Tableau établi par Bernard Martial (professeur de lettres modernes)
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Titre |
Thème |
Vers à retenir |
SPLEEN ET IDEAL |
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50 |
Ciel brouillé |
Femme-paysage : brumeuse saison, paysage mouillé. |
Ô femme dangereuse, ô séduisants climats ! |
51 |
Le Chat (« Dans ma cervelle se promène ») |
I. Le chat qui se promène dans ma cervelle et m’inspire de sa voix mystérieuse. II. Le parfum de sa fourrure, un dieu, ses yeux qui me regardent. |
C’est l’esprit familier du lieu ; Il juge, il préside, il inspire Toutes choses dans son empire ; Peut-être est-il fée, est-il dieu |
52 |
Le Beau Navire |
Evocation du corps de la femme et de ses diverses beautés. |
Quand tu vas balayant l’air de ta jupe large, Tu fais l’effet d’un beau vaisseau qui prend le large |
53 |
L’Invitation au voyage |
Le rêve d’une union amoureuse idéale et d’un voyage. |
Là tout n’est qu’ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. |
54 |
L’Irréparable |
L’âme du poète attend en vain l’Être aux ailes de gaze qui viendra le délivrer de Satan (allusion à la féérie et au jeu de Marie Daubrun sur un conte de Mme d’Aulnoy). |
Pouvons-nous étouffer le vieux, le long Remords […] Dis-leur, belle sorcière, oh ! dis, si tu le sais, […] L’Irréparable ronge avec sa dent maudite Notre âme - honteux monument. |
55 |
Causerie |
La douceur de la femme… mais c’est la femme qui a ravagé son cœur. |
Ne cherchez plus mon cœur ; des monstres l’ont mangé […] Ô Beauté, dur fléau des âmes ! tu le veux ! |
56 |
Chant d’automne |
I. L’automne de la nature identifié à l’approche de la mort. II. Appel à l’amour de la femme avant la mort. |
D’un glorieux ou d’un soleil couchant. |
57 |
A une Madone |
Ex-voto dans le goût espagnol dédié à Marie (Daubrun), la Madone : un manteau de jalousie, une robe de désir, souliers de son respect, ses « Pensers » comme des « Cierges » ; sept « Couteaux » des sept péchés capitaux plantés dans son cœur (rapport entre la poésie et le soubassement passionnel). |
Enfin pour compléter ton rôle de Marie Et pour mêler l’amour avec la barbarie, Volupté noire ! des sept Péchés capitaux, Bourreau plein de remords, je ferai sept Couteaux. |
58 |
Chanson d’après-midi |
A Jeanne la sorcière adorée, à la fois dévoratrice et consolatrice. |
Je t’adore, ô ma frivole, Ma terrible passion ! |
59 |
Sisina (déesse de la chasse) |
Hommage à Elsa Neri, amie de Mme Sabatier : éloge du courage et de la compassion féminins. |
Et son cœur, ravagé par la flamme, a toujours, Pour qui s’en montre digne, un réservoir de larmes. |
60 |
Franciscae meae laudes |
Poème en latin : Louanges en l’honneur de ma Françoise, « étoile salutaire dans les naufrages amers » |
Divinum vinum, Franciscae ! Vin des dieux, ô Françoise ! |
61 |
A une dame créole |
Poème dédié à Mme Autard de Bragard, rencontrée à l’île Bourbon, en 1841. |
Au pays parfumé que le soleil caresse J’ai connu sous un dais d’arbres verts et dorés […] Une dame créole aux charmes ignorés. |
62 |
Moesta et errabunda (triste et vagabonde) |
Poème de l’utopie perdue que Baudelaire oppose au « noir océan de l’immonde cité » dans lequel il s’est noyé (un ailleurs synonyme d’amour parfait et d’un paradis d’enfance). |
Dis-moi, ton cœur parfois s’envole-t-il, Agathe, Loin du noir océan de l’immonde cité, Vers un autre océan où la splendeur éclate. |
63 |
Le Revenant |
Renversement sadique et extériorisé des agressions fantasmatiques dont Baudelaire aurait été l’objet dans ses cauchemars. Mais l’agresseur est déjà mort. |
Et je te donnerai, ma brune, Des baisers froids comme la lune Et des caresses de serpent. |
64 |
Sonnet d’automne |
Irritation universelle, haine de la passion et crainte des effets délétères qu’elle produit : âge automnal que le poète se sent traverser. |
Crime, horreur et folie ! – Ô pâle marguerite ! Comme moi n’est-tu pas un soleil automnal, Ô ma si blanche, ô ma froide Marguerite ? |
65 |
Tristesses de la lune |
Poème admiré par Flaubert et Sainte-Beuve, d’un romantisme attardé. |
Ce soir, la lune rêve avec plus de paresse. |
66 |
Les Chats |
Les chats, amis de la science et de la volupté. |
Amis de la science et de la volupté, Ils cherchent le silence et l’horreur des ténèbres. |
67 |
Les Hiboux |
Les hiboux, modèle pascalien de sagesse : savoir résister à l’agitation. |
L’homme ivre d’une ombre qui passe Porte toujours le châtiment D’avoir voulu changer de place. |
68 |
La Pipe |
Prosopopée de la pipe comme apaisement de l’auteur. |
Et je roule un puissant dictame Qui charme son cœur et guérit De ses fatigues son esprit. |
69 |
La Musique |
L’allégorie de la tempête sur la musique de l’inspiration poétique |
La musique parfois me prend comme une mer ! |
70 |
Sépulture |
Une sépulture autour de laquelle s’agite tout le bestiaire baudelairien : araignée, vipère, loups, sorcières, vieillards lubriques et noirs filous. |
Si par une nuit lourde et sombre Un bon chrétien, par charité, Derrière quelque vieux décombre Enterre votre corps vanté. |
71 |
Une gravure fantastique |
Sur le dessin de Mortimer : un passage de l’Apocalypse, la Mort assise sur un cheval et suivie par le Sépulcre. |
Ce spectre singulier n’a pour toute toilette […] Qu’un diadème affreux sentant le carnaval. |
72 |
Le Mort joyeux |
Avec une complaisance morbide et macabre, le poète aspire à la mort, synonyme de décomposition et de libération. |
Et dites-moi s’il est encor quelque torture Pour ce vieux corps sans âme et mort parmi les morts ? |
73 |
Le tonneau de la haine |
Le tonneau des Danaïdes de la haine insatiable : sentiment d’infinie dissatisfaction éprouvée par le poète face à la réalité et qui alimente son refus. |
La Haine est le tonneau des pâles Danaïdes La Vengeance éperdue aux bras rouges et forts… |