BENOÎT CESSE

Le 11 février 2013, le pape Benoît XVI, plus connu pour son conservatisme et son manque de charisme que pour ses coups d’éclats médiatiques a néanmoins surpris le monde entier en annonçant sa renonciation au point d’éclipser totalement la campagne électorale italienne pour les élections des 25 et 26 févriers prochains. Cet acte d’abandon du pouvoir qu’on ne peut appeler « démission » ou « abdication » est prévu au canon 332 paragraphe 2 du Code de droit canonique : « S’il arrive que le Pontife Romain renonce à sa charge, il est requis pour la validité que la renonciation soit faite librement et qu’elle soit dûment manifestée, mais non pas qu’elle soit acceptée par qui que ce soit » et au canon 44 paragraphe 2 du Code des canons des Églises orientales. La seule condition pour que la renonciation soit valide est qu'elle soit faite « librement et se manifeste correctement ». Les papes ayant ainsi renoncé à leur pontificat sont très peu nombreux. Quatrième pape de l’histoire, le pape Clément 1^er aurait décidé de renoncer au pontificat au moment de son arrestation en 97. Le 28 septembre 235, le dix-huitième pape, Pontien, renonça officiellement à sa charge. La fin du règne de Silvère en mars 537 n’est pas à proprement parler une renonciation puisque le 58^e pape fut déposé par Bélisaire sur accusation de correspondance félonne avec les Goths et ramené au statut de moine. Le 1^er mai 1045, le pape Benoît IX mit un terme à son deuxième pontificat contre un avantage financier. C’est son oncle, le pape Grégoire VI qui lui succéda mais celui-ci fut obligé de céder son trône car l’arrangement qu’il avait conclu avec son neveu fut reconnu comme simoniaque. Moins d’un an plus tard, Benoît IX entamera son troisième pontificat. Quand il est élu en 1294, le moine-ermite Célestin V a déjà quatre-vingt-quatre ans. Conscient de son inexpérience politique, il abandonne sa charge après avoir publié un charge permettant à un pape de renoncer et au bout de cinq mois de mandat. Elu  « antipape » sous le nom de Félix V en 1440 en pleine lutte entre le pape Eugène IV et le concile de Bâle, le duc Amédée VIII de Savoie se soumit  finalement au successeur d’Eugène IV, le pape Nicolas V en 1449. Depuis le XVe siècle, plus aucun pape n’avait abandonné sa fonction.