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18 mars 2017 6 18 /03 /mars /2017 09:22

Le film de Denis Villeneuve, sorti en 2010.

En bleu, les différences notables avec la pièce.

1ère partie : Les jumeaux.

Dans une maison, des enfants sont rasés sous la surveillance d’hommes en armes. L’un des enfants a trois tatouages sur le talon droit.

Dans son étude canadienne, le notaire Jean Lebel présente le testament de Nawal Marwan à ses deux jumeaux Jeanne et Simon. Nawal a été la secrétaire de Jean. Il leur remet un passeport et une croix en pendentif.

A l’université, Jeanne est assistante du professeur Niv Cohen. Après avoir continué le cours sur la « conjoncture de Syracuse », elle parle avec lui de sa mère, du village de Der Hom de Fouad, de son père mort pendant la guerre à Daresh. Le professeur lui recommande d’aller voir un de ses amis Saïd Adar à l’université de Daresh. Elle présente une photo de sa mère.

Jeanne est avec sa mère à la piscine.

2e partie : Nawal

Nawal et Wahab fuient dans les montagnes. Deux hommes les rejoignent. Nicolas, le frère de Nawal dit à Wahab de retourner dans son pays. Wahab est tué. La grand-mère leur dit de rentrer à la maison. Elle fait des reproches à Nawal : « tu as sali le nom de la famille ». Nawal dit qu’elle est enceinte. Après la naissance de l’enfant, Nawal devra partir. Elle ira en ville chez son oncle Charbel puis à l’école pour apprendre à lire et penser.

Des avions dans le ciel signalent une menace militaire.

Accouchement de Nawal. La grand-mère marque l’enfant de trois points tatoués sur le talon.

Nawal promet de le retrouver.

L’enfant est emporté par une femme. Nawal quitte la maison : « Un jour, je vais te retrouver mon fils ».

3e partie : Daresh

Jeanne se dirige vers l’Université des Langues Etrangères de Daresh. Elle va voir le professeur qui lui a été recommandé (il a enseigné l’histoire des mathématiques à Paris XI). Elle cherche des informations sur sa mère. Un homme lui dit qu’elle a peut-être travaillé au journal étudiant. Sur la photo, il remarque le nom de Kfar Riyat, une prison au sud.

Photos de manifestations. Les étudiants s’opposent aux Nationalistes qui ont fermé le campus. Les villages chrétiens ont été attaqués. La famille Charbel veut se réfugier à la montagne. Nawal elle va aller chercher son fils dans les orphelinats.

Nawal traverse le pays occupé, croise les troupes et les réfugiés. L’orphelinat a été brûlé. On lui dit que tout le monde est parti vers le camp de Deressa. Chamseddine et ses hommes ont tué tous les chrétiens pour venger les réfugiés.

En cachant sa croix et en mettant un foulard, elle monte dans un bus qui est arrêté par des milices. Le bus est mitraillé puis incendié. Nawal dit qu’elle est chrétienne. Elle essaie de sauver une petite fille qui est tuée en voulant rejoindre sa mère.

4e partie : Le Sud

Jeanne arrive dans le village de sa mère. Le petit Ahmed la conduit chez Souha. Samia l’aide à traduire ses propos de sa grand-mère et des femmes. Mais quand elle dit qu’elle est la fille de Wahab et de Nawal, la réaction des femmes est hostile : sa mère est une honte, la famille Marwan a été frappée par la honte. On ne connaît pas Wahab. « Si tu es la fille de Nawal Marwan, tu n’es pas la bienvenue ici. Retourne chez toi. Tu cherches ton père et tu ne sais même pas qui est ta mère ! »

5e partie : Deressa

Nawal arrive au camp de Deressa après les massacres. Incendies. Elle parle avec un homme. Elle a cherché son fils, ne peut se consoler de ce qu’elle a vu. « Tu es contre notre ennemie, dit l’homme, ça ne fait pas de toi notre amie… Pourquoi Chamseddine te ferait-il confiance ? - Le père de mon fils était un réfugié de Deressa ». Elle hait les Nationalistes. « Ce n’est pas ce que tu écrivais dans le journal de Charbel. – Mon oncle croyait encourager la paix avec des mots et des livres. La vie m’a appris autre chose ». Nawal veut enseigner à l’ennemi ce que la vie lui a appris. Sur les murs, elle voit le portrait du chef des miliciens qu’elle a déjà remarqué sur les t-shirts des assassins du bus.

Elle devient préceptrice des enfants de ce chef de guerre. Elle lui apprend le français.

Un jour, elle reçoit un appel de Nouchine : « Demain, 10h ! »

Nawal tire sur le chef des miliciens. Elle est arrêtée, rasée et mise dans une cellule.

6e partie : Kfar Rayat

Un guide fait visiter la prison de Kfar Riyat condamnée par Amnesty International. Plus de 600 prisonniers politiques ont été enfermés dans cette prison. Elle montre la photo de sa mère et demande si quelqu’un la connaît.

Elle cherche maintenant Fahim Harrsa, qui est devenu concierge dans une école. Il lui parle de la femme qui chante, n°72. C’est elle qui a assassiné le chef des milices de la Droite chrétienne. « Ils lui ont fait payer très cher… quinze ans ! » Fahim a passé treize ans à la surveiller. « Ils ont tout fait pour la faire plier. A la fin, elle se tenait encore debout et elle les regardait. Elle n’a jamais plié ». Il parle d’Abou Tarek. « Vous savez, parfois il vaut mieux ne pas tout savoir. ». Abou Tarek était un spécialiste de la torture. Il l’a violée à répétition pour la briser avant qu’elle sorte et qu’elle arrête de chanter. A force elle est tombée enceinte. Ils ont attendu qu’elle accouche en prison. Puis, ils l’ont laissé partir ». Jeanne demande s’il a vu l’enfant. « Il y avait un médecin parfois qui venait. Je pense qu’il est devenu fou, d’autres disent qu’il a un restaurant à Tel Aviv. Je crois qu’il est devenu fou. L’infirmière, je la connais, elle habite à Daresh. »

Jeanne, en larmes, téléphone à Simon pour lui annoncer les dernières nouvelles. Leur frère est né en prison !

7e partie : La femme qui chante

Nawal Marwan dans la prison de Kfar Rayat. Cris de femmes. Nawal chante.

Au Canada, Lebel parle avec Simon. Il veut aller chercher sa sœur. Lebel partira avec lui : « une promesse pour un notaire, c’est de l’ordre du sacré ! ».

Images de Lebel au chevet de Nawal. Les enveloppes.

8e partie : Sarwan Janaan

Nawal avance dans un couloir avec un sac sur la tête. Elle se retrouve seule dans sa cellule avec Abou Tarek. Suggestion de viol.

Elle est enceinte.

Elle accouche de deux enfants. L’ordre est donné de jeter les enfants à la rivière. L’infirmière va s’occuper d’eux.

Simon se retrouve dans un taxi avec Jean Lebel et Maître Maddad. Retrouvailles avec Jeanne.

Ils retrouvent Maïka,l’infirmière qui a aidé Nawal à accoucher. Elle est à l’hôpital américain. Elle leur explique qu’elle a recueilli les enfants et les a redonnés à la femme qui chante quand elle est sortie de prison. Nawal a accouché de jumeaux.

Les jumeaux se retrouvent à la piscine.

9e partie : Nihad

Dans les ruines d’une ville en guerre. Des enfants avancent sous la menace de tirs. Un des enfants (au pantalon rouge) est tué par un sniper qui a trois points tatoués sur la talon.

Lebel parle à son collègue de Nawal. Elle a travaillé pour lui comme secrétaire pendant dix-huit ans. « Ma femme et moi, on s’était pris d’affection pour elle et ses enfants… Je m’aperçois que je ne la connaissais pas bien. »

Maître Maddad a effectué des recherches. « Pour le père, Abou Tarek, il n’y a pas d’acte de décès. Il est peut-être parti à l’étranger. Nawal vient du village de Der Hom. Elle a remis l’enfant à Elhame, une sage-femme qui l’a remis à l’orphelinat de Kefel Rhut en mai 1970. Il a retrouvé les registres. C’est le seul garçon déposé à l’orphelinat ce mois-là. Il a été enregistré sous le nom de Nihad du mois de mai. Il n’y a pas eu d’adoption durant cette période. L’orphelinat a été détruit quatre ans plus tard. On a perdu sa trace. Il reste une piste à explorer, un peu radicale. Le chef de guerre qui a démoli l’orphelinat à l’époque vit encore. Il sait peut-être ce qui est arrivé à ces enfants. Cette période est une succession de représailles qui s’emboîtaient dans une logique implacable. Il s’appelle Walad Chamseddine. « Comment peut-on le trouver, dit Simon – C’est lui qui vous trouve… On peut essayer quelque chose. Dans un camp de réfugiés de Deressa, vous allez prendre le thé avec le premier qui vous invitera et vous direz que vous êtes le fils de la femme qui chante et que vous cherchez Nihad de mai. Quelqu’un vous accompagnera. »

Un chauffeur de taxi amène Lebel et Simon à Deressa. Un homme les invite à prendre le thé. Simon dit qu’il cherche Nihad de mai et que sa mère vient du village de Der Hom, c’est la femme qui chante.

Quelques temps plus tard, des hommes viennent chercher Simon dans sa chambre d’hôtel. Il sera revenu dans une heure.

A l’intérieur d’une voiture, un homme parle à Nawal : « tu vas quitter le pays. Nous avons des contacts en Amérique. Tu dois partir avec les enfants. – Vous ne pouvez pas me demander ça, répond Nawal. – Tes enfants sont nos enfants Nawal. Je vais vous aider. Je serai là pour toi et les enfants ».

10e partie : Chamseddine

Simon attend dans une chambre d’hôtel, un bandeau sur les yeux. Des hommes entrent. Une conversation commence avec Chamseddine. Simon dit qu’il cherche Nihad de mai… « c’est mon frère ».

« Moi et mes amis, nous avons attaqué les chrétiens du village de Kafal Rut pour répondre aux agressions dont nos frères ont été les victimes. J’ai épargné les enfants de l’orphelinat. Nihad était parmi eux. Nous les avons entraînés pour qu’ils se battent pour nous. Nihad est devenu un tireur redoutable mais il voulait retrouver sa mère. Il l’a cherchée pendant des mois. Il est devenu un fou de guerre. Il voulait être martyr pour que sa mère voie son portrait partout sur les murs du pays. J’ai refusé. Il est reparti à Daresh. Il est devenu un franc-tireur, le plus dangereux de la région, une vraie machine.Il tire sur tout le monde. Et puis, il y a eu l’invasion ennemie. Ils ont capturé Nihad. Il a tué sept tireurs. Ils l’ont envoyé à la prison de Kfar Riyat… comme bourreau… Non, il n’a pas travaillé avec Abou Tarek ».

Jeanne qui a rejoint Simon dans la pièce, pleure. « 1 plus 1 ça fait 2. Ca peut pas faire 1 ».

En sortant de la piscine, Nawal voit le talon d’un homme : il a trois points tatoués. De ce jour, date son mutisme.

« En devenant bourreau, ton frère a changé de nom. Il est devenu Abou Tarek. Nihad de mai est Abou Tarek. Nous savons maintenant qu’il vit au Canada sous une nouvelle identité, Nihad Harmanni ».

Il fait le ménage pour une compagnie de transport.

Jeanne et Simon le croisent dans la rue. Ils lui donnent les deux enveloppes. Il lit la première dans le hall et la seconde dans son appartement.

Lettre du père : Nawal l’a reconnu à la piscine. « Je suis votre n°72. Cette lettre vous sera remise par nos enfants. Vous ne les reconnaîtrez pas. Ils savent qui vous êtes. A travers eux, je veux vous dire que vous êtes encore vivant mais bientôt vous vous tairez je le sais car le silence est pour tous devant la vérité. La pute n°72 ».

Lettre du fils : « Je parle au fils, pas au bourreau. Quoi qu’il arrive, je t’aimerai toujours. C’est la promesse que j’ai faite à ta naissance. Je t’ai cherché toute ma vie. Tu as ton tatouage sur le talon droit, je l’ai vu. Je t’ai reconnu. Console-toi, rien n’est plus beau que d’être ensemble. Tu es né de l’amour, ton frère et ta sœur sont donc nés e l’amour. Rien n’est plus beau que d’être ensemble. Ta mère Nawal. Prisonnière n°72 »

Lettre aux jumeaux : « Le silence sera brisé. Vous pourrez mettre une pierre sur ma tombe et graver mon nom. Où commence votre histoire dans l’horreur ou dans l’amour. Il faut briser le fil de la colère ».

Harmanni se recueille sur la tombe de Nawal.

http://lewebpedagogique.com/hberkane2/files/2016/08/Incendies-de-Denis-Villeneuve.pdf/

http://tropics.univ-reunion.fr/fileadmin/Fichiers/tropics/Numero3/Reecriture/14-Montin-2.pdf/

Dans le mythe originel d’Œdipe, le fils de Laïos et de Jocaste était appelé Œdipais : « Enfant de la mer soulevée (gonflée) ». Il aurait été nommé ainsi en raison de la méthode par laquelle ses parents l’auraient abandonné le plaçant dans un coffre et le jetant dans l'océan. Cette manière d’abandonner un enfant à la mer ou sur un fleuve est bien attestée, par exemple dans les mythes de Persée, Télèphe, Dionysos, Moïse, Romulus et Remus. Au cours des siècles, cependant, le nom Œdipais aurait été corrompu en Oidípous : « pied enflé. » Ce nouveau nom pourrait avoir inspiré l’ajout d’un élément bizarre de l’histoire de l’abandon d’Œdipe sur le mont Cithéron, après lui avoir fait percer les chevilles pour l’accrocher à un arbre, de peur que l’oracle s’accomplisse. « J’ai jeté beaucoup d’enfants dans la rivière, dit le concierge dans Incendies, mais celui-là, je ne l’ai pas jeté. Ses cris m’ont atteint. « L’enfant » de Nawal est censé être noyé dans la rivière lui aussi et les jumeaux Jeanne-Simon ne sont pas sans évoquer Romus et Romulus (dont la mère Rhéa Silvia est violée par Mars, dieu de la guerre, pendant son sommeil). Cet écho est renforcé par le motif du loup récurrent dans la pièce mais aussi perceptible sur la première de couverture. Lino signe là une nouvelle illustration pour Wajdi Mouawad qui sera d’ailleurs utilisée comme affiche lors de la création de la pièce par l’auteur. On pense ici à la célèbre sculpture de la Louve romaine mais sous une forme inversée. Dans le dessin de Lino, un loup rouge (seul élément coloré) s’abreuve au sein d’une femme.

Nawal. Pourquoi tu pleures Simon ?

Simon. C’est comme un loup qui va venir. Il est rouge. Il y a du sang dans sa bouche.

La gémellité est effacée mais l’association fait sens. Les tatouages de Nihab au talon peuvent être vus comme une allusion au « pied enflé » d’Oidípous. Car Nihab-Œdipe qui a été enlevé à sa mère Nawal-Jocaste revient s’unir à Nawal-Jocaste pour donner naissance à une fille Jeanne-Antigone, comme l’affirme Wajdi Mouawad lui-même, et à un fils Simon-Etéocle ou Polynice. Dans la tragédie de Sophocle, cependant, Jocaste est une victime passive de la fatalité tragique et l’accomplissement du mythe est plutôt « vu » du côté d’Œdipe jusqu’à ce qu’il s’aveugle. Dans Incendies, les femmes redeviennent, au contraire, les véritables pièces maîtresses de cet engrenage de l’Histoire qu’elles n’auront de cesse d’enrailler. Nawal Marwan-Juliette Capulet, la chrétienne a transgressé l’ordre de la haine en aimant Wahab-Roméo, le réfugié musulman. Dans la version cinématographique, ce sont les frères de Nawal qui tuent ce Montaigu. Nazira, la grand-mère, contrairement à Jihane-la Géhenne, la mère, encourage Nawal à casser le fil de la malédiction : « Nous, notre famille, les femmes de notre famille, sommes engluées dans la colère depuis si longtemps ; j’étais en colère contre moi tout comme toi, tu es en colère contre ta mère. Toi aussi tu laisseras à ta fille la colère en héritage. Il faut casser le fil. Alors apprends. Puis va-t’en ». Puis, Nawal rencontre Sawda, la femme qui chante avant de devenir le héraut du destin qui par son chant conjure le malheur. Quand Nawal décide de tuer Chad, ce n’est pas pour s’embourber dans une logique de représailles sans fin : « je lui tirerai deux balles. Une pour toi, une pour moi. Une pour les réfugiés, l’autre pour les gens de mon pays. Une pour sa bêtise, une pour l’armée qui nous envahit. Deux balles jumelles. Pas une, pas tris. Deux ». Et chez les jumeaux même, au rationalisme mathématiques et à la persévérance courageuse de Jeanne s’opposent l’impulsivité velléitaire et le prompt renoncement de Simon. Dans la paix canadienne, le descendant mâle est encore boxeur. Il perd plus souvent qu’il ne gagne mais se croit encore obligé de perpétrer une forme de rapport violent à autrui. Nawal en pardonnant à son bourreau est la seule capable d’interrompre le cercle infernal de la violence.

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