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18 décembre 2013 3 18 /12 /décembre /2013 20:02

Alors qu’une centaine d’ex et actuels chefs d’état et de gouvernement se pressait dans le stade Soccer City de Johannesburg pour un hommage international à Nelson Mandela mardi 10 décembre 2013, environ deux cents personnes, dont d'anciens soldats parachutistes et l'avocat élu député sous l'étiquette FN, Gilbert Collard, assistaient aux obsèques du général Paul Aussaresses à La Vancelle (Bas-Rhin). Curieuse coïncidence de l’histoire, le héros de la lutte contre l’apartheid et le tortionnaire, nés tous les deux en 1918, sont morts à deux jours d’écart, le  5 et le 3 décembre, à l’âge de quatre-vingt-quinze ans. Résistant pendant la Seconde guerre mondiale, le général Aussaresses avait déclenché une tempête politique en 2001 en admettant dans un livre avoir pratiqué en Algérie la torture, « tolérée sinon recommandée » selon lui  par les politiques. Il avait été condamné définitivement en 2004 à 7500 euros d’amende pour apologie de la torture puis exclu de l’ordre de la Légion d’honneur par le président Jacques Chirac. Pendant que Nelson Mandela entamait sa longue peine de vingt-sept années d’emprisonnement à Robben Island, le para français enseignait aux Etats-Unis les techniques de la bataille d’Alger aux Bérets verts de Fort Bragg puis formait au Brésil les nervis des principales dictatures militaires de l’Amérique latine. Adepte de la non-violence, le fondateur de l’ANC refusa au contraire de céder à la vengeance lors de sa libération en 1990 et entama une politique de réconciliation nationale que ne comprirent pas toujours ses propres partisans mais qui empêcha le pays de sombrer dans le chaos. Bien plus, le prix Nobel de la Paix 1993 ne céda pas à la tentation de s’approprier le pouvoir comme beaucoup d’anciens opposants emprisonnés et  se retira de la vie politique après un unique mandat présidentiel de 1994 à 1999. « Il est beau qu’un soldat désobéisse à des ordres criminels » écrivait Anatole France dans l’Humanité le 30 novembre 1922. Sans doute le général Aussaresses était-il trop soldat pour se laisser convaincre par ce précepte, alors que Mandela aimait assurément plus la liberté pour tomber dans ce nouveau piège de la servitude du pouvoir. Dans son Autobiographie, Nelson Rolihlahla Mandela écrivait ainsi : « Je savais parfaitement que l'oppresseur doit être libéré tout comme l'opprimé. Un homme qui prive un autre homme de sa liberté est prisonnier de sa haine, il est enfermé derrière les barreaux de ses préjugés et de l'étroitesse d'esprit. [...] Quand j'ai franchi les portes de la prison, telle était ma mission: libérer à la fois l'opprimé et l'oppresseur. » 

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31 octobre 2013 4 31 /10 /octobre /2013 17:15

Le 20 septembre dernier, les 415.000 électeurs du Swaziland ont été appelés aux urnes pour renouveler leur parlement en vue d’instituer la « monarchie démocratique » que le roi Mswati III prétend substituer au système Tinkhundla. Mais personne n’est dupe de cette farce. Ce royaume de 1,3 millions d’habitants enclavé entre le Mozambique et l’Afrique du Sud est la dernière monarchie absolue de l’Afrique. Toute forme de dissidence politique y est réprimée, les partis politiques, la liberté d’association et de presse  interdits et les manifestations dispersées par la police qui est régulièrement accusée de brutalités et de torture. Les données socio-économiques ne sont d’ailleurs guère plus flatteuses : le Swaziland fait partie des pays les plus pauvres du monde (170e rang mondial en 2004, 34% de chômage), sa population est victime du sida (40% de personnes séropositives) et de la sécheresse et l’espérance de vie ne dépasse pas 48 ans. Le pays est au bord de l’asphyxie malgré l’aide de l’Afrique du Sud.  Mais si 70% de la population vit avec moins de 2 dollars par jour, la famille royale, elle, possède plus de 60% de la richesse du pays. La fortune personnelle du roi est estimée à plus de 200 millions de dollars ce qui le classe au 15e rang mondial selon le magazine Forbes. Mswati III dépense à tour de bras pour acheter des voitures de luxe (plusieurs dizaines dont une Mercedes Maybach évaluée à 500 000 $), s’offrir d’innombrables fermes et faire construire des palais pour ses quatorze épouses dotées chacune d’un palais et d’une BMWX5) et fiancées officielles (celles qui ne lui ont pas encore donné d’enfants) et ses 24 enfants. Car la tradition monarchique du Swaziland est que la famille royale choisisse parmi les épouses celle qui doit être la « Grande Epouse » et Indlvukazi  (« Grande Eléphante » c’est-à-dire « reine-mère ») dont le fils unique héritera du trône. Ainsi, en 1982, le prince Makhosetive Dlamini, alors âgé de quatorze ans, seul enfant de la reine Ntombi Thwala et 67e fils du roi Sobhuza II, a-t-il succédé à son défunt père qui avait régné 82 ans, s’était marié 70 fois et avait eu 210 enfants. La coutume veut aussi que le roi sélectionne ses futures épouses lors de l’Umhlanga, annuelle « Fête des Roseaux »  donnée à grands frais dans le domaine royal de Ludzidzini où sont conviées à chanter et danser, seins nus, des milliers de jeunes vierges du pays. Sindiswa Dlamini, la dernière liphovela (« fiancée royale ») en date que le monarque a présenté à son pays, en septembre, a vingt-sept ans de moins que lui. Successivement, pourtant, la cinquième épouse Inkhosikati (« Reine ») LaMagwaza et la douzième Inkhosikati  LaDube ont défrayé la chronique en trompant le roi (notamment avec le ministre de la Justice pour la 12e). D’autres rumeurs plus folles courent sur le roi et ses pratiques mais la population de Mbabane, la capitale ou du reste du pays a d’autres préoccupations plus urgentes que les lubies de ce tyran polygame.

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31 octobre 2013 4 31 /10 /octobre /2013 15:50

Le 9 octobre 2012, Malala Yousafzai, une jeune Pachtoune de quatorze ans était victime d’une tentative d’assassinat dans un bus scolaire à Mingora, principale ville de la vallée de Swat, au nord-ouest du Pakistan, une zone proche de l’influence des Talibans. Très grièvement blessée au cou et à la tête, elle fut transférée à l’hôpital de Saidu Sharif, puis à l’hôpital militaire de Peshawar par hélicoptère militaire. Alors que son transfert à l’étranger pour subir des opérations était déjà évoqué, l’hôpital militaire annonçait le 10 octobre vers 17h que la balle qui avait traversé le crâne et son cou avait été retirée après cinq heures d’opération. Après qu’il eut été un temps question de Dubaï, elle fut ensuite transférée dans l’hôpital militaire de Rawalpindi puis, le 15 octobre, vers le Queen Elizabeth Hospital de Birmingham au Royaume-Uni à bord d’un avion médicalisé fourni par les Emirats arabes unis, accompagnée d’une délégation de militaires pakistanais Uni. Le 3 janvier 2013, Malala Yousafzai quittait finalement l’hôpital de Birmingham afin de poursuivre sa rééducation à domicile avant un éventuel retour pour une opération de reconstruction du crâne.

L’attaque perpétrée contre la jeune fille avait été revendiquée par les insurgés du Tehrik-e-Taliban Pakistan, allié au réseau d’Al-Qaïda. Ehsannulah Ehsan, porte-parole du TTP avait ainsi justifié cet acte : « C'est une fille à la mentalité occidentale qui passe son temps à nous dénoncer. Quiconque critiquera les Talibans subira le même sort ; […] Nous l'avions prévenue plusieurs fois qu'il fallait qu'elle cesse de parler contre les Talibans, qu'elle arrête de  soutenir les ONG occidentales et qu'elle prenne le chemin de l'islam ». L’adolescente était dans le collimateur des Talibans pour ses prises de position contre leur joug dans la région de Swat et l’interdiction faite aux filles d’aller à l’école au-delà du CM1. C’est à onze ans, sous le pseudonyme de Gul Makai, sur un blog hébergé par la BBC en ourdou (Journal d’une écolière pakistanaise), qu’elle avait commencé à dire son indignation face aux interdits de la vie sous le règne des Talibans, et elle avait fini par prendre la parole ouvertement sur des plateformes pakistanaises et étrangères. Tout comme son père Ziauddin qui présidait une association de cinq cents écoles privées dans la vallée, Malala avait fait de l’éducation des filles son combat. Après avoir détruit plus de cent cinquante écoles dans la région en 2008, les Talibans avaient édicté en janvier 2009 un décret religieux interdisant l’école aux filles.  A la veille du dernier jour d'école avant les vacances, le 14 janvier 2009, Malala écrivait : « Cette fois-ci, les filles ne sont pas très enjouées à l'annonce des vacances car elles savent que si les Talibans appliquent leur décret, elles ne pourront plus retourner à l'école. Certaines filles étaient optimistes quant à une réouverture de l'école en février, mais d'autres ont dit que leurs parents avaient décidé de quitter la vallée de Swat et d' aller s'installer dans d'autres villes pour leur offrir une éducation. » A l'instar de nombreuses familles de la région, Malala et  ses parents avaient quitté la vallée et n'y étaient revenus que quelques mois plus tard. Une vidéo montrant des Talibans fouettant une jeune fille avait soulevé l'indignation et précipité une vaste offensive de l'armée pakistanaise pour déloger les Talibans dirigés par le chef religieux Maulana Fazlullah, (commanditaire présumé de l’attentat contre Malala selon les autorités pakistanaises) affiliés au Mouvement des Talibans du Pakistan (TTP), de la vallée, surnommée la  « Suisse du Pakistan » pour son fort potentiel touristique et ses montagnes. Devenue la « face progressive de Swat », Malala se voyait décerner en 2011 le premier prix national de la jeunesse pour la paix par le gouvernement pakistanais des mains du Premier ministre Youssouf Raza Gilani. Cette nouvelle notoriété en fit une cible privilégiée pour les Talibans.

Le sort réservé à la jeune fille a choqué le Pakistan et soulevé une vague d’indignation et de solidarité dans le monde entier. Le jour de ses seize ans, le 12 juillet 2013, elle prononçait son premier discours en public, à New York devant l'Assemblée générale des Nations unies, en présence du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon,  de Gordon Brown, et de plusieurs centaines de jeunes de 12 à 25 ans représentant 85 pays. Les Talibans « pensaient qu'une balle pourrait nous réduire au silence mais ils ont échoué, du silence sont sorties des milliers de voix », dit la jeune miraculée, entièrement vêtue de rose et les épaules recouvertes du châle blanc de Benazir Bhutto, l'ancienne première ministre du Pakistan tuée dans un attentat en 2007. « Les extrémistes ont peur des livres et des stylos. Le pouvoir de l'éducation les effraie», avant de lancer, devant ses parents émus, un appel aux gouvernements « à assurer une éducation libre et obligatoire à chaque enfant dans le monde  […]  Un enfant, un enseignant, un livre et un stylo peuvent changer le monde ». Après s’être vue décerner le Prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes en décembre 2012 et le Prix Sakharov le 10 octobre, Malala Yousafzai a longtemps été pressentie pour le Prix Nobel de la Paix 2013.

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31 octobre 2013 4 31 /10 /octobre /2013 15:42

Selon le quotidien sud-coréen Chosun Ilbo,  Hyon Song-Wol, chanteuse du Pochonbo Electronique Ensemble et  ancienne petite amie de Kim Jong-Un dans les années 2000, et son mari, membre du Unhasu Orchestra, ont été arrêtés le 17 août 2013 avec une dizaine d’autres musiciens pour avoir prétendument tourné et commercialisé une vidéo pornographique dans laquelle ils apparaissent . Les accusés  étaient en outre en possession de Bibles et on été pour cela, rapporte le Chosun, traités comme des dissidents politiques. Le Pochonbo Electronique Ensemble est pourtant connu en Corée du Nord pour ses spectacles de chants révolutionnaires et patriotiques tels que « Les pas des soldats, «  J’aime Pyongyang » ou « Nous sommes les troupes du Parti ». Les condamnés  ont été  exécutés à la mitrailleuse trois jours après, en présence des membres des deux orchestres et d’autres groupes connus comme le Wangjaesan Light Band et le Moranbong Band. Les familles du couple ont ensuite été envoyées en camp de travail en application du principe de « culpabilité par association ».  Kim Jong-Un avait rencontré la jeune femme il y a une dizaine d’années puis l’aurait quittée parce que son père Kim Jong-Il désapprouvait leur relation. Certains commentateurs soulignent que le dictateur aurait assisté au concert de son ancienne petite-amie le 8 août dernier et même continué de la voir depuis son mariage avec Ri Sol-Ju qui fut membre, elle aussi, du Pochonbo Electronique Ensemble. De là à imaginer une rivalité amoureuse à la Valérie-Ségolène (mais le tweet est moins violent que la mitraillette !), il n’y a qu’une note que beaucoup de commentateurs sont tentés de pousser. Mais les raisons de cette purge, si elle est avérée, sont certainement plus politiques que sentimentales.  Jouant de la menace nucléaire sur le plan extérieur, Kim veut aussi consolider son pouvoir sur le plan extérieur. Tel Néron faisant exécuter sa mère Agrippine, cette exécution publique d’une proche servira incontestablement à resserrer les cordons de la terreur, précieuse alliée du despotisme.

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31 octobre 2013 4 31 /10 /octobre /2013 15:21

Le corps de l’écrivaine indienne Sushmita Banerjee alias Sayeda Kamala a été retrouvé, jeudi 5 septembre, criblé d’une vingtaine de balles, près d’une école coranique, à trois kilomètres de la maison qu’elle occupait dans un compound de Kharana dans la province pachtoune du Paktika, à l’est de l’Afghanistan. Son mari, Jaanbaz Khan, homme d’affaires afghan, a raconté à Reuters qu’il avait ouvert la porte, la veille, à deux assaillants masqués qui l’avaient aussitôt frappé et ligoté avant de kidnapper sa femme. Selon la police, ce meurtre serait l’œuvre des Talibans. En retournant s’installer dans cette région de l’Afghanistan, l’auteure et militante des droits de l’homme avait, certes, fait un choix extrêmement risqué. Née  dans une famille brahmane bengalie, Sashmita Banerjee avait épousé secrètement Jaanbaz Khan le 2 juillet 1988 à Calcutta et  s’était heurtée immédiatement à l’opposition de sa famille hostile à ce mariage inter-religieux avec un musulman au point de fuir l’Inde pour s’installer avec son époux en Afghanistan en 1989. Installée dans la demeure ancestrale des Khan dans le village de Patiya, elle avait eu la désagréable surprise de découvrir que Khan avait déjà une femme afghane, Gulguti et des enfants, et avait dû apprendre à composer avec cette réalité. Infirmière en gynécologie, elle avait pourtant entrepris d’ouvrir une clinique pour les femmes du village. Puis était venu le temps des Talibans  qui lui avait demandé de fermer son dispensaire en 1993. Face à son refus, ils l’avaient torturée et enfermée. En 1994, elle avait essayé de s’enfuir  une première fois mais ses beaux-frères l’avaient retrouvée à Islamabad où elle essayait de demander l’asile à l’ambassade de l’Inde. Une seconde tentative d’évasion n’avait pas connu plus de succès et les Talibans avaient alors lancé une fatwa contre elle. Le 22 juillet 1995, alors qu’elle devait être fusillée, elle avait réussi à s’échapper grâce au maire du village, tuant, dans sa fuite, trois Talibans avec un fusil AK-47. Rejoignant Kaboul elle avait alors pris un vol pour Calcutta le 12 août 1995. Quelques mois plus tard, paraissait en Inde  Kabuliwalar Bangali Bou (A Kabuliwala’s Bengali Wife), un récit racontant son mariage, son installation en Afghanistan et ses démêlés avec les Talibans, adapté par Bollywood en 2003 avec l’actrice Manisha Koirala sous le titre Sauvée des talibans. Le succès retentissant de ces deux œuvres et les autres livres de Sushmita Banerjee, Les atrocités de Talibans en Afghanistan et à l’étranger, Le mollah Omar,  les Taliban et moi, en 2000, Aucun mot n’est un mensonge, en 2001, Le chant du cygne de la civilisation, avaient fait d’elle une des cibles privilégiées de la colère des talibans comme au temps où elle refusait de porter le tchadri ; Sa famille et ses amis lui avaient fortement déconseillé de retourner en Afghanistan en début d’année mais son mari était persuadé qu’ils ne risquaient plus rien. Sushmita Banerjee avait quarante-neuf ans. Avec Malala Yousafzai, qui échappa de peu à la mort en 2012, Sushmita Banerjee devient le deuxième symbole de la lutte des femmes contre l’obscurantisme des Talibans.

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31 octobre 2013 4 31 /10 /octobre /2013 15:15

A l’image de Saad Hariri[1] au Liban et de Georges Papandréou[2] en Grèce, Rahul Gandhi, Bilawal Bhutto Zardari et Justin Trudeau pourraient bien, dans un avenir plus ou moins proche, devenir Premiers Ministres dans leur pays respectifs, comme leurs parents ou grands-parents avant eux. Le cas le plus exemplaire est, évidemment, celui de Rahul Gandhi, fils de Rajiv Gandhi, Premier Ministre de 1984 à 1989 et de Sonia Gandhi, Président du Congrès national indien depuis 1998, petit-fils d’Indira Gandhi, Premier Ministre de 1966 à 1977 et de 1980 à 1984 et arrière petit-fils de Jawaharlal Nehru, figure de proue de l’indépendance indienne et Premier Ministre de 1947 à 1964. Né en 1970, député depuis 2004, secrétaire général du Congrès en 2007, Rahul Gandhi est vice-président du Congrès depuis 2013. Dans le Pakistan voisin, Bilawal  est le fils de l’actuel président Asif Ali Zardari, en poste depuis 2008 et de Benazir Bhutto, Premier Ministre de 1988 à 1990 et de 1993 à 1996 et le petit-fils d’Ali Bhutto, Président de la République de 1971 à 1973 et Premier Ministre de 1973 à 1977. A dix-neuf à peine, en 2007, Bilawal est devenu Président du Parti du Peuple Pakistanais. Justin Trudeau, n’est certes pas  dans la même situation d’héritage providentiel que Rahul et Bilawal. Engagé en politique à la mort de son père, Pierre-Elliott Trudeau qui fut Premier Ministre de 1968 à 1979 et de 1980 à 1984, Justin Trudeau a suivi toutes les étapes de l’ascension politique avant d’être élu député en 2008 et chef du Parti libéral le 14 avril 2013.

[1] Président du Conseil des ministres de 2009 à 2011  comme son père Rafiq Hariri le fut de 1992 à 1998.

[2] Premier Ministre de 2009 à 2011, fils d’Andreas Papandréou, Premier Ministre de 1981 à 1989 et de 1993 à 1996 et petit fils de Georges Papandréou, trois fois Premier Ministre en 1944-1945, 1963 et 1964-1965.

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16 avril 2013 2 16 /04 /avril /2013 18:48

« Aucun homme n’a assez de mémoire pour réussir dans le mensonge » disait  Abraham Lincoln. Pourquoi alors faire le choix des chemins douloureux et tortueux du mensonge qui aboutissent à la même impasse du déshonneur et de l’opprobre  plutôt que celui plus tranquille, plus serein et plus droit de la vérité ? Coup sur coup, deux exemples marquants nous ont rappelés à ce grand mystère des errances de l’âme humaine. Jérôme Cahuzac, ancien Président de la commission des finances et, depuis mai 2012, Ministre du Budget, et, en tant que tel, responsable de la lutte contre la fraude fiscale, était donc fraudeur lui-même. «  Je n’ai pas, messieurs les députés, je n’ai jamais eu de compte à l’étranger, ni maintenant ni avant » déclarait-il[1] encore les yeux dans les yeux sur les bancs de l’Assemblée nationale le 5 décembre 2012 au lendemain des premières révélations de Mediapart avant de renouveler ce mensonge devant le Président de la République et le Premier Ministre. Il a fini par avouer[2] détenir des comptes en Suisse et à Singapour. Quelques jours après[3], Gilles Bernheim, le grand rabbin de France reconnaissait des plagiats dans ses deux derniers essais et admettait qu’il n’avait pas l’agrégation de philosophie dont il avait  pourtant fait état dans sa biographie officielle. Effets ravageurs. Si une autorité politique chargée de faire appliquer la loi et une autorité spirituelle censée représenter la droiture morale pouvaient se laisser aller à berner leurs ouailles, à qui se fier ?

Mais ils ne sont pas les seuls à renouveler la figure du menteur popularisée par Corneille, Goldoni, Henry James ou Cocteau. On a encore en mémoire les serments de probité sportive réitérés de Lance Armstrong, icône du sport et de la lutte contre le cancer : « Je ne me suis jamais dopé, je peux le dire une nouvelle fois mais cela fait sept ans que je le dis, ça ne sert à rien ». Sept ans après ces déclarations d’août 2005 au micro de Larry King sur CNN, le tricheur a finalement été déchu de ces sept titres de vainqueur du tour de France. En novembre 2011, Philippe Gaillard avait réussi à se faire embaucher comme directeur de l’aéroport international de Limoges sur présentation de belles références, notamment un diplôme d’ingénieur de l’ENAC et un brevet de pilote de chasse. Trois mois plus tard, le pot-aux-roses fut découvert. Tout était faux. Il a été condamné, en septembre 2012, à deux ans de prison dont un an ferme. Le cinéma et la littérature ont popularisé d’autres exemples célèbres. Le film de Xavier Giannoli, A l’origine[4], s’inspire du parcours réel de Philippe Berre qui en 1997 se fit passer pour ingénieur et rouvrit le chantier de l’autoroute A28 à Saint-Marceau avant de venir en aide tout aussi illégalement aux victimes de la tempête Cynthia en se présentant comme fonctionnaire du ministère de l’agriculture et de la pêche[5]. Emmanuel Carrère, Nicole Garcia et Laurent Cantet ont consacré un roman[6] et deux films[7] au destin tragique de Jean-Claude Romand qui après avoir menti sur sa vie réelle à son entourage pendant dix-huit ans, finit par tuer sa femme, ses enfants et ses parents en 1993. Il prétendait être médecin et chercheur à l’OMS. Au moment des faits, sa famille était sur le point de découvrir la vérité à son sujet ; de plus, ses ressources s'étaient progressivement épuisées. Acculé, pris à son propre piège, il n'avait trouvé pour seule échappatoire que l'assassinat.

Si tous les menteurs démasqués ne recourent pas au meurtre ou au suicide, la découverte de leur imposture entraîne souvent leur mort sociale et professionnelle, leur démission quand elle n’a pas de lourdes conséquences financières et judiciaires (comme celle qui attendent le « champion » américain). Alors pourquoi mentir ? Sentiment de toute-puissance ou d’impunité pour les uns, négligence coupable, pour les autres, d’avoir échappé négligemment sur une pente raide et glissante cette boule  de neige que l’on ne peut plus rattraper et qui grossit au fur et à mesure, le mensonge est autant un masque que le tartuffe revêt pour cacher les rides naissantes de sa culpabilité et de ses turpitudes qu’un miroir dans lequel il essaie de se persuader de sa nouvelle vérité. Qu’il soit le pari d’un joueur qui croit à l’inviolabilité de sa duperie comme on croit à la possibilité de gagner au loto ou le réflexe inconscient du mythomane qui est convaincu de ses propres fictions, le mensonge relève autant de l’escroquerie réfléchie que de la pathologie subie. D’aucuns[8] diront que le reflux des valeurs morales et spirituelles individuelles ou collectives encourage ces aventures dangereuses. C’est oublier un peu vite que l’ombre n’existe que parce qu’il y a du soleil et que le vice prospère sur les boulevards de la vertu. Le mensonge, il est vrai, est parfois admiré comme toutes les transgressions grisantes et les fictions créatrices mais quand ils accrochent ainsi la toile fragile du corps social tissée des fils ténus de la vérité et du droit, ils risquent de la déchirer. La France jusque là plus bienveillante pour ces petits arrangements romanesques avec la vérité de ses puissants pourrait bien se rallier à l’intransigeance des sociétés anglo-saxonnes qui sanctionnent plus sévèrement le parjure[9] et le mensonge sous serment.

« Et les hommes ont tant de crédulité, ils se plient si servilement aux nécessités du moment que le trompeur trouvera toujours quelqu’un qui se laisse tromper », Nicolas Machiavel, Le Prince, chapitre XIII.


[1] Au lieu de cela, il aurait mieux fait de s’inspirer de ces mots de son double homonyme Jerome K. Jerome qui écrivait dans le journal The Idler en 1892 : «  C’est toujours la meilleure politique que de dire la vérité, à moins, bien sûr que vous ne soyez un menteur d’une exceptionnelle qualité ».

[2] Le 2 avril 2013.

[3] Le 11 avril.

[4] 2009.

[5] En novembre 2009, le film À l'origine sort dans les salles. D'après un psychologue l'ayant suivi, Philippe Berre se retrouve confronté à une « rivalité narcissique avec le personnage du film » au moment de la sortie du film. Cette rivalité semble s'être accentuée suite à l'obtention du César de la meilleure actrice dans un second rôle par Emmanuelle Devos, évènement qui donna sans doute un nouvel éclairage médiatique au film de Xavier Giannoli, sorti quelques mois auparavant. Le 28 février 2010, Philippe Berre rend même visite à Xavier Giannoli. En intervenant sur le « théâtre » de la tempête, en Charente-Maritime, Berre tente ainsi de combler l’écart moral qui le sépare de son double cinématographique incarné par François Cluzet.

[6] L’adversaire d’Emmanuel Carrère, 2001.

[7] L’adversaire de Nicole Garcia, 2002 et L’emploi du temps de Laurent Cantet, 2001

[9] Passible de cinq ans de prison aux Etats-Unis et susceptible d’entraîner une procédure d’Impeachment.

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8 avril 2013 1 08 /04 /avril /2013 18:58

Dans la nuit du 18 janvier dernier, Sergueï Filine, directeur artistique du Bolchoï, a été victime d’une agression au vitriol sur le parking en bas de son immeuble. Hospitalisé avec de graves brûlures au visage et aux yeux, Sergueï Filine a subi plusieurs interventions chirurgicales à Moscou, avant d’être transféré dans une clinique en Allemagne pour des soins ophtalmologiques. Il est vrai que depuis sa nomination en mars 2011, ce poste ne semblait pas être une sinécure pour cet ancien directeur d’un autre grand théâtre musical de Moscou. L’institution chancelle sous le poids des scandales : des travaux de restauration pharaoniques[1] ont englouti des millions et des critiques acerbes fusent contre l’administration. Côté linge sale, une histoire de photos compromettantes avait contraint à la démission  Guennadi Iannine, le prédécesseur de Filine. La politique du nouveau patron ne fait pas l’unanimité et il subit dès le début un harcèlement permanent : pneus crevés, attaques électroniques, appels anonymes. La pratique semble assez courante dans le monde merveilleux de la vie culturelle russe. En décembre 2012, Alexeï Malobrodky, directeur du centre Gogol a été battu sur un parking et retrouvé inanimé dans un caniveau. Kirill Serebrennikov, metteur en scène au même théâtre, a déclaré avoir subi des menaces depuis sa nomination en tant que directeur artistique. Et le 13 janvier, quatre jours avant l’attentat contre Sergueï Filine, l’organisateur du spectacle Lolita à Saint-Pétersbourg a été enlevé et passé à tabac par trois hommes masqués.

Au Bolchoï, un des danseurs vedettes, Nikolaï Tsikaridzé, est un des plus virulents à critiquer la gestion du théâtre. Il se plaint d’une ambiance malsaine et de complots contre lui et ses élèves. Il évoque en particulier le cas d’une de ses protégées, Angelina Vorontsova qui se serait vue refuser le rôle principal du Lac des Cygnes et conseiller de prendre des cours. Un mois plus tard, l’enquête aboutit cependant à une révélation qui devait disculper Tsikaridzé. Le mardi 5 mars, en effet, la police arrête trois suspects après analyse des appels téléphoniques passés à côté de la maison de Filine : l’agresseur Iouri Zaroutski, le chauffeur Andreï Lipatov, qui a conduit Zaroutski sur les lieux du crime et le présumé commanditaire Pavel Dmitrichenko. Ce dernier n’est pas un inconnu. Danseur au Bolchoï depuis 2002, interprète des rôles de Spartacus et d’Ivan le Terrible dans les ballets de Iouri Grigorovitch, Pavel Dmitrichenko, trente-deux ans, ne fait pas partie des huit danseurs étoiles mais il est l’un des principaux solistes, un grade en dessous dans la hiérarchie du Bolchoï. Mais Dmitrichenko qui devait se produire le 16 mars dans La Belle au bois dormant est surtout le compagnon d’Angelina Vorontsova. Les trois  présumés complices sont d’abord passés aux aveux avant que le soliste ne précise ne pas avoir voulu que l’intimidation aille aussi loin. Le personnel du Bolchoï a d’ailleurs pris fait et cause pour le danseur en envoyant une lettre de soutien, contresigné par trois cents personnes, à la police, accusée de forcer les aveux, et aux dirigeants du pays. Il se pourrait bien d’ailleurs que l’affaire dépasse un Dmitrichenko qualifié de « colérique mais sans envergure »  pour viser le directeur Anatoli Iksanov. Le prestigieux poste de directeur du Bolchoï attire bien des convoitises.

bolchoi De gauche à droite : Sergueï Filine, Angelina Vorontsova et Pavel Dmitritchenko. © BOLSHOI THEATRE / AFP



[1] Le Bolchoï a rouvert ses portes le 28 octobre 2012 après six ans de rénovation.

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8 avril 2013 1 08 /04 /avril /2013 18:45

 <- François Bozizé (à droite) et Michel Djotodia, le 11 janvier 2013 à Libreville, au Gabon. AFP PHOTO / STEVE JORDAN

 

Responsable, en tant que général de brigade de l’ubuesque empereur Bokassa, de la répression sanglante des manifestations lycéennes de janvier 1979, homme fort du régime d’Ange-Félix Patassé qui le nomma chef d’état-major des armées centrafricaines chargé de réprimer les mutineries et les séditions, François Bozizé fut pourtant, tout au long de sa vie politique agitée,  au centre de nombreuses tentatives de coups d’état (échec du complot contre Kolingba en 1982 où il dût se réfugier au Togo, complicité dans celui de 2001 contre Patassé qui provoqua son exil au Tchad, nouvelle tentative avortée en 2002) avant de s’emparer finalement du pouvoir le 15 mars 2003 à la faveur d’un voyage du président Patassé au Niger. Dix ans et neuf jours plus tard, le 24 mars 2013, François Bozizé est donc renversé à son tour et s’est apparemment enfui vers le Congo voisin après la prise de Bangui et l’invasion du palais présidentiel par les rebelles du Séléka. Cette coalition, formée par des membres de la Convention des patriotes pour le salut démocratique  (CPSK), de la Convention des Patriotes pour la Justice et la Paix (CPJP), de l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR) et du Front démocratique du peuple centrafricain et dirigée par Michel Am Nondokro Djotodia, avait repris les armes le 10 décembre 2012 en accusant le président Bozizé d’avoir failli à respecter les accords qui avaient mis fin à une guerre civile qui durait depuis 2004. Ces accords de paix du 13 avril 2007, signés à Birao, prévoyaient une amnistie pour l’UFDR, sa reconnaissance en tant que parti politique et l’intégration de ses combattants dans l’armée. Des négociations supplémentaires avaient, par ailleurs, abouti à un accord en 2008 pour une réconciliation nationale, un gouvernement d’union nationale et la planification d’élections nationales en 2009 ainsi que des élections parlementaires et présidentielles en 2010. Devant l’avancée des troupes rebelles dans l’ensemble du pays  et jusqu’aux portes de Bangui, jusqu’à la fin décembre 2012, le président Bozizé avait accepté un compromis en signant à Libreville, le 11 janvier, des accords stipulant qu’il resterait au pouvoir jusqu’en 2016, annonçant le retrait des troupes sud-africaines et ougandaises, l’intégration des combattants de la Séléka dans l’armée et la libération des prisonniers politiques. Mais le président a, semble-t-il, tardé à respecter ses engagements. Plus de 1250 Français vivent en Centrafrique et 250 soldats français sont basés dans ce pays. Le 25 mars, Michel Am Nondokro Djotodia s’autoproclame nouveau président de la République Centrafricaine.
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8 avril 2013 1 08 /04 /avril /2013 18:43

Kenyatta.JPGLe fils de Jomo Kenyatta, héros de la lutte anti-coloniale contre les Britanniques et premier président du Kenya indépendant entre 1964 et 1978, Uhuru Kenyatta devient, près d’un demi-siècle après l’accession au pouvoir de son père, le quatrième chef d’Etat kenyan. La  commission électorale l’a officiellement déclaré vainqueur avec 50,07% des voix au premier tour de la présidentielle du 4 mars malgré les protestations de son rival Raila Odinga. Mais s’il perpétue la tradition familiale  du pouvoir comme beaucoup de chefs d’état (Bachar El Assad, Kim Jong-Un, Ali Bongo, Joseph Kabila, Faure Gnassingbé, Rajiv Gandhi, George W. Bush) le fils Kenyatta commence de façon peu glorieuse. Il est en effet le premier inculpé de la Cour pénale internationale à devenir chef d’Etat. Il devra répondre devant la CPI, tout comme d’ailleurs son co-listier et désormais William Rutto, de son rôle présumé dans les violences post-électorales de 2007 qui avaient fait 1200 morts. Initialement fixé au 11 avril, le procès a été repoussé au 9 juillet et la Cour a précisé que son élection ne lui conférait en aucun cas l’immunité. Depuis 2012, les conflits politiques et interethniques (entre l’ethnie majoritaire dont sont issus les Kenyatta et les Luos d’où vient Odinga) ont causé la mort de près de 500 personnes et plus de 118 000 personnes ont été déplacées.

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