Ma soixantaine en quarantaine
S’accroche à ce mât de misaine
Sur ce vaisseau, vieux capitaine,
En attendant l’aube sereine,
La fin de cette ère malsaine
Où le Covid sème ses graines.
Surpris dans le grand mouvement
Du monde sans cesse tournant
Qui nous entraîne constamment,
J’ai appris le confinement
Qui nous oblige prestement
A réfréner tous nos élans.
Sur des accents de turlutaine
Conjure le croquemitaine
En s’essoufflant à perdre haleine
Au fond de mon navire en cale
Sèche, ma demeure vitale,
J’ai perçu l’immense rafale
De cette mitraille léthale
A très haute dose virale
La pandémie monumentale.
Assigné donc à résidence
Pour tenir le monde à distance
J’ai accepté les contingences
De cette époque d’abstinence
Pour les tropismes de l’errance
Une immobile résistance.
Ma soixantaine en quarantaine
Sur des accents de turlutaine
Conjure le croquemitaine
En s’essoufflant à perdre haleine
Les images nous hypnotisent
Mais pour échapper à l’emprise
De cette obsession de la crise
Je m’efforce à la maîtrise
De mes ambitions exquises
Pouvoir leur refaire des bises.
Cette retraite inopinée
Sous la menace de dyspnée
Laisse nos vies hallucinées
Pourtant l’occasion m’est donnée
De rêver ces longues journées
Près de la chère affectionnée.
Ma soixantaine en quarantaine
Sur des accents de turlutaine
Conjure le croquemitaine
En s’essoufflant à perdre haleine
Le 20 avril 2020