Tableau établi par Bernard Martial (professeur de lettres modernes)
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Titre |
Thème |
Vers à retenir |
SPLEEN ET IDEAL |
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3 |
Elévation |
Le poète s’élevant au-dessus des contingences comprend sans effort « le langage des fleurs et des choses muettes ». |
Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides Va te purifier dans l’air supérieur, |
4 |
Correspondances |
La théorie des correspondances : dans la nature, « les parfums, les couleurs et les sons se répondent ». |
La Nature est un temple où de vivants piliers Laissent parfois sortir de confuses paroles ; L’homme y passe à travers des forêts de symboles Qui l’observent avec des regards familiers. |
5 |
« J’aime le souvenir de ces époques nues » |
Nostalgie d’un âge d’or de nudité et de bonheur, face à un monde répressif et corrompu. |
J’aime le souvenir de ces époques nues Dont Phoebus se plaisait à dorer les statues. |
6 |
Les Phares |
Hommage à Rubens, Vinci, Rembrandt, Michel-Ange, Puget, Watteau, Goya, Delacroix. |
C’est un phare allumé sur mille citadelles Un appel de chasseurs dans les grands bois ! |
7 |
La Muse malade |
Appel désespéré à la muse |
Ma pauvre muse, hélas ! qu’as-tu donc ce matin ? |
8 |
La Muse vénale |
Que doit faire la muse pour affronter les rigueurs de l’hiver et du dénuement. |
Ô muse de mon cœur, amante des palais, Auras-tu quand Janvier lâchera ses borées, Durant les noirs ennuis des neigeuses soirées, Un tison pour chauffer tes deux pieds violets ? |
9 |
Le Mauvais Moine |
Par rapport aux moines saints qui glorifiaient la Mort avec simplicité, le Poète se trouve un bien mauvais moine, incapable de transcender son propre dénuement. |
Mon âme est un tombeau que, mauvais cénobite, Depuis l’éternité je parcours et j’habite ; Rien n’embellit les murs de ce cloître odieux. |
10 |
L’Ennemi |
Lutte contre le Temps qui nous dévore : une jeunesse douloureuse, l’automne des idées, un avenir incertain. |
Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage, Traversé çà et là, par de brillants soleils. |
11 |
Le Guignon (des destinées fatales) |
Un poids si lourd à soulever, condamné à l’oubli. |
L’art est long et le Temps est court. |
12 |
La Vie antérieure |
Une île paradisiaque au couchant, un narrateur éventé par des esclaves. |
J’ai longtemps habité sous de vastes portiques […] C’est là que j’ai vécu dans les voluptés calmes, Au milieu de l’azur, des flots et des splendeurs, Et des esclaves nus, tout imprégnés d’odeurs. |
13 |
Bohémiens en voyage |
Portrait lyrique de la tribu prophétique pour laquelle est ouvert… |
L’empire familier des ténèbres futures. |
14 |
L’Homme et la mer |
L’homme et la mer sont des frères même s’ils se combattent. |
Homme libre, toujours tu chériras la mer ! La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme Dans le déroulement infini de sa lame, Et ton esprit n’est pas un gouffre moins amer. |
15 |
Don Juan aux enfers |
Don Juan ignore, aux enfers, toutes ses victimes éplorées. |
Mais le calme héros, courbé sur sa rapière Regardait le sillage et ne daignait rien voir. |
16 |
Châtiment de l’orgueil |
Histoire d’un médecin médiéval qui a voulu défier Dieu et qui est devenu fou. |
Immédiatement sa raison s’en alla. […] Tout le chaos roula dans cette intelligence. |
17 |
La Beauté |
Prosopopée de la Beauté qui inspire le Poète. |
Je suis belle, ô mortels ! comme un rêve de pierre, Et mon sein, où chacun s’est meurtri tour à tour Est fait pour inspirer au poète un amour Eternel est muet ainsi que la matière. |
18 |
L’Idéal |
L’idéal du poète : pas ces beautés de vignettes, mais plutôt Lady Macbeth ou la Grande Nuit de Michel-Ange. |
Car je ne puis trouver parmi ces pâles roses Une fleur qui ressemble à mon rouge idéal. |
19 |
La Géante |
Portrait d’une femme-paysage où le poète pourrait vivre. |
J’eusse aimé vivre auprès d’une jeune géante, Comme aux pieds d’une reine un chat voluptueux. |
20 |
Le Masque |
Un corps divin de statue et un monstre bicéphale : derrière le masque, un visage qui pleure parce qu’il faut vivre. |
Pauvre grande beauté ! le magnifique fleuve De tes pleurs aboutit dans mon cœur soucieux |
21 |
Hymne à la Beauté |
Qu’importe si la Beauté vient du ciel ou de l’enfer, puisqu’elle rend « l’univers moins hideux et les instants moins lourds ». |
Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l’abîme, Ô Beauté ? Ton regard, infernal et divin, Verse confusément le bienfait et le crime, Et l’on peut pour cela te comparer au vin. |
22 |
Parfum exotique |
En fermant les yeux près de la femme aimée, le poète fait le rêve d’une île paradisiaque parfumée. |
Une île paresseuse où la nature donne Des arbres singuliers et des fruits savoureux |
23 |
La Chevelure |
Synecdoque de la chevelure comme évocation du corps de la femme et rempli du poète sur la mémoire. |
N’es-tu pas l’oasis où je rêve, et la gourde Où je hume à longs traits le vin du souvenir ? |
24 |
« Je t’adore à l’égal de la voûte nocturne » |
La belle froide et inaccessible et d’autant plus aimée. |
Je t’adore à l’égal de la voûte nocturne, Ô vase de tristesse, ô grande taciturne, Et t’aime d’autant plus, belle que tu me fuis. |
25 |
« Tu mettrais l’univers entier dans ta ruelle » |
Femme impure et fatale, instrument du malheur et source de l’inspiration. |
Quand la nature, grande en ses desseins cachés, De toi se sert, ô femme, ô reine des péchés, -de toi, vil animal, - pour flétrir un génie ? Ô fangeuse grandeur ! sublime ignominie ! |
26 |
Sed non satiata (mais non assouvie) |
Le pouvoir d’enchantement érotique de Jeanne Duval. Le poète devient femme. |
L’élixir de ta bouche où l’amour se pavane ; Quand vers toi mes désirs partent en caravane. |
27 |
« Avec ses vêtements ondoyants et nacrés » |
Les courbes et « la froide majesté de la femme stérile. » |
Avec ses vêtements ondoyants et nacrés, Même quand elle marche, on croirait qu’elle danse. |