Avec l’élection de Barack Obama à la présidence des Etats-Unis, celle de Jorge Mario Bergoglio en remplacement de Benoît XVI (premier pape à renoncer à son titre depuis le
XVe siècle), est sans nul doute un événement marquant. Pour la première fois (depuis Grégoire III, originaire de Syrie, au VIIIe siècle), un pape non-européen est élu.
L’Amérique dite « latine » longtemps terre de mission et d’évangélisation depuis le XVIe siècle est devenu le principal foyer du catholicisme (44% des pratiquants) alors même que la
pratique religieuse reflue en Europe au point que les messes paroissiales sont de plus en plus célébrées par des prêtres venus d’Afrique ou de l’Europe de l’est. C’est aussi le premier pape
jésuite. Fondée au XVIe siècle par Ignace de Loyola et François Xavier, la Compagnie de Jésus a été connue pour la redoutable formation scolastique de ses membres et pour son rôle dans
la Contre- Réforme et dans les missions autour du monde. Certains veulent voir en ce prélat austère qui se revendique de l’héritage de Saint François d’Assise et qui a affiché jusque là un mode
de vie modeste, un signe du renouveau de l’Eglise en butte à quelques affaires de mœurs et de corruption. D’autres glosent déjà sur son âge, sur son rôle pendant les années noires de la dictature
argentine ou sur ses positions contre le mariage homosexuel, contre le mariage des prêtres ou l’euthanasie. François 1er avait inauguré en France la période faste de la renaissance. Ce
pape homonyme parviendra-t-il à concilier son rôle de gardien de la doctrine chrétienne, de chef d’état et de conscience morale ?