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10 août 2020 1 10 /08 /août /2020 13:05

Victor Hugo

Les Contemplations

Livre quatrième

PAUCA MEAE

Résumé établi par Bernard Martial (professeur de lettres-philosophie en CPGE)

VI

QUAND NOUS HABITIONS TOUS ENSEMBLE

J’étais pour elle l’univers. […]

Je composais cette jeune âme
Comme l’abeille fait son miel
. […]

Doux ange aux candides pensées,
Elle était gaie en arrivant… —
Toutes ces choses sont passées
Comme l’ombre et comme le vent 

Poème composé de 13 quatrains en octosyllabes en rimes croisées avec alternance de rimes féminines et masculines.

Poème daté du 4 septembre 1844 : premier anniversaire de la mort de Léopoldine.

Ce poème, comme le précédent, évoque le bonheur du père avec sa fille.

1. Le poète fait référence à la Maison des Roches, dans la vallée de la Bièvre.

2. L’âge de Léopoldine permet de dater le séjour en 1834. Au milieu de la nature, le père est « tout pour sa fille ».

3. Et sa présence facilite à la fois sa vie et son travail.

4. En écoutant parler sa fille, le front du poète s’éclaire. Le thème de la lumière, de la clarté, associé aux yeux de Léopoldine est présent tout au long des poèmes des Contemplations.

5. Autre souvenir tendre et ému : le père tient sa fille par la main et la compare à « une princesse ». Elle cherche « des fleurs » et « des pauvres  dans le chemin »

6. … pour leur donner quelque chose. L’enfant semble réunir ici la fibre poétique et sociale de l’auteur des Misérables. A qui s’adresse le souvenir de « la petite robe » ? A ceux qui l’ont connue mais surtout à lui-même.

7. Après les souvenirs diurnes, les souvenirs nocturnes : « elle jasait » rappelle « j’écoutais son parler joyeux ». Le son de cette voix est la musique du bonheur.

8. On retrouve dans cette strophe une image récurrente : celle de l’ange : les anges se mirent en elle et elle devient un ange, elle a un regard angélique et divin. Elle symbolise la « pure innocence », « la vérité » comme on l’a vu dans le poème I. « charmant » est à prendre au sens étymologique de « carmen », pouvoir magique.

9. Victor Hugo était « jeune encore » quand sa fille est née en 1824. Il avait seulement 22 ans, l’aurore de sa vie, le matin de son existence : une série de métaphores qui préparer celle de « l’étoile » pour désigner Léopoldine.

10. Souvenir des promenades bucoliques estivales au crépuscule avec Léopoldine : images de bonheur….

11. … et retour nocturne vers la Maison des Roches…

12. … dans cette tendre complicité, le père « composait » cette « jeune âme »…

13. C’était la saison du bonheur, de la candeur. Un temps qui n’est plus.

1.Allusion probable à la maison des Roches où Hugo et sa famille séjournèrent en 1834 et 1835. Au temps du romantisme, cette maison appartenait à Bertin l’Aîné (1776 - 1841), mécène et directeur du Journal des Débats. De 1815 à 1841, son salon littéraire attira tout ce que le monde politique et des arts comptait de plus éminent : Chateaubriand, Berlioz, Ingres, Liszt... Chateaubriand, ami de longue date de la famille Bertin, venait en voisin de la Vallée-aux-Loups. L’hôte le plus illustre fut incontestablement Victor Hugo, qui séjournait au Château des Roches chaque fois qu’il le pouvait. Hugo, sa femme, ses enfants, prenaient le coche place des Vosges (alors place Royale) et descendaient à Sceaux d'où une correspondance les conduisait à Bièvres. Ils étaient chez les Bertin comme chez eux ; le poète s’isolait pour écrire ou allait se promener dans la vallée de la Bièvre et dans les bois de Verrières. Il composait des poèmes, qui furent rassemblés dans Les Rayons et les OmbresLes Feuilles d’Automne, et Les Chants du Crépuscule.

http://www.maisonlitterairedevictorhugo.net/historique.htm

2. Léopoldine était née le 28 août 1824. En 1834, Victor Hugo a 32 ans.

VII

ELLE ETAIT PÂLE, ET POURTANT ROSE

Livre où l’une apprenait à lire,
Où l’autre apprenait à penser !
[…]

Moi, j’écoutais… — Ô joie immense
De voir la sœur près de la sœur !
Mes yeux s’enivraient en silence
De cette ineffable douceur.

 

Poème composé de dix quatrains en octosyllabes en rimes croisées avec alternance de rimes féminines et de rimes masculines.

Le poème évoque un souvenir heureux : Léopoldine apprenant à lire à sa sœur Adèle en déchiffrant la Bible, pour le plus grand bonheur du père attendri.

1. Portrait de Léopoldine, pâle et réservée.

2. Le soir, elle prenait la Bible de Victor Hugo pour apprendre à lire à sa sœur Adèle (née le 28 juillet 1830).

3. Bonheur du père de voir les deux sœurs apprendre à lire (Adèle) et à penser (Léopoldine) sur « ce saint livre ».

4. Les deux sœurs n’ont que six ans d’écart mais l’aînée semble veiller sur sa cadette avec la douceur d’une grand-mère.

5. Elle lui faisait la leçon en lui parlant du diable, de Moïse et de Salomon…

6. … de Cyrus (roi de Babylone), de Moloch (divinité païenne, du Léviathan (monstre marin), de l’enfer et du paradis.

7. Bonheur immense du poète d’écouter ainsi en silence ses deux filles…

8. … dans la chambre de la maison des Roches…

9. Un moment de grâce : « ce texte auguste » et ses deux filles y puisant « le beau, le vrai, le juste ».

10. Une incarnation du Paradis.

VIII

A QUI DONC SOMMES-NOUS ?

Ce poème, contemporain de Pleurs dans la nuit, de même dessin strophique, de manuscrit semblable, et qui a peut-être été détaché du grand poème du livre VI, se rattache aux Pauca meae par les deux derniers vers qui proclament le bonheur de ceux qui meurent subitement et Hugo l’aura daté du 4 septembre 1845 pour que cette année soit représentée dans la série des anniversaires du 4 septembre qui jalonnent le livre IV.

Poème composé de quatre sizains subdivisés en deux alexandrins binaires en rimes plates féminines, un hexasyllabe, puis deux nouveaux deux alexandrins binaires suivis féminins et un hexasyllabe. Les deux hexasyllabes riment (rime masculine) : AABCCA.

Poème mystique : comment choisir entre le Bien et le Mal.

1. Six interrogations dont 3 dans le premier vers. A qui l’homme appartient-il ? il est question de « vautour fatalité » mais aussi des « cieux », de « rayon d’en haut ». Mystère de la destinée.

2. 4 nouvelles interrogations et une exclamation. Le poète évoque encore le « destin, lugubre assaut » et fait référence au manichéisme, doctrine selon laquelle deux forces d’égale intensité, le Bien et le Mal s’affrontent en l’homme : l’un qui veut « notre gloire, et l’autre notre chute. »

3. Hugo développe cette notion de manichéisme avec des détails : le « mage sombre » est le dieu des Ténèbres, symbole du Mal dans les traditions orientales et moyen-orientales, Manès, le fondateur au IIIe siècle du manichéisme, Zoroastre, un prophète et réformateur iranien du Vie siècle, professant une conception dualiste du monde (l’existence du Bien et du Mal) et insistant sur la notion de choix moral.

4. Les interrogations ont cédé la place aux exclamations. Néanmoins, le poète interroge le sphinx qui, dans la mythologie, est le symbole même de l’énigme. Faute de trouver une réponse à ces questions pendant cet « affreux rêve », heureux ceux qui meurent subitement à leur réveil.

IX

Ô SOUVENIRS ! PRINTEMPS ! AURORE !

Poème composé de treize quatrains en octosyllabes en rimes croisées avec alternance de rimes féminines et de rimes masculines.

Nouveau souvenir de bonheur familial. La deuxième strophe évoque Montlignon et Saint-Leu qui se trouvent dans le canton de Montmorency, près de Saint-Prix où Hugo et sa famille avaient passé les étés de 1840 à 1842 ; le poème XIV de l’Art d’être grand-père, A des âmes envolées, évoquera encore, bien plus tard, les mêmes lieux et les mêmes joies :

« Nous avions sous les tonnelles

Une maison près de Saint-Leu […]

Le contais la Mère l’Oie ;

On était heureux, Dieu sait ! »

1. Un souvenir printanier de bonheur avec Léopoldine et Adèle, encore enfant…

2. … sur une terrasse entre Montlignon et Saint-Leu.

3. Il veut retrouver ce « passé charmant » où le père entendait sa fille jouer doucement sous sa fenêtre.

4. Attentions délicates mutuelles du père et de sa fille : l’une ne voulant pas réveiller l’un, l’autre de voulant pas l’effrayer au matin.

5. Les deux frères (François-Victor et Charles), la famille, sont à l’unisson de ce bonheur famille où tout semble chanter (et enchanté).

6. Mais de nouveau, Léopoldine se retrouve seule avec son père. La jeune fille a conscience de sa responsabilité d’aînée : « j’ai laissé les enfants en bas ».

7. « ma fée », « doux astre de mes yeux »… Hugo continue à filer la métaphore laudative sur sa fille (« ange », « phare », clarté », « lumière », « lueurs »). « Je l’admirais ».

8. Complicité entre le père et la fille : qui est l’enfant ? qui est l’adulte ? La jeune fille semble faire preuve de maturité.

9; C’est elle qui demande au père de conter une histoire « pour les enfants » ; elle apporte même une chaise. Nouvelle image du paradis.

10. Victor Hugo assume alors son rôle de père qui se superpose d’ailleurs avec celui d’écrivain : inventer des histoires pour fasciner son auditoire.

11. Les quatre enfants sont un bon public…

12. … et Hugo se prend à ce jeu littéraire qu’il affectionne… leur mère assiste, passive et distante, à ce spectacle (notons qu’elle est relativement absente du recueil).

13. La dernière strophe fait référence au père d’Hugo (décédé en 1828) ; mais souvenons-nous que dans « Elle était pâle », Hugo avait comparé Léopoldine à « une aïeule ». Le poète « entrevoyait les cieux », allégorie du paradis.

http://www.journaldefrancois.fr/le-chateau-de-la-terrasse-a-saint-prix-victor-hugo-l-a-immortalise-dans-ses-contemplations.htm

X

PENDANT QUE LE MARIN

Poème constitué de deux quintils d’alexandrins binaires selon le schéma ABBAB CDDCD avec alternance de rimes féminines et masculines.

Pendant que le marin, le berger et l’astronome interrogent les astres pour trouver leur chemin, Victor Hugo y cherche le souvenir de sa fille que l’on reconnaît par la métaphore récurrente de « l’ange » féminisé ici avec ces robes bleues. Mais avec cette couleur qui se confond avec celle de « l’azur » et du « saphir », cette quête est difficile. Notons, outre l’antithèse et l’allégorie céleste, l’enjambement entre les deux strophes qui fait commencer la deuxième partie à « Moi, je cherche ». « Autre chose » s’oppose à tout ce que les autres protagonistes recherchent.

XI

ON VIT, ON PARLE

Puis, le vaste et profond silence de la mort !

Le cimetière est celui de Saint-Mandé où est inhumée Claire Pradier, la fille unique de Juliette Drouet, la maîtresse de Victor Hugo, décédée de la tuberculose le 21 juin 1846, et d’abord enterrée dans le cimetière d’Auteuil.

Poème composé de 20 alexandrins binaires en rimes plates avec alternance des rimes féminines et masculines.

Ce poème fait référence au double couple poétique sous l’inspiration duquel Hugo avait placé sa poésie, dans le poème XXVII des Voix intérieures et dans la préface des Rayons et les Ombres : « Virgile et Dante sont ses divins maîtres. »

Poème marqué par un contraste frappant entre le bruit, les plaisirs et l’agitation d’une vie (dans les 19 premiers vers) et le « vaste et profond silence de la mort). Hugo emploie le pronom indéfini « on » pour généraliser son propos mais c’est bien de lui qu’il parle dans ce portrait d’un protagoniste plein de vie et hyperactif. Le poème est marqué par une accumulation de verbes d’action au présent : vivre, parler, avoir le ciel et les nuages sur la tête (vivre en plein air), se plaire aux livres et lire (Virgile et Dante, ses auteurs favoris), aller en voiture…, rire, regarder une femme (Hugo est un connaisseur), aimer, être aimé, écouter le chant des oiseaux, s’éveiller auprès de sa famille, être embrassé par toute une famille, déjeuner en lisant son journal, mêler à sa pensée espoir, travail, amour, vivre des passions troublées, parler aux assemblées (cf. le premier discours politique prononcé par Hugo à la Chambre des pairs le 19 mars 1846), se sentir faible et fort, être en deuil et en fête, arriver, reculer, lutter… Cet hommage à la vie montre aussi que la mort peut abattre les plus forts.

XII

À QUOI SONGEAIENT LES DEUX CAVALIERS DANS LA FORÊT

Hermann reprit alors : Le malheur, c’est la vie.

Les morts ne souffrent plus. Ils sont heureux !

Le poème est composé de 6 sizains construits sur le modèle AABCCB : les cinq premiers vers sont des alexandrins binaires, le sizième est un octosyllabe.

En 1841, date de composition du poème, nous sommes dans la période « germanique » de Hugo, qui vient de faire le voyage du Rhin, prépare l’édition des lettres écrites pendant ce voyage et va bientôt composer les Burgraves. De là, le nom de Hermann et l’atmosphère de légende germanique qui entoure ce poème, inspiré sans doute de la très fameuse Lénore de Bürger. Les Idées, toutefois, n’ont rien à voir avec la célèbre ballade et renvoient à cette époque du doute que furent, dans la vie de Hugo, les années 1830-1840. Hermann, alors, serait le Hugo qui doute, le Hugo « byronien », sceptique, désespéré, qui s’était laissé deviner surtout dans Les Chants du crépuscule ; à ce Hugo-là, livré à l’ironie amère », s’oppose le Hugo tendre, qui veut croire ; ainsi, le poète avouait à Louise Bertin, en octobre 1835, qu’en lui existait « Près du besoin de croire un désir de nier ». Ici, à nouveau, « l’esprit qui ricane » dialogue avec « le cœur qui pleure », le débat portant sur la survie des âmes après la mort.

1. Hermann et le poète galopent côte à côte dans la nuit noire et la forêt sombre.

2. « Je suis plein de regrets ». Désespoir d’Hermann qui songe aux tombes entr’ouvertes. Le poète pense aux tombeaux refermés.

3. L’un songe aux vivants malheureux, l’autre à ceux qui ne sont plus.

4. Les fontaines, les chênes, les buissons murmurent. Hermann parle de ceux qui veillent, le poète de ceux qui sont endormis.

5. « Le malheur, c’est la vie. Les morts ne souffrent plus. » dit Hermann.

6. Le poète demande le respect d’Hermann pour tous les morts. « L’ange expiré » : en 1841, Hugo désignait ainsi son premier-né, le petit Léopold, mort le 10 octobre 1823, à l’âge de trois mois.

 

XIII

VENI, VIDI, VIXI

J’ai bien assez vécu, puisque dans mes douleurs

Je marche sans trouver de bras qui me secourent, […]

Ô ma fille ! j’aspire à l’ombre où tu reposes,

Puisque mon cœur est mort, j’ai bien assez vécu. […]

Ô seigneur ! ouvrez-moi les portes de la nuit,

Afin que je m’en aille et que je disparaisse ! […].

« Veni, vidi, vixi » : « Je suis venu, j’ai vu, j’ai vécu » ; parodie douloureuse du mot de César : « Veni, vidi, vici » : « Je suis venu, j’ai vi, j’ai vaincu ». Passage du registre épique au registre nostalgique et lyrique.

Poème composé de 8 quatrains en alexandrins binaires en rimes croisées avec alternance de rimes masculines et féminines.

Autre poème à forte dominante élégiaque sur la lassitude du poète, conscient d’avoir accompli sa tâche, après la mort de sa fille. Il n’aspire qu’à la rejoindre .

1. Le poète, las de vivre et seul, ne trouve plus de réconfort dans le rire des enfants, la beauté des fleurs…. (euphémisme de « j’ai bien assez vécu » pour dire : « j’ai envie de mourir »).

2. … le renouveau de la nature au printemps…

3. Il  veut rejoindre sa fille.

4. Faisant le bilan de sa vie, il estime avoir accompli sa tâche avec bonne humeur et gravité,… (allégorie agricole pour parler du travail poétique)

5. … s’étonnant d’être parfois un objet de haine.

6. Il a fait ce qu’il avait à faire (allégorie du bagne, des forçats et des chaînes mais aussi dimension christique : La Passion selon Saint Victor).

7. Maintenant, épuisé, il n’a plus la force de réagir.

8. l ne veut plus répondre à ses ennemis et n’aspire qu’à une chose : en finir. Il supplie Dieu de le rappeler à lui.

 

XIV

DEMAIN DES L'AUBE

Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,

Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.

J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.

Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Le plus célèbre poème des Contemplations. A la veille du quatrième anniversaire de la mort de Léopoldine, le poète anticipe les étapes de ce pèlerinage et l’état d’esprit dans lequel il se trouvera.

Poème composé de trois quatrains en alexandrins binaires en rimes croisées avec alternance de rimes féminines et masculines.

1. Le poète, déterminé à partir (à l’aube), évoque son itinéraire (campagne, forêt, montagne) et celle qui l’attend (comme si elle était vivante). Le flou volontaire pourrait laisser penser à des retrouvailles amoureuses.

2. La 2e strophe et les deux premiers vers de la 3e strophe soulignent l’indifférence du voyageur, pris dans ses pensées, au paysage extérieur (sans rien voir ni entendre, sans distinguer le jour et la nuit),…

3. … y compris à la beauté du coucher de soleil et des voiles des bateaux se rapprochant d’Harfleur. Cette indifférence marque la concentration sur sa douleur : « triste, les yeux fixés dans mes pensées ».

Ce poème « à chute » se conclut sur les deux derniers vers : les retrouvailles sont celles avec sa fille : il vient déposer sur sa tombe un bouquet modeste.

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