence monseigneur le maréchal Cottin, prince de Wissembourg, duc d’Orfano, ministre de la guerre.

Le maréchal Hulot, ayant appris que son frère et le ministre étaient seuls, se permet d’entrer (435). Le ministre lui dit que sa démarche est inutile. Il est en colère contre le baron. Puis, il prend un dossier sur sa table et le montre au maréchal Hulot contenant plusieurs documents. La première note résume l’affaire (436) : tripotage sur les grains et les fourrages dans la région d’Oran. Le garde-magasin a fait des aveux et s’est enfui. Johann Fischer s’est poignardé avec un clou dans sa prison. Mais, avant sa mort ; cet honnête homme a écrit une lettre qui a été saisie par le procureur du roi. Celui-ci s’est inquiété de la mise en accusation d’un conseiller d’Etat. Pour régler cette affaire, le procureur général a consenti à ce que le dossier soit transmis à Paris pour que cette affaire soit réglée au plus vite. Le papier tombe des mains du maréchal Hulot mais il cherche la lettre de Johann Fischer. Celle-ci annonce le suicide du vieil homme (437). On ne trouvera pas de preuves contre lui car Chardin est en fuite. Il n’a plus besoin d’envoyer les 200.000 F. Le maréchal Hulot demande pardon au prince de Wissembourg et demande à son frère combien il a pris : 200.000 F. Le comte de Forzheim promet de rendre cet argent sous 48h. Le ministre ne veut pas de l’argent mais leurs démissions et leurs retraites. Leur procès serait une honte pour tous. Puis, il fait appeler Marneffe (438) à qui il reproche d’avoir ruiné le baron. Le ministre lui demande de rendre les 200.000 F ou d’aller en Algérie. Il lui signifie son avis de changement. Marneffe préfère démissionner. « J’en mourrai ! » dit le maréchal Hulot (439). Le ministre demande à son vieil ami pourquoi il est venu. Pour la baronne. Le ministre continue ses reproches au baron. Il s’occupera de la baronne. Le ministre regarde les deux frères « le brave et le lâche, le voluptueux et le rigide, l’honnête et le concussionnaire », persuadé que le maréchal en mourra (440).

 

XCIV. (94) Théorie des canards

Différents articles des journaux du lendemain :

Le premier annonce la retraite du baron Hulot d’Ervy suite à une…  attaque de paralysie. Regret du départ de ce serviteur de l’Etat après 45 ans de service. Rappel de su dévouement de l’ordonnateur en chef de la garde impériale à Varsovie.

Le second parle de l’affaire des fourrages d’Alger et de la mort de « Johann Wisch » (441), honnête homme tué dans sa prison et de la fuite de son complice Chardin.

Le troisième annonce la création par le ministre de la guerre d’un bureau des subsistances en Afrique dont Marneffe, chef de bureau devra gérer l’organisation. Le comte Martial de la Roche-Hugon, député, beau-frère de M. le comte de Rastignac succèdera au baron Hulot. Massol, maître des requêtes, est  nommé conseiller d’État, et Claude Vignon maître des requêtes. Voilà comment la presse officielle berne les gens (442).

 

XCV. (95) La mercuriale du frère

Le maréchal Hulot ramène son frère dans son hôtel. Dans son cabinet, le comte tire une boîte avec deux pistolets offerts par l’empereur et les montre à son frère : « Voilà ton médecin ». Effrayée, Lisbeth court chercher la baronne. Le maréchal sonne son factotum et lui demande de convoquer pour midi son notaire, le comte Steinbock, sa nièce Hortense et l’agent de change du Trésor (443). Puis, il va chercher une cassette offerte par le Czar et contenant 152.000 F. La baronne arrive et demande ce qui se passe. Le maréchal parle du déshonneur, du vol, de l’humiliation publique devant l’homme qu’il estime le plus, du pain arraché à sa famille, de la mort de l’oncle Fischer, de la façon dont il a traité sa femme (444).Il ne veut plus le voir. Puis, le maréchal se laisse tomber sur le divan de son cabinet. Il demande à Adeline de l’emmener sinon il le tuera lui-même (445). Elle emmène le baron rue Plumet où il prend le lit.

 

XCVI. (96) Un bel enterrement

A midi et demi, Lisbeth introduit dans le cabinet du maréchal M. Hannequin, notaire et le comte Steinbock. Il veut que Wenceslas signe une autorisation pour vendre une inscription de rente en faveur de sa femme. Il veut pouvoir vendre le titre à la Bourse le jour même pour qu’elle puisse signer l’acte (446). Le lendemain, à 10h, il se fait annoncer chez le prince de Wissembourg. Le maréchal apporte les 200.000 F. Le ministre ne peut les accepter car ils seraient obligés d’avouer la concussion de Hulot mais il prendra les ordres du roi à ce sujet. Le maréchal dit adieu au ministre (447) qui est sûr qu’il n’a pas 3 jours à vivre.

Trois jours après, le maréchal meurt. Foule immense et hommage unanime à son enterrement. Même le marquis de Montauran, frère de son vieil ennemi (cf. Les Chouans), est là (448). Cette mort, quatre jours avant la dernière publication de son mariage, est une catastrophe pour Lisbeth. Elle se retrouve à la rue et va pleurer chez Mme Marneffe. Crevel, pourtant, s’occupe de ses intérêts. Un mot du maréchal a aussi demandé à la baronne, à Hortense et à Victorin de lui payer 1.200 F de rente viagère.

 

XCVII. (97) Départ du père prodigue

Adeline cache la mort du maréchal pendant quelques jours mais il comprend en voyant Lisbeth en deuil (449).  La famille réunie, Hortense dit qu’ils ne peuvent plus rester dans leur logement. Victorin logera sa mère dans l’appartement au-dessus du leur. Le baron se sent de trop et leur dit que bientôt, il ne les dérangera plus puis il se retire dans sa chambre où Adeline le suit. Il demande pardon à sa femme (450). Mais dit qu’il doit partir (451). Il ne peut rester. Sa pension est engagée pour 4 ans, il va être sous le coup d’une contrainte par corps. Il reviendra dans un mois. Adeline veut partir avec lui. Il feint d’accepter. Puis, il demande à Mariette de préparer ses affaires et demande à sa femme de le laisser seul pour rédiger ses instructions à Victorin. Mais le baron s’éclipse en laissant un mot à Mariette pour qu’elle lui adresse ses affaires (452). En apprenant ce départ, la baronne s’évanouit. Les recherches de Victorin pour le retrouver sont infructueuses.

 

XCVIII. (98) Où Josépha disparaît

Le baron passe par la place du Palais-Royal,  la rue Joquelet et va rue de la Ville-l’Evêque, au fond de l’hôtel de Josépha. Josépha peine à le reconnaître.  Il lui demande de le loger dans une chambre de domestique pendant quelques jours (453).  Elle a entendu dire que c’est une femme du monde qui l’a mis dans cet état. Elle le fera passer pour son père et lui demande si tout ce qu’on raconte sur lui est vrai. Elle admire son côté Sardanapale (454). Hulot se trouve absous dans le vice. Josépha veut le faire parler de Mme Marneffe car elle est curieuse de le voir (elle l’a entrevue en calèche au Bois) (455).  Elle pense toutefois que Crevel ne se laissera pas faire. Il est vaniteux et froid. « Ce n’est pas comme toi, mon vieux, tu es un homme à passions, on te ferait vendre ta patrie ! » Elle est prête à l’aider : 100.000 F, une chambre au second, 100 écus par mois. Le baron ne veut pas se faire entretenir. Il propose de devenir régisseur du duc d’Hérouville en Normandie sous le nom de Thoul (456). Il veut rester inconnu pendant trois ans. Josépha estime le duc et peut obtenir ce qu’elle veut de lui mais elle n’est pas sûre que la place lui convienne. Elle a son idée.

 

XCIX. (99) Une agrafe

Il lui faut des femmes. Au bas de la Courtille, rue Saint-Maur-du-Temple, elle connaît une famille qu’elle soutient avec une petite fille (457). La petite  Olympe Bijou doit venir le lendemain lui apporter une robe de chambre (458).  Josépha est prête à organiser la relation du baron (72 ans) avec Bijou (16 ans). Il sera emballé pour trois ans. Hulot veut refuser. Josépha veut le convaincre qu’il fera le bonheur d’une famille et rachètera ainsi ses fautes (459). Hulot souligne qu’il n’a pas d’argent. Josépha a tout prévu. Le duc se charger de lui avancer l’argent. Le baron ira dîner avec le duc (460). Le lendemain, il voit entrer Olympe Bijou. Son portrait (461). Josépha conseille au baron de lui tenir la bride. Dix jours après, pendant que la famille se désespère, Hector se trouve rue Saint-Maur, sous le pseudonyme de Thoul, à la tête d’un établissement de broderie sous la déraison sociale Thoul et Bijou.

 

C. (100) Le legs du Maréchal

Victorin Hulot s’est bonifié dans ces épreuves. Il jure d’accomplir ses devoirs (462). Claude Vignon le prie de venir voir le prince de Wissembourg qui lui donne les 200. 000 F. Il préfère les lui remettre à lui qu’à sa mère qui serait bien capable d’aider son mari (463). Victorin va être nommé  avocat du contentieux de la guerre, avocat consultant de la préfecture de police, et conseil de la liste civile. Ces trois fonctions lui  constitueront 18.000 F de traitement et ne lui enlèveront point son indépendance. Il pourra voter selon ses opinions. Mmes Popinot, de Rastignac, de Navarreins, d’Espard, de Grandlieu, de Carigliano, de Lenoncourt et de la Bâtie, présidentes de sociétés de bonnes œuvres,  ont créé pour sa mère une place d’inspectrice de bienfaisance. Qui lui rapportera 6.000 F par an. Ainsi, le maréchal continue à veiller sur eux (464).  Victorin remercie le ministre qui lui demande si le baron a disparu. Victorin recevra 6 mois d’honoraires et essaiera de dégager la pension de son père en parlant à Nucingen. A son retour, rue Plumet, Victorin peut accomplir son projet de prendre chez lui sa mère et sa sœur.

 

CI. (101) Grands changements

Le pavillon, acquis en 1834, par Victorin Hulot sur le boulevard entre la rue de la Paix et la rue Louis-le-Grand acheté 1 million (465). 500.000 F payés. Il se loge au rez-de-chaussée : 200.000 F offerts par Crevel à sa fille, 200.000 F payés par Victorin en 7 ans, dette de 500.000 F (466), somme remise par le ministre qui réduit la facture de 2000.000 F. Victorin donne à sa mère le premier étage et à sa sœur le deuxième où Lisbeth aura deux chambres. La situation s’améliore. La baronne a quitté la rue Plumet. Lisbeth accepte « la charge de recommencer les tours de force économiques accomplis chez Mme Marneffe, en voyant un moyen de faire peser sa sourde vengeance sur ces trois si nobles existences, objet d’une haine attisée par le renversement de toutes ses espérances ». Une fois par mois, elle va  voir Valérie, chez qui elle est envoyée par Hortense, qui veut avoir des nouvelles de Wenceslas, et par Célestine, qui est inquiète pour son père (467). Vingt mois passent : la santé de la baronne s’améliore et elle prend ses nouvelles fonctions comme une occasion de retrouver la trace du baron. Les lettres de change de Vauvinet et la pension du baron quasiment libérée. Victorin acquitte les dépenses de la famille. « La pauvre femme aurait eu presque le bonheur, sans ses perpétuelles inquiétudes sur le sort du baron, qu’elle aurait voulu faire jouir de la fortune qui commençait à sourire à la famille ; sans le spectacle de sa fille abandonnée, et sans les coups terribles que lui portait innocemment Lisbeth, dont le caractère infernal se donnait pleine carrière. »

Une scène se déroulant en mars 1843 explique « les effets produits par la haine persistante et latente de Lisbeth, toujours aidée par Mme Marneffe » :

1.     Mort à la naissance de l’enfant de Valérie.

2.     Mort de Marneffe onze mois auparavant (confirmée par le docteur Bianchon) (468).

Crevel s’est réjoui de se marier avec Mme Marneffe. Les projets de Crevel d’acquérir la terre de Presles et d’être conseiller général de Seine-et-Oise, d’avoir un fils. Après dix mois de veuvage, la terre de Presles a été achetée et Victorin et Célestine ont envoyé Lisbeth chercher des nouvelles sur le mariage de Valérie et de Crevel (469).

 

CII. (102) L’Epée de Damoclès

Célestine et Hortense se rapprochent. La baronne est absente de 11h à 17h pour ses œuvres de bienfaisance. Elles pensent tout comme deux sœurs. Elles se retrouvent dans un petit kiosque au milieu du jardinet. Hortense trouve que Célestine est trop sévère avec son mari (470). Hortense est pressée que Lisbeth rentre car elle voudrait avoir des nouvelles de Wenceslas. Célestine lui conseille de se réconcilier avec lui. Mais elle n’est pas prête à lui pardonner (471). Obstinée, Célestine prend exemple sur la constance de la baronne à croire au retour de son mari au point d’avoir fait aménagé une chambre pour lui. Célestine craint qu’il n’arrive à son père la même chose qu’au baron (472).

Lisbeth arrive et parle aux jeunes femmes : « Ton mari, ma bonne Hortense, est plus ivre que jamais de cette femme, qui, j’en conviens, éprouve pour lui une passion folle. — Votre père, chère Célestine, est d’un aveuglement royal. Ceci n’est rien, c’est ce que je vais observer tous les quinze jours, et vraiment je suis heureuse de n’avoir jamais su ce qu’est un homme… C’est de vrais animaux ! Dans cinq jours d’ici, Victorin et vous, chère petite, vous aurez perdu la fortune de votre père ! »  Les bans sont publiés. Lisbeth prétend avoir « négocié » auprès de Crevel qu’il libère leur maison s’ils veulent recevoir leur belle-mère. D’après Lisbeth, Crevel est bien décidé à les laisser dans l’embarras. Ils devront faire le deuil de la succession. Il a acheté 3 millions la terre de Presles et veut acheter l’hôtel de Navarreins, rue du Bac. Mme Marneffe possède, elle, 40.000 F de rente.

La baronne arrive. A 55 ans, elle est encore belle mais elle est triste et inquiète pour son mari (473). Un intendant général prétend avoir vu Hulot au théâtre avec une femme d’une beauté splendide. Adeline va se renseigner auprès du baron Vernier : il a bien vu le baron au spectacle mais il s’est éclipsé avant la fin. La baronne est heureuse de le savoir à Paris. Mais Lisbeth constate qu’il n’a pas changé et qu’il s’est remis avec une petite ouvrière en demandant l’argent à une vieille maîtresse. La baronne ne veut pas y croire. Lisbeth se complaît à faire souffrir la baronne : « Pour son plaisir, reprit Lisbeth, que ne ferait-il pas ? il a volé l’État, il volera les particuliers, il assassinera peut-être… » (474).

 

CIII. (103) L’ami du baron Hulot

Louise vient les avertir qu’un homme demande Lisbeth. Elle descend dans la cour et y trouve le père Chardin. Elle lui demande pourquoi il est là, il doit être tous les premiers samedis du mois devant l’hôtel Marneffe, rue Barbet-de-Jouy. Lisbeth l’a attendu en vain. Il était occupé à une partie de billard au café des Savants, rue du cœur-volant « et chacun a ses passions ». Lui, c’est le billard (475). Il a un message d’Hector qui demande 300 F à Lisbeth. Son fils est revenu d’Algérie et menace Hulot d’aller voir la police. Lisbeth lui donne 300 F et lui dit de ne jamais revenir ici. Elle le raccompagne et donne des instructions au concierge de ne jamais recevoir cet homme (476). Puis Lisbeth parle à Victorin : Célestine aura bientôt Mme Marneffe pour belle-mère. Depuis six mois, Lisbeth paye une pension au baron, connaît le secret de sa demeure et se plaît à faire souffrir la baronne. Victorin est bien décidé à en finir avec cette épée de Damoclès au-dessus de leurs têtes. Le ministre de la guerre appuie sa démarche. Il lui a promis l’intervention de la police pour éclairer Crevel.

 

CIV. (104) Le vice et la vertu

Obsédée par la phrase de Lisbeth (« Il en demande à ses anciennes maîtresse ! »), (477) la baronne décide d’aller voir Josépha. A midi, la femme de chambre de la cantatrice la reçoit : le vice devant la vertu (478). La baronne est prise d’un tremblement. Josépha hâte ses préparatifs. La baronne attend une demi-heure dans le grand salon de l’appartement de Josépha (479). Description du luxe. La baronne observe la puissance de séduction du luxe (480). La baronne regrette d’être venue mais elle rassemble son courage. Elle aperçoit enfin Josépha. Portrait. (481) Josépha accueille la baronne. La cantatrice, en la voyant, perd l’envie de lutter avec elle mais la baronne blesse involontairement Josépha en disant qu’elle recourt « à tous les moyens ». La baronne n’a pas vu le baron depuis deux ans et demi et s’est dit que peut-être Josépha avait de ses nouvelles (482). Josépha lui demande pardon de l’avoir fait souffrir. Geste de tendresse. Elle demande à son valet d’aller chercher la petite Bijou, rue Saint-Maur-du-Temple. Dès qu’elle a été avec le Duc d’Hérouville, Josépha a renvoyé le baron vers sa famille. Elle ne tenait pas à lui qui lui a fait manquer un mariage avec Crevel : « Eh bien, voyez-vous, madame ! je serais une honnête femme aujourd’hui, n’ayant eu qu’un mari légal ! » (483) La baronne n’est pas venue lui faire des reproches. Depuis trois ans, Josépha a pourvu aux besoins du baron avec le Duc d’Hérouville. Il y a six mois environ, le baron, connu de son notaire sous le nom de Thoul, a épuisé les 8.000 F qui devaient n’être remis que par parties égales de trois en trois mois. Depuis, ils n’ont plus entendu parler du baron. Sa maîtresse en saura peut-être plus.

 

CV. (105) Liquidation de la maison Thoul et Bijou

Josépha fait un bouquet pour la baronne qui est surprise (484) : ce n’est pas la Josépha qu’elle s’attendait à voir. Le valet vient annoncer que la mère Bijou est en route mais qu’Olympe est mariée à Grenouville, un négociant et qu’elle est à la tête d’un magnifique établissement. Sa sœur aînée va épouser un riche boucher. Josépha constate que le baron n’est plus où elle l’avait casé. Dix minutes après, on annonce l’arrivée de Mme Bijou. Josépha fait passer la baronne dans le boudoir (485). Mme Bijou donne des nouvelles de sa fille. Josépha lui reproche de ne pas être venue la voir. Olympe a fait la connaissance d’Idamore (ou Chardin) un claqueur, petit-neveu d’un vieux matelassier du faubourg Saint-Marceau. Ce souteneur de pièces est la coqueluche du boulevard du Temple, où il travaille aux pièces nouvelles, et soigne les entrées des actrices. Enfin il aime les liqueurs et le billard de naissance (486). Olympe était folle de ce gars-là qui avait de mauvaises fréquentations mais M. Braulard, le chef de la claque l’a réclamé. Il a mangé tout l’argent que M. Thoul donnait à la petite. Chardin a supposé que le baron devait plus d’argent qu’il le disait. Il a envoyé sa sœur Elodie. Elle a pris le père Thoul et l’a emmené. Là-dessus, Chardin a laissé tomber Olympe et il est parti avec une jeune première des Funambules (487). Le vieux matelassier est ivre dès 6h du matin ou en train de jouer au billard. Idamore doit passer au tribunal de Melun et au bagne. M. Grenouville est devenu amoureux d’Olympe et l’a épousée (488) avec une rente de 10.000 F  et une rente pour le père Bijou. Josépha promet une récompense à la mère Bijou si elle retrouve le père Thoul.

 

CVI. (106) L’ange et le démon chassant de compagnie

En entrant dans son boudoir, Josépha trouve la baronne évanouie. Elle revient à elle (489). Josépha promet à la baronne de réparer ses torts et de retrouver le baron. La baronne veut aller tout de suite chez Mme Grenouville. Josépha dit que par respect pour la baronne, elle ne veut pas se montrer à côté d’elle. La baronne lui dit qu’elle priera pour elle (490). Le valet de chambre pense que c’est une dame de charité.

 

CVII. (107) Autre démon

Au moment où la baronne entre chez Josépha, Victorin reçoit dans son cabinet une vieille femme de 75 ans,  Mme de Saint-Estève qui se recommande de Vautrin, chef de la sûreté (491). Frisson intérieur de Victorin à la vue de cette vieille femme. Portrait de cette femme (492). Elle veut agir par considération pour son neveu qui lui a laissé carte blanche à condition que la police n’apparaisse pas dans cette affaire. Avec 30.000 F, elle débarrassera de son problème : la jeune femme résume la situation de Mme Marneffe (29 ans) qui est sur le point d’épouser Crevel (61 ans) (493). Mme de Saint-Estève est dans l’arrondissement de Crevel sous le nom de Mme Nourrisson. Il reste trois jours avant le mariage de Crevel et Mme Marneffe : « mais on peut vous les tuer ». Victorin s’insurge. Mme Nourrisson explique qu’ils remplacent le destin depuis 40 ans ; cela leur vaut 36.000 f de rente. Sueurs froides du jeune avocat qui refuse de recourir à cette solution (494). Elle constate qu’il ne veut pas se salir les mains mais suggère de simplement faire un « don » de 40.000 F à un prêtre qui viendra faire une quête dans trois mois. Il la raccompagne, persuadé d’avoir rencontré la sœur du diable. Après avoir fini ses affaires au Palais (495), Victorin va chez M. Chapuzot, le chef d’un des plus importants services à la préfecture de police, pour y prendre des renseignements sur cette inconnue.

 

CVIII. (108) La police

Chapuzot affirme que ni lui ni le préfet n’ont envoyé quelqu’un chez Victorin. Quand le ministre de la guerre a dîné avec le ministre de l’Intérieur, il a vu le préfet et a parlé de leur situation. Le préfet a parlé à son tour à Chapuzot mais aujourd’hui, la police s’interdit d’interférer dans les affaires de famille. Les choses ont changé depuis 1820. Chapuzot a donc conseillé de ne pas s’en mêler (496). Aujourd’hui la police est désarmée (497) car la presse ne fait pas de cadeau. Chapuzot conseille à Victorin de régler cela en famille : « agissez comme vous l’entendrez ; mais vous venir en aide, mais faire de la police un instrument des passions et des intérêts privés, est-ce possible ? » (498)

 

CIX. (109) Changement du père Thoul en père Thorec

Victorin revient chez lui, gardant ses perplexités, et ne pouvant les communiquer à personne. A dîner, la baronne annonce joyeusement qu’elle est sûre de revoir le baron d’ici un mois. Elle raconte sa visite chez Josépha et parle de Chardin. Mais les autres refroidissent quelque peu son enthousiasme.

Le lendemain, à 7h, Lisbeth va au n°7 de la rue des Bernardins et envoie le cocher demander … « le chevalier ». 20 minutes après, le baron apparaît, vieilli (499). Il se plaint des Chardin et voudrait passer en Amérique. Samanon le poursuit. Sa pension ne sera libre que dans 7 à 8 mois. Lisbeth lui apporte 2.000 F. Il attendra que sa pension soit libre car il a trouvé un petit ange qui n’est pas encore dépravée. Il s’est caché rue de Charonne sous le nom de père Thorec (anagramme d’Hector), ancien ébéniste (500). Le baron part en abandonnant Mlle Elodie. Pendant une demi-heure, le baron ne parle que de la petite Atala Judici « car il était arrivé par degrés aux affreuses passions qui ruinent les vieillards ». Sa cousine le dépose, muni de 2.000 F, rue de Charonne, dans le faubourg Saint-Antoine, à la porte d’une maison à façade suspecte et menaçante. Lisbeth fait  arrêter son fiacre au boulevard Beaumarchais et elle rentre en omnibus, rue Louis-le-Grand.

 

CX. (110) Une scène de famille

Le lendemain, Crevel vient chez ses enfants qu’il n’a pas vus depuis 2 ans (501). Crevel salue la baronne. Il promet à Célestine de lui laisser son mobilier de la rue des Saussayes. Victorin lui reproche de ne pas avoir tenu la parole donnée de ne pas se marier. Mais Crevel leur demande d’accueillir sa nouvelle femme (502) Mme Marneffe. L’avocat lui répond que ni lui ni sa femme n’accueilleront cette femme à cause de la ruine de son père. La baronne emmène le petit Wenceslas prendre son bain. Victorin reproche à son beau-père de ne pas avoir le sens de la famille : « Je vous plains sincèrement, mon cher monsieur Crevel ! vous n’avez pas le sens de la famille, vous ne comprenez pas la solidarité d’honneur qui en lie les différents membres. On ne raisonne pas (je l’ai trop su malheureusement !) les passions. Les gens passionnés sont sourds comme ils sont aveugles. Votre fille Célestine a trop le sentiment de ses devoirs pour vous dire un seul mot de blâme. » (503) Victorin voudrait l’arrêter au bord du gouffre. Crevel essaie de défendre sa future femme. « C’est peut-être très gentilhomme, dit l’avocat, c’est généreux quant aux choses de cœur, aux écarts de la passion ; mais je ne connais pas de nom, ni de lois, ni de titre, qui puissent couvrir le vol des trois cent mille francs ignoblement arrachés à mon père !… Je vous dis nettement, mon cher beau-père, que votre future est indigne de vous, qu’elle vous trompe et qu’elle est amoureuse folle de mon beau-frère Steinbock, dont elle a payé les dettes ». Crevel dit que c’est lui qui a payé ces dettes mais veut des preuves de cet amour de Valérie pour Wenceslas (504). Victorin est prêt à les lui donner le surlendemain. Crevel constate auprès de Lisbeth que son gendre est devenu fort. Il voulait laisser 40.000 F de rente à sa fille mais l’attitude de son gendre vient de le faire changer d’avis. De retour au salon, Lisbeth dit qu’elle va avec Crevel. Il est furieux et va les déshériter (505). Sa vanité l’en empêchera dit Victorin.

 

CXI. (111) Une autre scène de famille

Vingt minutes après, Lisbeth et Crevel entrent à l’hôtel de la rue Barbet, où Mme Marneffe attend avec impatience. « Valérie avait été prise, à la longue, pour Wenceslas de ce prodigieux amour qui, une fois dans la vie, étreint le cœur des femmes. Cet artiste manqué devint, entre les mains de Mme Marneffe, un amant si parfait, qu’il était pour elle ce qu’elle avait été pour le baron Hulot. »  Wenceslas regrette de s’être marié car il aurait pu épouser Valérie. (506). Wenceslas voudrait se débarrasser de Montès. Valérie rappelle la promesse qu’elle lui a faite : « Eh bien, ces promesses, dont il s’arme pour me tourmenter, m’obligent à me marier presque secrètement ; car, s’il apprend que j’épouse Crevel, il est homme à…, à me tuer ! » [propos prémonitoires]. Elle ne peut pas avouer que Crevel a ses entrées chez elle toutes les nuits. Elle cherche des causes de brouille avec lui où il aurait tous les torts car elle a peur de sa violence. En voyant Valérie, Lisbeth montre à Crevel combien elle est innocente (507). « Ma chère Lisbeth, répondit Crevel en position, vois-tu, pour faire d’une Aspasie une Lucrèce, il suffit de lui inspirer une passion ! » D’ailleurs, ajoute Crevel, elle serait bien ingrate avec tout l’argent qu’il a mis ici. La différence de classe entre l’hôtel de Josépha et celui de Crevel (508). Puisque la famille s’oppose, ils feront une cérémonie discrète, dit Valérie. Le planning du mariage prévu mercredi : témoins : Stidmann, Steinbock, Vignon et Massol. Mariage à la mairie à 9h, messe à 10h et déjeuner à 11h30. Les invités au déjeuner : Bixiou, du Tillet, Lousteau, Vernisset, Léon de Lora, Vernou, et Lisbeth (509). Valérie veut savoir ce que les enfants ont dit d’elle : ils prétendent que tu aimes Wenceslas, dit Crevel. Oui, elle l’aime… comme son fils. Ces femmes vertueuses voient le mal partout, répond Valérie malicieusement. Et elle ajoute qu’elle peut « devenir méchante à la fin. » (510)

 

CXII. (112) Effet de chantage

A trois heures, maître Berthier, successeur de Cardot, lit le contrat de mariage, après une courte conférence entre Crevel. Crevel reconnaît à sa future épouse une fortune composée :

1° de 40.000 F de rente dont les titres sont désignés ;

2° de l’hôtel et de tout le mobilier qu’il contient,

3° de trois millions en argent.

En outre, il fait à sa future épouse toutes les donations permises par la loi ; il la dispense de tout inventaire ; et, dans le cas où, lors de leur décès, les conjoints se trouveraient sans enfants, ils se donnent respectivement l’un à l’autre l’universalité de leurs biens, meubles et immeubles. Ce contrat réduit la fortune de Crevel à  2  millions de capital. S’il a des enfants de sa nouvelle femme, il restreindra la part de Célestine à 500.000 F, à cause de l’usufruit de la fortune accordé à Valérie. C’était la neuvième partie environ de sa fortune actuelle.

Lisbeth revient dîner rue Louis-le-Grand et commente le contrat de mariage. Célestine et Victorin y sont insensibles. Lisbeth souligne qu’ils ont irrité leur père et que Mme Marneffe a juré qu’ils viendraient chez elle. Jamais ! disent les trois de concert. Elle paraît avoir des armes contre eux, ajoute Lisbeth (511). Elle a parlé d’une histoire de 200.000 F qui regardait Adeline. La baronne est prise de convulsions et leur demande de la recevoir car elle sait tout. Victorin est furieux et épouvanté. Lisbeth insiste : elle les mettra plus bas que terre. On envoie chercher un médecin pour la baronne. Il lui donne une dose d’opium.

Le lendemain, l’avocat passe par la préfecture de police où il supplie Vautrin, le chef de la sûreté de lui envoyer Mme de Sainte-Estève (512). De retour chez lui, Victorin trouvent les médecins au chevet de la baronne (Le docteur Bianchon, le docteur Larabit et le professeur Angard, réunis en consultation). Le valet de chambre annonce l’arrivée de Mme de Saint-Estève. Les médecins s’en vont, en laissant un interne veiller sur Mme Hulot et Victorin reçoit Mme de Saint-Estève. Elle demande 50.000 F, il y a déjà 23.000 F de frais (513). Ils ont déjà acheté Mlle Reine Tousard pour qui Mme Marneffe n’a pas de secrets. La vengeance se prépare (en évoquant Macbeth). (514)

 

CXIII. (113) Combabus

Le baron Montès de Montejanos, lion admiré et lion inexpliqué, toujours seul. Un crédit de 700.000 F chez le banquier du Tillet. On calomnie ses mœurs et on l’appelle Combabus.  Explication burlesque inventé un soir chez Carabine par  Bixiou, Léon de Lora, Lousteau, Florine, Mlle Héloïse Brisetout et Nathan, à partir d’une anecdote racontée par Massol, en sa qualité de conseiller d’État, Claude Vignon, en sa qualité d’ancien professeur de grec (515). Histoire de Combabus et les plaisanteries que cela occasionne.

Le matin du même jour où Mme de Saint-Estève parle à Victorin, Carabine demande à du Tillet de donner un dîner au Rocher-de-Cancale et d’amener Combabus pour savoir s’il a une maîtresse (516). 7h30, au restaurant, cinq personnes arrivées en attendent neuf autres : Bixiou, Léon de Lora, Séraphine Sinet, dite Carabine, Jenny Cadine (517). Une troisième femme, arrivant de Valognes, Cydalise : « C’était, comme on va le voir, un pion nécessaire dans la partie que jouait mame Nourrisson contre Mme Marneffe ». (518) On en fera une Mme Combabus, dit-on en plaisantant. Arrivée des autres convives : Du Tillet avec le héros du dîner, le Brésilien, le duc d’Hérouville avec  Josépha qui arbore un collier de 120.000 F. Elle vient serrer la main de Jenny Cadine. Lousteau, le pique-assiette littéraire, La Palférine et Malaga, Massol et Vauvinet, Théodore Gaillard, l’un des propriétaires d’un des plus importants journaux politiques, complètent les invités (519). Carabine prend Combabus à sa gauche et le duc d’Hérouville à sa droite. Cydalise flanque le Brésilien, et Bixiou est mis à côté de la Normande, Malaga prend place à côté du duc.

 

CXIV. (114) Un dîner de lorettes

Le déroulement du dîner : 7h… 8h… 9h. Cette atmosphère n’a grisé que la Normande (520). Les conversations qui évoluent en groupes de deux cœurs et qui évoluent sur le sujet de l’amour. Josépha ne veut pas parler « boulot » ce soir.

      « — On te parle du véritable amour, ma petite ! dit Malaga, de cet amour qui fait qu’on s’enfonce, qu’on enfonce père et mère, qu’on vend femmes et enfants, et qu’on va Clichy…

— Causez, alors ! reprit la cantatrice. Connais pas ! […]

— Je ne vous aime donc point, Josépha ? dit tout bas le duc.

— Vous pouvez m’aimer véritablement, dit à l’oreille du duc la cantatrice en souriant ; mais, je ne vous aime pas de l’amour dont on parle, de cet amour qui fait que l’univers est tout noir sans l’homme aimé. Vous m’êtes agréable, utile, mais vous ne m’êtes pas indispensable ; et, si demain vous m’abandonniez, j’aurais trois ducs pour un… (521)

— Est-ce que l’amour existe à Paris ? dit Léon de Lora. Personne n’y a le temps de faire sa fortune, comment se livrerait-on à l’amour vrai qui s’empare d’un homme comme l’eau s’empare du sucre ? Il faut être excessivement riche pour aimer, car l’amour annule un homme, à peu près comme notre cher baron brésilien que voilà. Il y a longtemps que je l’ai déjà dit, les extrêmes se bouchent ! Un véritable amoureux ressemble à un eunuque, car il n’y a plus de femmes pour lui sur la terre ! »

Le baron Montès de Montejanos est surpris d’être le centre de l’attention. On veut savoir s’il aime. Il porte des toasts (522). Carabine sait bien que le Brésilien aime Mme Marneffe mais elle garde le secret. « Pendant que ces discours, en apparence si frivoles, se disaient à la droite de Carabine, la discussion sur l’amour continuait à sa gauche entre le duc d’Hérouville, Lousteau, Josépha, Jenny Cadine et Massol. On en était à chercher si ces rares phénomènes étaient produits par la passion, par l’entêtement ou par l’amour. » Josépha, très ennuyée de ces théories, veut changer de conversation. Elle pense qu’ils ignorent ce dont ils parlent : « Y a-t-il un de vous qui ait assez aimé une femme, et une femme indigne de lui, pour manger sa fortune, celle de ses enfants, pour vendre son avenir, pour ternir son passé, pour encourir les galères en volant l’État, pour tuer un oncle et un frère, pour se laisser si bien bander les yeux qu’il n’ait pas pensé qu’on les lui bouchait afin de l’empêcher de voir le gouffre où, pour dernière plaisanterie, on l’a lancé ? Du Tillet a sous la mamelle gauche une caisse, Léon de Lora y a son esprit, Bixiou rirait de lui-même s’il aimait une autre personne que lui, Massol a un portefeuille ministériel à la place d’un cœur ! Lousteau n’a là qu’un viscère, lui qui a pu se laisser quitter par Mme de la Baudraye ; M. le duc est trop riche pour pouvoir prouver son amour par sa ruine ; Vauvinet ne compte pas, je retranche l’escompteur du genre humain (523). Ainsi, vous n’avez jamais aimé, ni moi non plus, ni Jenny, ni Carabine… Quant à moi, je n’ai vu qu’une seule fois le phénomène que je viens de décrire. C’est, dit-elle à Jenny Cadine, notre pauvre baron Hulot, que je vais faire afficher comme un chien perdu, car je veux le retrouver. » En parlant de Hulot, ils en viennent naturellement à évoquer Mme Marneffe qui va se marier avec Crevel et qui est folle de Steinbock. Montès reçoit le coup en pleine poitrine et prend la défense de Valérie. Sa réaction est accueillie avec des bravos et des applaudissements (524). On comprend qu’il aime cette femme. Du Tillet dit qu’il est invité à la noce. Si Hulot est le premier exemple de l’amour, Montès est le second, dit Josépha en plaisantant. Le Brésilien se plaint d’être le jouet de leurs plaisanteries pour lui arracher un secret. Il ne veut pas qu’on calomnie Valérie. Que ferait-il si on lui donnait les preuves de la trahison de Valérie ? dit Carabine (525) en lui demandant de venir chez elle. Léon de Lora en rajoute en demandant à Lousteau, Bixiou, Massol, et aux autres s’ils ne sont pas invités à déjeuner par Mme Marneffe dans deux jours. Du Tillet confirme que Montès est rejeté et que Valérie va épouser Crevel. A ce moment-là, un garçon vient dire à Carabine qu’une parente l’attend au salon : c’est Mme Nourrisson. Elle lui demande si elle doit aller chez elle. « Oui, ma petite mère, le pistolet est si bien chargé, que j’ai peur qu’il n’éclate, répondit Carabine. »

 

CXV. (115) Où l’on voit Mme Nourrisson à l’ouvrage

Une heure après, Montès, Cydalise et Carabine, revenus du Rocher de Cancale, entrent rue Saint- Georges (526), dans le petit salon de Carabine. Carabine présente Mme Nourrisson comme sa tante qui vient chercher sa rente. Mme Nourrisson, méconnaissable trouve que l’homme semble avoir du désagrément. La « nièce » lui présente Montès. «  Oh ! je connais monsieur pour en avoir beaucoup entendu parler ; on vous appelle Combabus, parce que vous n’aimez qu’une femme ; c’est, à Paris, comme si l’on n’en avait pas du tout. Eh bien, s’agirait-il par hasard de votre objet ? de Mme Marneffe, la femme à Crevel ?… Tenez, mon cher monsieur, bénissez votre sort au lieur de l’accuser… C’est une rien du tout, cette petite femme-là. Je connais ses allures ! » Mme Nourrison glisse un papier à Carabine qui en rajoute sur le caractère des Brésiliens : «  C’est des crânes qui tiennent à s’empaler par le cœur !… Tant plus ils sont jaloux, tant plus ils veulent l’être. Môsieur parle de tout massacrer, et il ne massacrera rien, parce qu’il aime. Enfin, je ramène ici M. le baron pour lui donner les preuves de son malheur, que j’ai obtenues de ce petit Steinbock. » Montès est ivre de colère pendant que Carabine lit un mot de Valérie donnant rendez-vous à Wenceslas dans son « paradis » (527). Montès demande dans quel intérêt ils lui déchirent le cœur. Carabine lui présente alors Cydalise qui l’aime depuis 3 ans et n’a pas eu droit à un seul regard. Cydalise feint de pleurer. Elle est jalouse de Valérie (528). Pour Montès, le billet n’est pas une preuve suffisante. On lui en donnera d’autres à condition qu’il veuille regarder Cydalise. Il lui faut un hôtel, un équipage ; elle a des dettes. Montès veut prendre Valérie et Wenceslas en flagrant délit. Mme Nourrisson voit en ce Brésilien l’instrument dont elle a besoin (529).  Montès accepte d’emmener Cydalise au Brésil et d’en faire sa femme. Il a vendu toutes ses terres et tout ce qu’il possédait à Paris pour venir retrouver Mme Marneffe (530) qui voulait vivre avec lui seule dans un désert (531). Elle lui avait dit d’attendre la mort de Marneffe et a accepté les hommages de Hulot mais il s’est trompé et si cette femme est dans les bras de Steinbock, elle mérite mille morts : «  Je la tuerai ! » dit le Brésilien. Il ne fera pas la sottise d’aller acheter un poison dans une pharmacie : «  L’un de mes nègres porte avec lui le plus sûr des poisons animaux, une terrible maladie qui vaut mieux qu’un poison végétal et qui ne se guérit qu’au Brésil : je la fais prendre à Cydalise, qui me la donnera ; puis, quand la mort sera dans les veines de Crevel et de sa femme, je serai par delà les Açores avec votre cousine, que je ferai guérir et que je prendrai pour femme. » Cydalise doit 10.000 F mais Montès veut voir les deux amants (532). Il est furieux et prêt à tout casser. Mme Nourrisson l’excite encore un peu plus dans sa colère tout en précisant qu’un homme qui veut se venger doit se conduire autrement, sans faire d’éclats (533). Elle ne voudrait pas qu’il l’étrangle. Carabine veut l’emporter sur Josépha.

 

CXVI. (116) Ce qu’est une petite maison en 1840

Cydalise, Montès et Mme Nourrisson prennent un fiacre pour aller rue le Peletier. Ils avancent lentement pour reconnaître les équipages et voient celui de Valérie. Elle est avec Steinbock où elle a dîné et elle ira à l’Opéra dans une demi-heure (534). Mme Nourrisson dit à Montès d’attendre. Description du « paradis » de Valérie (534-535). Au moment où Cydalise et le baron montent, Valérie se fait lacer par Wenceslas (536).

 

CXVII. (117) Dernière scène de haute comédie féminine

Le verrou saute (537) et Cydalise entre, suivie de Montès qui découvre Valérie. Celle-ci est d’abord surprise puis elle se reprend : elle reproche à Montès son infidélité. Elle ne peut plus l’aimer après une telle trahison. Puis, tranquillement, elle s’apprête à partir. S’approchant de Montès, elle le nargue en disant qu’il peut aller raconter son histoire à Crevel. Cela ne l’empêchera pas de l’épouser (538). Montès la supplie alors de venir au Brésil avec lui, se plaint d’avoir été manipulé. Valérie lui répond qu’elle se mariera avec Crevel mais qu’il peut l’attendre encore deux ans quand celui-ci sera mort. Elle ne veut pas perdre 80.000 F de rente. Valérie part, triomphante. Le baron n’a plus de scrupules (539).

 

CXVIII. (118) La vengeance tombe sur Valérie

Deux jours après l’avoir calomniée, les convives de du Tillet  se retrouvent attablés chez Mme Marneffe une heure après son mariage avec Crevel. Montès est présent à l’église et au déjeuner et cela n’étonne personne. « Tous ces gens d’esprit étaient depuis longtemps familiarisés avec les lâchetés de la passion, avec les transactions du plaisir. » Mélancolie de Steinbock qui commence à mépriser Valérie. Lisbeth vient embrasser Mme Crevel. Elle l’assure qu’elle sera reçue chez les Hulot.

Un mois après son mariage, Valérie en est à sa dixième querelle avec Steinbock. Entre la jalousie de Wenceslas et l’empressement de Crevel, Valérie veut avoir de la liberté (540). Elle attend un voyage à la campagne de Crevel pour donner un rendez-vous à Montès. Reine, qui a des scrupules, essaie de la mettre en garde contre cet homme qu’elle juge dangereux. Valérie pense qu’elle n’a rien à craindre. A ce moment, Lisbeth entre. Valérie se plaint de Crevel et de Wenceslas. Lisbeth raconte que Victorin a trouvé Wenceslas dans un restaurant et l’a ramené rue Louis-le-Grand (541). Un valet de chambre annonce l’arrivée de Montès. Valérie promet à Lisbeth de tout lui expliquer.

 

CXIX. (119) Le frère quêteur

Vers la fin du mois de mai, la pension du baron Hulot est entièrement dégagée par les payements que Victorin a successivement faits au baron de Nucingen.  La baronne va mieux grâce aux soins du docteur Bianchon. Elle a reçu une lettre de Josépha qui lui donnait des nouvelles du baron : il y a deux mois, il vivait rue des Bernardins, avec Elodie Chardin, la repriseuse de dentelle qui l’a enlevé à Mlle Bijou mais il est parti sans laisser de trace. Elle a mis à sa poursuite un homme qui croit l’avoir rencontré sur le boulevard Bourdon. (542). Victorin n’entend plus parler de Mme Nourrisson. Wenceslas est revenu à la maison. Chargé d’un rapport à la Chambre des députés, Victorin décide de travailler dans son cabinet à 9h. Il aperçoit un pauvre ermite passer devant sa fenêtre. Il décide de le faire entrer (543). L’avocat veut lui donner 100 sous « A compte de 50.000 F, c’est peu, dit le mendiant du désert. » Victorin comprend. Il demande si c’est fait. Il pourra payer après les pompes funèbres. Le vieillard disparaît.

 

CXX. (120) Propos de médecin

Le  Dr. Bianchon se réjouit de l’amélioration de la santé de la baronne (544). Au contraire, depuis un mois, Lisbeth doit garder la chambre à cause d’une maladie des bronches. Bianchon parle de son métier et des compensations : lui au moins peut sauver des vies. Le mal de la vie sociale (545). La cause du mal profond existe : le manque de religion et l’envahissement de la finance. « Le vrai médecin, répondit Bianchon, se passionne pour la science. Il se soutient par ce sentiment, autant que par la certitude de son utilité sociale. » Il observe, en ce moment, une maladie perdue, qui régnait au Moyen-Age et qui touche depuis deux jours deux malades : M. et Mme Crevel. Bianchon réalise que c’est le père de Célestine (546) Celle-ci veut aller tout de suite chez son père mais Bianchon le lui interdit car cette maladie est contagieuse. Elle décide d’y aller quand même.

 

CXXI. (121) Le doigt de Dieu et celui du Brésilien

Victorin demande à Bianchon s’il espère les sauver : cette maladie inexplicable est propre aux populations noires et sud-américaines dont le système cutané diffère de celui des races blanches. Il ne s’explique pas comment de telles populations ont pu être en contact avec les Crevel. La femme s’est déjà totalement enlaidie (547). La cause de ces désordres est une altération rapide du sang qui se décompose rapidement. Bianchon va essayer un traitement mis au point par le professeur Duval. La baronne souhaite qu’il réussisse. Victorin, pris de vertiges, se considère comme un assassin. Bianchon leur conseille de rester à distance et surtout de ne pas les toucher.

Adeline et Hortense, restées seules vont tenir compagnie à Lisbeth. Hortense laisse aller sa colère contre Valérie : elle est vengée. En apprenant la nouvelle de la maladie de Valérie, Lisbeth décide d’aller la voir (548). « Les dents de la cousine Bette claquèrent, elle fut prise d’une sueur froide, elle eut une secousse terrible qui révéla la profondeur de son amitié passionnée pour Valérie. » Crevel, lui aussi, est mourant. Lisbeth s’habille et part.

 

CXXII. (122) Le dernier mot de Valérie

Arrivée rue Barbet quelques instants après M. et Mme Hulot, Lisbeth trouve sept médecins que Bianchon a mandés pour observer ce cas unique, et auxquels il vient de se joindre.  Les opinions différentes des médecins : un penche pour un empoisonnement et une vengeance, trois autres parlent de décomposition de la lymphe et des humeurs. Bianchon soutient que c’est une viciation du sang que corrompt un principe morbifique inconnu. Il apporte le résultat de l’analyse faite par Duval (549). Lisbeth est pétrifiée en voyant un vicaire de Saint-Thomas-d’Aquin au chevet de son amie, et une sœur de charité la soignant. Mansuétude de l’Eglise catholique. Les domestiques, épouvantés, refusent d’entrer dans la chambre. L’infection est si grande que personne ne peut rester longtemps dans la chambre. Valérie, touchée la première, s’offre au repentir. Lisbeth dit à Valérie qu’elle serait venue plus tôt si elle n’avait pas été malade (550). Valérie dit qu’elle voudrait réparer le mal qu’elle a fait. Le prêtre ne veut pas que Lisbeth empêche Valérie de se repentir. Valérie, qui sent la mort venir, demande à Lisbeth de se repentir à son tour.

      « — […] Moi qui disais en riant à Crevel, en me moquant d’une sainte, que la vengeance de Dieu prenait toutes les formes du malheur… Eh bien, j’étais prophète !… Ne joue pas avec les choses sacrées, Lisbeth ! Si tu m’aimes, imite-moi, repens-toi !

— Moi ! dit la Lorraine ; j’ai vu la vengeance partout dans la nature, les insectes périssent pour satisfaire le besoin de se venger quand on les attaque ! Et ces messieurs, dit-elle en montrant le prêtre, ne nous disent-ils pas que Dieu se venge, et que sa vengeance dure l’éternité ! »

Le prêtre pense que Lisbeth est athée. Valérie n’a aucun doute : elle a reçu un billet de Henri. Elle demande encore à Lisbeth d’abandonner sa vengeance et d’être bonne pour cette famille à qui elle va tout donner (551). « Le sentiment le plus violent que l’on connaisse, l’amitié d’une femme pour une femme, n’eut pas l’héroïque constance de l’Église. » Lisbeth, suffoquée par les miasmes délétères, quitte la chambre. L’opinion de Bianchon l’emporte. Il veut essayer une médication puissante (552). Valérie veut se réconcilier avec Dieu. « Il faut que je fasse le bon Dieu ! »

 

CXXIII. (123) Les derniers mots de Crevel

Lisbeth passe dans la chambre de Crevel où elle trouve Victorin et Célestine. Crevel demande des nouvelles de Valérie. Elle le rassure. Il ne veut pas être la cause de sa maladie (553). Crevel veut que sa fille l’embrasse. Victorin la retient. Célestine demande à son père d’être courageux. Il essaie de plaisanter. Elle veut faire venir un prêtre mais il refuse (554-555). A la fin de la semaine, Mme Crevel est enterrée et Crevel suit sa femme deux jours plus tard (556). Le lendemain de l’enterrement, le vieux moine revient. Victorin lui remet quatre-vingts billets de banque de 1.000 F, pris sur la somme que l’on trouve dans le secrétaire de Crevel. Mme Hulot jeune hérite de la terre de Presles et de 30.000 F de rente. Mme Crevel a légué 300.000 F au baron Hulot. Stanislas, le fils de Valérie, doit avoir, à sa majorité, l’hôtel Crevel et 24.000 F de rente.

 

CXXIV. (124) Un des cotés de la spéculation

Une association fondée par Mme de la Chanterie, dont le but est de marier civilement et religieusement les gens du peuple qui se sont unis de bonne volonté. Beaucoup de gens ne peuvent pas se marier car les notaires, le fisc, l’Eglise coûtent cher (557).  L’institution de Mme de la Chanterie est à la recherche de ces couples (558). Elle vient prier la baronne rétablie de s’occuper de la légalisation des mariages naturels. Une des premières tentatives de la baronne a lieu dans le quartier sinistre nommé autrefois la Petite-Pologne, et que circonscrivent la rue du Rocher, la rue de la Pépinière et la rue de Miroménil. Un quartier en mutation. En juin 1844, l’aspect de la place de Laborde et de ses environs est encore peu rassurant. Dans ces quartiers, on rencontre encore les derniers écrivains publics. (559).

 

CXXV. (125) Où l’on ne dit pas pourquoi tous les fumistes de Paris sont Italiens

Un écrivain public établi dans le passage du Soleil : Vyder (anagramme de Ervy), soupçonné d’être d’origine allemande, vit maritalement avec une jeune fille, de laquelle il est si jaloux, qu’il ne la laisse aller que chez d’honnêtes fumistes  italiens de la rue Saint-Lazare (560), sauvés de la misère par la baronne Hulot, agissant pour le compte de Mme de la Chanterie. En quelques mois,  l’aisance et la religion sont entrées dans cette famille. La baronne leur rend visite. L’Italienne parle d’une jeune fille à sauver, petite fille du père Judici, arrivé en France en 1798 et mort en 1819. Le fils a tout mangé avec  ses mauvaises fréquentations. La petite Atala, âgée de 15 ans ½, a quitté ses parents pour venir vivre (561) avec un vieil Allemand de 80 ans, nommé Vyder. Il a quitté le quartier pour sauver la fille des griffes de sa mère. Il faut donc les marier, dit l’Italienne. Le vieillard craint peut-être que la fille lui échappe (562). La fille aînée de l’Italienne revient.

 

CXXVI. (126) La nouvelle Atala tout aussi sauvage que l’autre et pas aussi catholique

Portrait d’Atala Judici. En la voyant, la baronne promet de la ramener à la vertu. Elle ne sait ni lire, ni écrire (563). Son père voulait la mener à l’église mais sa mère s’y est opposée, elle la battait. Elle n’a vu les églises que de loin. Elle vient de la rue Charonne. On ne lui a jamais dit ce qu’était le bien et le mal (564). Elle n’a pas conscience de faire le mal en vivant avec un vieillard. Atala se révolte quand la baronne parle du mal et veut lui prendre la main.

 

CXXVII. (127) Continuation du précédent

Elle lui demande si elle aime M. Vyder. Grâce à lui, elle est habillée et mange à sa faim. Il est bon avec elle comme aurait dû être sa mère (565). Depuis un mois, il gagne de l’argent mais ne veut pas qu’elle sorte. Pourquoi ne l’épouse-t-elle pas ? C’est déjà fait, dit Atala. Il lui dit qu’elle est sa petite femme. Atala demande à la baronne si elle connaît M. Samanon. Son mari a peur d’être trouvé par ce Samanon, il se cache (566). Il la mènerait peut-être à Bobino ou à l’Ambigu. Atala demande à la baronne si elle est riche. Adeline veut la ramener dans le chemin de la vertu. Elle veut savoir si Atala s’est unie avec cet homme. Une fois qu’on s’est unis, on doit être fidèle jusqu’à la mort. Il n’en aura pas pour longtemps, dit Atala (567). La baronne et l’Italienne lui parlent de Dieu et du paradis. La baronne veut voir M. Vyder. Quand il aura payé ce qu’il doit, il l’emmènera dans les Vosges ; il est Alsacien (568).

 

CXXVIII. (128) Une reconnaissance

Le fumiste veut parler de sa situation. Dans un an, il pourra rendre l’argent qu’on lui a prêté. La baronne n’est pas là pour l’argent mais pour marier religieusement la petite Judici et Vyder. Le fumiste fait des compliments de Vyder, « un bien brave et digne homme ». Il se cache car il a des dettes. La baronne est prête à payer ces dettes s’il épouse la petite. Le fumiste et la baronne vont au passage du Soleil (569). Le panneau qui annonce un « écrivain public ». L’intérieur. Le fumiste va monter le prévenir. Soudain, Adeline voit Hulot et pousse un cri. Le baron la reconnaît à son tour. Il demande à Joseph de s’en aller. La baronne dit à son mari qu’il peut revenir dans sa famille (570), que tout est réglé. Il veut emmener Atala. Elle lui dit de renoncer à elle. Il va monter s’habiller. Elle fond en larmes.

 

CXXIX. (129) Le dernier mot d’Atala

La baronne commande une voiture au fumiste et lui dit de prendre Atala chez lui. Si elle veut faire sa communion sous la direction de M. le curé de la Madeleine (571),  elle lui donnera 30.000 F et lui trouvera un mari. Le fumiste voudrait que ce soit son fils aîné. Il a 22 ans et adore Atala. Le baron regrette de laisser cette fille. Hector est redevenu baron. Atala veut partir avec eux. Le baron lui dit que c’est sa femme. La baronne demande au fumiste d’emmener la jeune fille et elle remercie le baron de rentrer avec elle (572).

 

CXXX. (130) Retour du père prodigue

En dix minutes, le baron et sa femme arrivent rue Louis-le-Grand, où Adeline trouve une lettre de Josépha qui récapitule la situation du baron. Transports de joie de la famille. Hulot veut oublier « la petite Atala Judici, car les excès de la passion l’avaient fait arriver à la mobilité de sensations qui distingue l’enfance. » Le baron a beaucoup vieilli. Il demande des nouvelles de Lisbeth : elle est au lit et ils auront le chagrin de la perdre bientôt (573). Le lendemain, un garde du commerce vient ave des  gens de justice pour 10.000 F de lettres de change au profit de l’usurier Samanon. Victorin paye.

 

CXXXI. (131) Eloge de l’oubli

Lisbeth, déjà bien malheureuse du bonheur qui luit sur la famille, ne peut soutenir cet événement heureux. « Elle empira si bien, qu’elle fut condamnée par Bianchon à mourir une semaine après, vaincue au bout de cette longue lutte marquée pour elle par tant de victoires. Elle garda le secret de sa haine au milieu de l’affreuse agonie d’une phtisie pulmonaire. Elle eut d’ailleurs la satisfaction suprême de voir Adeline, Hortense, Hulot, Victorin, Steinbock, Célestin et leurs enfants tous en larmes autour de son lit, et la regrettant comme l’ange de la famille. » Le baron reprend de la force ce qui rend heureuse la baronne (574). Ce sentiment hâte la fin de la cousine Bette dont le convoi est mené par toute une famille en larmes.

Situation de la famille : Le baron et la baronne Hulot donnent au comte et à la comtesse Steinbock les magnifiques appartements du premier étage, et se logent au second. Le baron obtient une place dans un chemin de fer, au commencement de l’année 1845, avec 6.000 F d’appointements, qui, joints aux 6.000 F de pension de sa retraite et à la fortune léguée par Mme Crevel, lui composent 24.000 F de rente. Hortense ayant été séparée de biens avec son mari pendant les trois années de brouille, Victorin place au nom de sa sœur les 200.000 F du fidéicommis, et il fait à Hortense une pension de 12.000 F. Wenceslas, mari d’une femme riche, ne lui fait aucune infidélité ; mais il flâne, sans pouvoir se résoudre à entreprendre une œuvre, si petite qu’elle fût. Il devient critique. Quant au baron, il a renoncé aux femmes (575).

 

 

 

 

 

 

-...Si tu veux, tu pourras être baronne.

. (132) Un dénouement atroce, réel et vrai

Célestine a été obligée de prendre un cuisinier puis une fille de cuisine. En décembre 1845, on engage Agathe Piquetard, une grosse Normande, stupide et délurée (576). Le cuisinier la méprise pour sa vulgarité. Il courtise d’ailleurs Louise, la femme de chambre de la comtesse Steinbock. Une nuit, Adeline ne trouve plus le baron dans le lit à côté du sien. Dans la chambre, elle trouve le baron en train de promettre à Agathe de devenir baronne. Adeline pousse un cri d’effroi. Trois jours après, elle est à l’agonie. Elle expire en donnant sa liberté au baron (577). Le baron quitte Paris trois jours après l’enterrement de sa femme. Onze mois plus tard, Victorin apprend le mariage de son père avec Agathe à Isigny le 1er février 1846. « Les ancêtres peuvent s’opposer au mariage de leurs enfants, mais les enfants ne peuvent pas empêcher la folie des ancêtres en enfance, dit maître Hulot à maître Popinot, le second fils de l’ancien ministre du commerce, qui lui parlait de ce mariage. » (578)

 

 

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